Modèle économique didactique par Jacques Desrousseaux
1. La théorie économique doit rendre compte, en termes synthétiques, saisissables par l'esprit humain, d'un monde extraordinairement complexe. Cette conciliation exige un degré poussé d'abstraction. De ce fait, la théorie risque d'être l'apanage d'une infime minorité de spécialistes, par trop étrangers aux soucis concrets des hommes de l'entreprise, et des hommes politiques.
Or, seuls le politicien et l'entrepreneur peuvent, par leur action, rendre profitables à la collectivité les enseignements de la théorie. Il est beau que certains sachent pourquoi notre monde marche bien ou mal, plutôt mal que bien. Mais cette connaissance ne sera efficace que si elle est diffusée aux échelons de l'action positive.
La technique des « modèles » permet d'éviter l'abstraction exagérée de la théorie économique, et d'en faire comprendre rapidement les grandes lignes et les concepts essentiels.
2. L'utilisation de « modèles » est classique en physique et mécanique (notamment mécanique des fluides). L'élaboration de ces modèles n'est pas si facile, on le sait, en raison notamment de l'influence de la taille sur les effets de certaines lois. En matière économique également, l'élaboration des modèles est délicate, et exige une forte connaissance théorique et pratique. Le modèle doit être un cas particulier des diverses réalités possibles, d'une part, n'offrir d'autre part aucune particularité qui conduise à des conclusions qualitativement non générales. Le modèle permet alors de comprendre le sens des phénomènes, et la signification concrète des concepts ; en outre, il fournit le guide intellectuel pour les calçuls économiques professionnels.
3. Dans la pratique courante de son métier, tout Ingénieur utilise, souvent sans le savoir, la technique des modèles économiques. Un exemple simple est le suivant : On calcule souvent l'incidence de certaines décisions en supposant que le prix de revient comporte :
- une partie (k) indépendante de la production (q)
- une partie (p) strictement proportionnelle à cette dernière.
La relation : "prix de revient=p+k/q" synthétise un « modèle économique ».
Le système de vente classique en matière électrique ou gazière, et comportant une prime fixe (à la puissance souscrite) et un prix proportionnel traduit l'application pratique des raisonnements effectués sur ce modèle.
4. Mais ici nous n'envisageons pas les modèles économiques d'entreprise ; nous nous intéresserons aux modèles d'ordre général, représentatifs de l'ensemble économique. Les auteurs les désignent souvent sous le nom plus évocateur de « paraboles ». En voici un échantillon.
*Modèle adapté de l' « Apologue de la forèt et des mineurs », dû à Mr. Dessus.
Une île montagneuse, des habitants groupés dans un village au pied de la montagne.
Les uns pêchent.
Les autres extraient de la tourbe, à côté du village. Leur production est de 20 kg/heure.
D'autres encore coupent du bois dans la montagne, à raison de 25 kg/heure. Mais ils doivent aussi faire le déplacement entre village et coupe de bois, ce qui, compte tenu du transport du bois, est aussi pénible que le travail au chantier.
Les coupes de bois sont éloignées, les unes des autres, de 1 minute 1/2 (on arrive donc à la 40º coupe au bout d'une heure de marche). Chaque coupe est définie par sa distance au village, soit (h) en heures de marche. La coupe a une dimension telle qu'un seul homme puisse y travailler (sinon, la forêt ne se renouvellerait pas assez vite pour assurer la pérennité de la production).
Chaque coupe de bois appartient à l'un des habitants. L'origine de la propriété se perd dans la nuit des temps. Au début, sans doute, les plus forts avaient-ils pris les lopins voisins du village, moins pénibles d'accès. Leurs héritiers, eux, n'étaient pas les plus forts, aussi étaient-ils jalousés. Mais les sages du village savaient que les coupes de bois n'étaient bien exploitées, et correctement renouvelées par de jeunes plantations, que si les forestiers étaient assurés de les conserver pendant leur vie active, et de les laisser à l'héritier de leur choix. De cette sagesse séculaire résultait le principe de la défense de la propriété privée. Le Conseil des Anciens, gardien de la continuité de la collectivité, veillait donc au respect de ce principe, inscrit à la fois dans la morale et dans la législation.
