Notre famille.
Grand-Père
Souvenirs de guerre.
Grand-Père
Souvenirs 1886-1977.
Grand-Père
Journal 1962-1978.
Jacques
mon père.
Christiane.
Robert.
Louis-George.
Films d'époque
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Remarque.
J'ai raconté :
1 ) mes guerres dans un gros album bleu ; un deuxième album de cartes donne tous mes P.C. et positions de batterie.
2 ) ma vie dans un fascicule. C'est un résumé succint. Ce journal détaille ma vie à partir de 1962.
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J'ai plus de 75 ans.
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Le professeur Chambatte qui m'a soigné à Percy en 1961 pour une pleurésie qui m'a tenu à l'hôpital pendant près de deux mois ( Val de Grâce puis Percy ) me trouve bien.
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Le directeur de l'hôtel Stanislas ( rue Montparnasse ) où je déjeune depuis neuf ans meurt d'une crise cardiaque en Italie.
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Mort du général Cochinard.
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Nombreuses promenades dans les bois de Chaville-Viroflay. Michel part à Bizerte.
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Vais chercher mon Solex à Saint-Jean-de-Luz et le laisse à Magny-en-Vexin chez les Martin après être passé par Marmande, Riberac, Chartres.
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Alain reçu au bac de première. Vu revue ( carte procurée par le général Labarthe ). Je reprends mon Solex à Magny le 24 et arrive à Vouziers le 26.
J'enterre mon vieil ami Van den Bergh ( cancer de la prostate ).
Pars à Saint-Jean en Solex par Aigurande et Bellac.
J'apprends en arrivant la mort de mon cousin Martin ( chute dans l'escalier ).
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Nombreux bridges à Saint-Jean-de-Luz. ( Martineau, Madame La Touche, Madame Lambrigot, Annie ). Eté voir ma belle-soeur à Ossun ( hôpital ).
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Reçu par Annie après le départ de Simone, je rentre le 5 octobre par le train.
Visite à Françoise Martin-Guelliot à Magny.
Je fais travailler Nicole et son amie Françoise Gachard.
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Fais travailler Réginelle Belloir ( père diplomate ).
J'achète des parapluies pour la famille ( Alain, Philou ).
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Monique est reçue hôtesse de l'air.
J'ai fait passer toute l'année scolaire pour la dernière fois des "colles" de maths aux H.E.C. ( préparation ) chez les Jésuites de Sainte- Geneviève à Versailles. J'y vais généralement à pied depuis le métro Pont de Sèvres.
Fait travailler une postière, Agnès Zabahan, reçue aux "Contrôle" et nommée à Bordeaux, et une autre, Monique.
Je prends tous mes dîners au Cercle militaire.
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Monsieur Charlier, directeur des Roches, prend sa retraite.
Reçu mesdemoiselles Borione au restaurant "Ô galop". Gros froid.
Reçu Michel et Etienne Joinnet.
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Germaine Wiriath tombe chez Françoise. Sa belle-soeur Yvonne la conduit dans une clinique. Michel m'écrit de l'Alpe d'Huez ( petite entorse ).
Promenade avec Jacques-Yves ( étang glacé à Chaville ). Georges Desrousseaux m'envoie quatre valises.
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Nombreuses promenades bois de Chaville.
Fiançailles de Michèle avec Jean-Marc Plichon. Repas maison des X.
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Monique va commencer ses vols.
Reçu au Cercle Georges Desrousseaux.
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Déjeuner avec Michel ( toujours à Bizerte ).
Chambre inondée à l'hôtel de Suède.
Je passe quatre jours à Magny.
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Mon élève Brunhes est admissible au bac. Claudine Parant reçue à l'Ecole de statistique.
Promenades en mai juin juillet dans les bois.
Je pars pour Magny le 15 juillet.
J'achète un Solex à Magny et pars pour Vouziers par Coucy-le-Château le 23 juillet.
Je reste à Vouziers presque un mois. Y ai vu les Bernard Desrousseaux. Maurice nous conduit à Virton où je revois avec plaisir Missy et Léa Berg.
Je pars à Saint-Jean par le train. Nombreux bridges ( Madame Péchaud, Madame La Touche, les Picot, Madame Vincendon ).