Un autre principe était que chacun conservait le fruit de son propre travail.
Tel était le cadre politique et moral fixé à cette collectivité.
La science économique prend de tels cadres comme des données échappant à sa compétence. Elle ne se confond donc pas avec les sciences morales et politiques, qui en discutent.Malgré l'étroite imbrication des problèmes, cette séparation est la seule méthode qui permette d'y voir clair dans la vie courante des sociétés humaines*.
*En pratique, on peut discerner les problèmes politiques en ce qu'ils se rattachent à l'idée de répartition : répartition de la propriètè, répartition des revenus du travail, par opposition avec la gestion de l'activité économique.
Le but de la science économique est de rechercher comment satisfaire au mieux les besoins matériels des hommes. Elle doit donc, tout d'abord, se pencher sur leur psychologie.
Les conclusions économiques ne valent que ce que valent les prémisses, savoir l' appréciation des désirs humains dans l'ordre matériel.Dans notre village, voilà ces prémisses :
- les habitants ont besoin de manger et de se chauffer,
- il y a un minimum vital pour chaque foyer, savoir une certaine quantité de nourriture, et 20 kg/jour
de bois ou de tourbe (équivalents à l'usage),
- chacun cherche à améliorer son niveau de vie mais à condition de ne pas travailler plus de 10 heures par jour,
- une fois assuré le minimum vital, chacun utilise le temps disponible pour produire plus, quitte à troquer l'excédent.
On notera que le bois et la tourbe satisfont le même besoin des consommateurs. Ce sont des biens économiques substituables.
Le poisson est par contre un bien indépendant des précédents, car il répond à une autre qualité de besoins humains.
Les propriétaires des coupes de bois les plus proches du village bénéficient d'un supplément de ressources indépendant de leur travail, et dû à leur seul droit de propriété ; en effet, ils dépensent moins de temps à se rendre sur place, et peuvent disposer de ce temps pour couper plus de bois. A l'opposé, tous ceux qui travaillent à la tourbière ont la même production.
Les lopins les plus lointains ne sont par contre pas exploités, puisque la production arrive même à être nulle, à partir d'une distance équivalente à 5 heures de marche (l'aller retour prend tout le temps de travail du forestier). On conçoit donc que les lopins exploités n'aillent pas au delà d'une certaine distance (H), en sorte qu'il y a 40xH coupes exploitées (cf données de base).
L'ensemble des lopins ainsi exploités a les caractéristiques suivantes, en appelant productivité la production par jour :
— productivité de chaque lopin (h) : 250-50 h kg par jour : -
— = 20-25 H kg/jour
— production totale : 40 H X (250-25 H) par jour
On appelle productivité marginale celle du dernier lopin exploité (ou, ce qui revient au même celle du premier lopin qu'on exploiterait si l'on étendait 1a production).Le calcul est simple. Pour une variation dH :
— Variation de production totale (par dérivation) :
(40X250-2X40X25XH) dH
- d'où la productivité marginale 250-50 H kg parjour.
On retrouve, bien entendu, la productivité précédemment calculée, pour le lopin h=H. Mais en pratique, le calcul par différence est presque toujours le seul possible.
Le bois et la tourbe étant substituables, leurs productions sont en concurrence. La tourbière est une industrie sans rentes, puisque n'importe quel ouvrier y produit 200*kg/jour. La production marginale y égale la production moyenne.
On voit sans peine que les propriétaires des coupes de bois les exploitent jusqu'à la distance 1 heure. En effet, en dessous, leur production excède celle qu'ils auraient en allant travailler à la tourbière.
250-50 > 200 quand h < 1
Par contre, au delà, les propriétaires de coupes lointaines préfèrent aller extraire de la tourbe, et laissent leur coupe en friche.
Ceci permet de calculer la rente, qui est la production excédentaire par rapport à celle que tout le monde peut obtenir :
250-50 h-200=50 (1-h).
La rente est nulle pour l'exploitation « marginale » h=1*.