Promenades en Solex à Irun et Ventas. Chez Jacques jusqu'au 20 septembre puis chez Annie jusqu'au 8 octobre. Vu les Robert à Ossun.
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Je quitte mon restaurant.
Leçons à Pascale Lemoine avenue Victor Hugo et Réginelle Belloir.
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J'apprends avec peine le suicide en mai d' E. Terrier, mon élève.
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J'attrape une bonne grippe avec point de congestion. Bien vaseux pendant dix jours.
Les demoiselles Borionne se cassent le nez au "O galop". Je n'ai pu les avertir.
Simone et les enfants me ravitaillent hôtel de Suède.
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Je reprends mes sorties ( leçon à Pascale Lemoine ).
Michel rentre d'Huez et me répare mon lit.
Je joue au bridge avec le général et madame La Barthe.
Vu Annie retour de Sarnen ( tremblement de terre ). L'invite au Bon Marché.
Ai comme élève Patrick Renard.
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Passe les vacances de Pâques à Vouziers chez Madeleine. Fais travailler Claude Muguet, Martine et Edith Pommelet.
Nombreux repas. Madeleine a une bonne très bien ( Michèle ).
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Les Charlier logent à l'hôtel de Suède. Je les revois au cercle militaire.
Monsieur Mermont a une faiblesse cardiaque.
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Promenades bois de Chaville.
Reçu au Bon Marché Maurice et Lucie Desrousseaux.
Donne cinq leçons de maths élém. à Alain et quelques leçons à Nicole et Françoise Gachard.
Rincée formidable en allant donner sa leçon à Réginelle Belloir.
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Perdu dans les bois de Meudon un briquet donné par J. Brouardel. Mariage Michèle. Lunch maison des X.
Vu les Maurice Desrousseaux.
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Déjeuner avec Jacques-Yves près de la tour de T.S.F.
Vais à Joigny à la maison de retraite des X. Pas fameux ( bruit et environs assez moches ).
Jean-Claude reçu au bac ainsi que mon élève Réginelle.
Pars le 15 à Magny puis à Vouziers par le train.
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Vais avec Maurice au "Trou du diable" et à la "Haute chevauchée".
Pars à Saint-Jean-de-Luz par le train. Nombreux voyages en Solex - Irun et ventas - et nombreux bridges ( madame Choquet-Rougier, mademoiselle Cousin, madame Vincendon, madame Pechaud ).
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Chez Jacques jusqu'au 19 puis chez Annie.
Eté voir Robert et Germaine en Solex par Navarrenx.
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Retour à Paris le 8 octobre.
L'hôtel de Suède me vide. Vais chez Françoise Martin ( impasse du Moulin Vert ). Chauffage détraqué. Je le fais réparer. Froid terrible. Je vais à l'hôtel d'York, 13 bis rue Thibaud.
Le 21, le chauffage est réparé.
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Françoise rentre à Paris assez fatiguée. Je vais rester près d'un mois chez elle.
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Rejoins l'hôtel d'York le 23 décembre.
Je donne en 64 une dizaine de leçons à Patrick Renard, cousin de Françoise.
Je donne à Michèle 3000 Frs pour son mariage. Je ferai la même chose pour tous mes petits enfants. Je donne aussi 500 Frs pour chaque naissance.
Je prends mes repas du dimanche chez Jacques, heureux d'être en famille.
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Petite grippe qui me retient huit jours dans mon quartier.
Acheté 2 kgs d'or. Brunhes me donne une bouteille de cognac.
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Je retrouve Michel à l'Alpe d'Huez et fais encore un peu de ski. pour rire ! Je continue mes leçons à Pascale et à Nicole et Françoise.
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Monique est opérée de l'appendicite. Je vais la voir ( rue d'Alésia ).
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David me procure une élève ( mademoiselle Vivier ) qui ne persiste pas.
Mariage Marie-José Brunhes. Donne porte-photos à Claudie Parant. Quinze jours à Vouziers pour Pâques. Temps très froid.
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Mon frère est de passage à Paris.
Promenades dans les bois.
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Fiançailles de Monique.
Michel est affecté à Paris.
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Etienne Joinnet déjeune avec moi dans les bois de Meudon ( près tour T.S.F. ). Dito avec Berman ( promo 1907 ).