Ainsi, si on laisse jouer la liberté de choix des producteurs, leur intérêt conduit à une situation où les productivités marginales des entreprises concurrentes sont égales.On notera que la production globale de la collectivité est alors à son maximum imaginable, puisque tout transfert de travailleur conduit à une réduction de la production. On peut le vélifier directement. S'il y a N travailleurs, la production (forêt + tourbière) est :
40 H (250-25 H)+ (N-40 H) 200 = 200 N +40 (50 H-25 H²)
dont la maximation exige bien 1 (Cf. fig. 2)
Dans ce cas du moins, car ce n'est pas général**, on peut dire :
La recherche de l'intérêt particulier conduit à l'optimum économique collectif.Désignons par coût le nombre d'heures de travail nécessaires à produire l'unité de quantité, c'est-à-dire l'inverse de la productivité, donc par coût marginal le coût dans le dernier lopin exploité. L'égalitéde deux productivités implique l'égalité de leurs inverses, savoir les coûts. On obtient le théorème fondamental :
L'optimum de production collective, et le meilleur résultat individuel sont obtenus simultanément lorsque les productions concurrentes ont le même coût marginal.*La rente est un don économique indépendant de l'effort actuel des hommes Ici, elle vient de la nature. Elle pourrait tout aussi bien résulter d'une bonne infrastructure due aux hommes passés. -- **Notamment, la recherche du revenu maximum par un monopole crée des déperditions de « satisfactions' finales. Nous ne pouvons le montrer sur le présent apologue, mais le ferons ultérieurement sur un modèle adéquat.
Lorsqu'ils rentrent du travail, . les habitants échangent leurs produits au marché. Bois et tourbe ayant même capacité de chauffage, sont forcément échangés kg pour kg. Leur valeur d'échange en kg de poissons est donc la même.
Mais ce « prix » (commun au bois et à la tourbe) est variable suivant les désirs des habitants à l'égard de la nourriture et du chauffage. Notons que SI le poisson est très cher, des tourbiers et forcstiers se feront pêcheurs et vice-versa. Du marché, où s'expriment les désirs économiques des habitants, résultent donc :
- une certaine répartition des biens entre eux,
- et une certaine répartition d'eux-mêmes entre les professions.
Nous n'étudierons pas plus, ici, la notion de prix ni le fonctionnement du marché. Mais indiquons au passage un point fondamental, et qui se rencontre dans quantité de raisonnements économiques.
Les lois trouvées pour l'équilibre entre les exploitations de bois et de tourbe ne peuvent être remises en cause par l'existence d'autres besoins, et par la possibilité pour les travailleurs d'aller s'occuper ailleurs.
En effet, plaçons-nous à l'optimum, Quelqu'il soit, consistât-il à avoir le plus possible à manger, ou rien que des poissons rouges, et si le « secteur chauffage » ne répondait pas à la condition précédente d'égalité des coûts marginaux, alors nous pourrions accroître la satisfaction de la collectivité à travail égal, ce qui est contraire à l'hypothèse. Car il nous suffirait, en laissant inchangé le « secteur pêche », de modifier la répartition des autres travailleurs entre bois et tourbe, jusqu'à égalité des coûts marginaux.
Ainsi, la condition trouvée par l'étude interne du « secteur chauffage » est en tout état de cause nécessaire dans le contexte le plus compliqué qu'on puisse imaginer. Mais elle n'est pas suffisante pour nous permettre de déterminer l'importance optimale du « secteur chauffage » par rapport aux autres,
A un certain moment de son évolution, notre collectivité trouve choquante la situation privilégiée des propriétaires des forêts basses, qui bénéficient d'un revenu plus élevé pour un travail identique à celui des autres catégories. Le Conseil des Anciens édicte alors une taxe de 10% sur les revenus des exploitants de chauffage, avec exonération à la base pour 200 kg/jour, de sorte que les tourbiers ne paient rien. La masse commune est redistribuée entre tous les habitants.
Un beau jour, cependant, le Conseil des Anciens, sous la pression des « jeunes Turcs » se demande s'il ne devrait pas accroître fortement cette taxe.
Il consulte donc l' économiste, qui déclare forfait sur ce point :
L'économie ne peut donner aucun avis sur l'opportunité de la répartition des richesses. C'est là problème politique, (tout comme l'était, tout à l'heure, la question de l'appropriation des coupes de bois).Mais l'économie est la science de la gestion, et si l'économiste ne peut conseiller les Anciens quant au taux de la taxation, il peut et doit intervenir quant aux modalités de la perception, Aussi tient-il le langage suivant :
« Si le Conseil met une forte taxe sur les revenus, les forestiers produiront moins, car ne pouvant conserver qu'une fraction faible de leur production au delà d'un certain niveau, beaucoup d'entre eux préfèreront le repos ou les loisirs à une production maximale* ».
« Si par contre, on adopte le principe d'une taxe sur le capital, calculée sur la rente qu'il procure, alors cet inconvénient disparaît. Le forestier pestera contre l'État, mais préfèrera travailler qu'être saisi : la taxe sera neutre » **.
Ainsi, si la répartition est l'affaire des politiciens. L'économiste peut déterminer si les modalités de taxation sont économiquement neutres ou au contraire ont des répercussions sur la gestion économique.Il n'en reste pas moins que le politicien peut seul en tirer les conséquences pratiques. Peut-être préfère-t-il, ici, passer outre à la perte de revenus globaux due au mode de taxation envisagé, s'il estime que la « taxation neutre » (sur le capital) offre trop d'inconvénients politiques ou pratiques (difficulté d'évaluation).
* (Ceci suppose une hypothèse complémentaire : si le résultat du travail tombe en dessous d'un certain niveau, par exemple 15 kg/heure, l'intéressé cesse de travailler, et préfère jouir de loisirs (ou bricoler chez lui). Supposons qu'on taxe à 60% la production de bois excédant 200 kg, le propriétaire du plus bas lopin obtient d'abord 200 kg en 8 h., soit 25 kg/h, puis ensuite il ne garde que 40%, soit 10 kg/h par heure supplémentaire. Il rentrera donc chez lui. -- **La taxe sera par exemple 60% de la rente, soit 30* (1-h) par jour, quel que soit le travail de l'Intéressé. Il a visiblement intérêt à travailler 10 heures, et à ne pas revendre son lopin.
Supposons maintenant que le marché alimentaire soit « inélastique », c'est-à-dire que la fraction de la population occupée à pêcher soit pratiquement invariable, et produise juste la quantité de poissons nécessaire aux besoins du village. L'hypothèse contraire ne change d'ailleurs rien aux résultats ciaprès, mais complique l'exposé.
Supposons aussi qu'à l'équilibre, à côté des 40 forestiers (nombre optimum, déjà déterminé), il y ait 60 tourbiers. La production atteindra, chaque jour :
60x200 kg de tourbe =12000 kg
40x225 kg de bois =9000 kg (chiffre du §4, pour 1), soit au total 12000+9000=21000 kg
Un cataclysme ravage l'île, et le Conseil des Anciens est complètement renouvelé. Hostile aux rentes, il nationalise les forêts, et prescrit que la Société Nationale des Forêts (SNF) doit mettre ses produits à la disposition du public au prix le plus bas, en équilibrant juste son budget. Ceci apparaît au Conseil, comme au public, la politique la plus sociale et la plus apte à améliorer le niveau de vie.
L'effet pratique est le suivant : un certain nombre de tourbiers vont s'engager sur les chantiers de la SNF (tant qu'elle a un bénéfice, elle offre des avantages pour attirer les ouvriers), et l'équilibre se fait lorsque le coût moyen de la SNF égale celui des exploitants de tourbe (cf. fig. 2).
D'après le § 4, on a alors (250-25 H =200), soit : H = 2 heures.
D'où la nouvelle position d'équilibre :
20 tourbiers donnent = 4000kg
80 forestiers donnent = 16000kg
soit au total, 4000+16000=20000 kg
Il y a gaspillage intégral de travail humain, pour l'équivalent de 1000 kg de bois.
Le Conseil des Anciens, très fier de l'accroissement de production dû à la nationalisation, ne comprenait pas pourquoi le niveau de vie avait décru. Les traditionnallstes disaient : c'est à cause de la nationalisation. L'économiste, consulté, répondit : « La nationalisation n'a rien à voir dans ce problème. L'économie ne peut absolument attribuer aucune vertu particulière à tel ou tel système d'appropriation, c'est là question exclusivement politique. »
« L'erreur a été d'imposer à la SNF la vente au prix moyen. La vente au prix le plus bas, si conforme au bon sens qu'elle semble, est cause de gaspillage gratuit. La psychologie humaine est ainsi faite. que chacun croit payer trop cher et être payé trop bon marché. Toute collectivité s'imagine qu'elle gagne quand les prix baissent, ou quand les salaires augmentent. En réalité, l'ensemble du mécanisme économique fait qu'il y a un prix optimum, assurant la meilleure production des richesses. Le problème est de tomber juste : que le prix soit plus bas et plus haut, alors il y a gaspillage gratuit. »
« Il ne reste donc plus qu'une chose à faire, imposer à la SNF la fermeture de ses exploitations marginales -c'est-à-dire dont le coût marginal est supérieur au prix du concurrent qu'est la tourbe (chantiers sis à h>1). Pour ce faire, elle devra abandonner dans sagestion la notion de coût moyen, et revenir à eelle de coût marginal, seule conforme à l'intérêt général, et à son intérêt financier propre. »
Le Conseil considéra toutefois que les forestiers auraient quelques difficultés à passer à l'exploitation de la tourbe, et, exerçant son arbitrage politique, il décida d'affecter une partie du profit collectif dégagé par cette politique à la reconversion des ouvriers.
L'économiste présenta alors au Conseil le calcul suivant :
- Production totale pour un degré d'exploitation (H) de la SNF :
4O H forestier…. 40 H* (250-25 H)
100 - 40 H tourbiers 200 (100-40H)
Total : 20000+2000 H-1000 H²
(dont le maximum est bien acquis pour 1)
- Rapport net d'une variation marginale dH (négative) :
- 2000 (1-H) dH par jour
- Nombre de forestiers à reclasser : -40 dH
- Somme disponiblepar tête pour une variation marginale de H (rapport des deux précédens chiffres) : 50 (H-1)]
(ce chiffre, changé de signe, est égal à la rente négative du chantier marginal fermé) (cf, §5)
- Pour la mise en ordre totale, (H) passant de 2 à 1, on dispose en moyenne de 25 kg par individu, soit 1/8 du salaire normal (qui est 200 kg/jour)
En conséquence, toute opération dans laquelle. le Conseil s'engagerait à une dépense indéfinie, pour la reconversion, inférieure au 1/8 du salaire normal des ouvriers intéressés, est profitable à la collectivité et ne lèse aucun de ses membres.
Le Conseil put alors décider, en toute connaissance de cause, du niveau des dépenses de reconversion à engager
Un tel modèle :
- donne un éclairage très concret à de nombreux concepts économiques indispensables pour débrouiller les problèmes pratiques,
- conduit à certaines conclusions qu'aucune complication ne peut remettre en cause, et qui restent valables dans le monde réel.
C'est donc un guide précieux, pour suppléer le sens commun, dont il faut bien avouer qu'il est taut à fait désarmé devant les problèmes de gestion économique globale*.
*Le motif en est simple : toute action économique entraîne, en sus de ses effets directs et saisissables, des effets inverses du même ordre de grandeur, mais indirects et insaisissables, via l'ensemble de la machine économique. L'effet résultant est lors de deuxième ordre (c'est-à-dire beaucoup plus faible que ce qu'indique le sens commun) et a autant de chances d'aller dans le sens initialement prévu qu'en sens contraîre.
Ainsi, une baisse de prix de l'énergie ou de l'alimentation peut aussi bien produire une augmentation, qu'une diminution du niveau de vie, et le sens commun n'a aucun moyen de s'en rendre compte, sauf longue et cruelle expérience bien entendu, comme dans le cas du logement. Et encore s'agit-îl du plus élémentaire des mécanismes économiques.