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Vacances à Magny du 20 juillet au 3 août. Françoise marche difficilement ( arthrose ) et baisse.
A Vouziers, toujours chez Madeleine, du 3 au 25 août. Je bridge avec Gérard.
Maurice me conduit à Virton ( Léa Berg ), Longwy et à Vaux où je vois madame Van den Bergh.
Bonne très bien.
Leçons à Muguet jeunes.
A Saint-Jean-de-Luz jusqu'au 18 septembre, puis chez Annie. Six ou sept voyages à Irun en Solex. Nombreux bridges ( Rougier, Martineau, colonel Diétri ).
Vais à Ossun en septembre. Germaine pas brillante.
Naissance de Sylvie Plichon ( 31 août ).
Le général Labarthe a eu une hémiplégie. C'était un agréable compagnon au Cercle militaire.
Rentré à Paris le 8 octobre. Michel me ramène hôtel d'York. Il est à Paris pour deux ans.
Ma belle-soeur est décédée le 10.
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Je pars à Ossun. La supérieure de l'hôpital veut bien garder mon frère.
Nicole est opérée de l'appendicite.
Mariage de Monique avec Eric Mouton le 28 octobre. Lunch à la maison des X.
Vu les Mermont, la famille, Annie, les Thibaut, Ingénieur général d'Auvergne, Gondinet.
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Vu gare d'Austerlitz mon frère retour de Magny.
Leçons à Ginette ( postière ).
Madeleine se casse le col du fémur à Vouziers.
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Plaque d'eczéma qui disparaît après ordonnance du Val-de-Grâce.
Nouveaux élèves, les Pérignon, procurés par Pascale. L'un est nul !
Brunhes me donnes une bouteille de Samos.
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Michel est attaqué par deux Nord-africains qui lui volent argent et papiers.
Il part au ski avec un bras très contusionné.
Bon rhume sans gravité.
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Vais voir Madeleine. Elle va bien et circule.
Sa bonne, Thérèse est très dévouée.
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Une de mes postières, Ginette, reçue au contrôle.
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Séjour à Vouziers ( 29 mars - 15 avril ). Madeleine sort avec moi. Leçons à Denise Caquot, Jean Muguet et les Pommelet.
Vonvon va se marier avec Dany, divorcée. Vu les Nadaud.
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Mon frère entre au Val ( légion d'honneur ). Je le conduis.
Visite de l'aérodrome d'Orly avec Michel.
Philippe est fiancé avec Laurence Escourrou.
Bridge chez Parant.
Vendu terres de Séchault ( part 20.000 Frs donnée à mes fils ).
Déjeuner avec Michel bois de Meudon.
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Dominique Pérignon reçu au BEPC.
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Mariage Philippe dans les Pyrénées. N'y vais pas.
Naissance de Thierry chez Monique.
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Vacances à Magny du 22 juillet au 3 août.
Je garde Françoise qui a beaucoup d'arthrose.
A Vouziers jusqu'au 23 septembre. Je circule en Solex. Vu madame Van den Bergh. Leçons à Jean Muguet et Denise Caquot.
A Saint-Jean du 23 août au 7 octobre, dont quinze jours chez Annie. On fête mes 80 ans le 24 août. Bridges moins nombreux. Promenades en Solex ( col de Lizarrieta, Irun ).
Mort de monsieur Duhart.
Vu chez Annie André Kaiser et sa femme.
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On me prie de quitter l'hôtel d'York qui végète. Je cherche.
Le 17 octobre, je m'installe à la "Résidence Montparnasse", 14 rue Stanislas, découverte par Simone. Pas mal, sauf bruit ascenseur. Michel me déménage.
Vu Robert au Val.
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Philippe a un fils, Grégoire, qui a failli mourir à la clinique.
Vu mon frère chez Françoise.
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Madame Faye tombe chez Françoise.
Simone est opérée du sein. Rien de grave.
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Bon rhume sans gravité.
Vais voir à Laennec le général Labarthe. Paraît effondré. Il parle un peu.
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Vu mon frère chez Françoise. Je l'accompagne chez Leroy ( appareil auditif cassé ).
Les Faye sont toujours chez Françoise.
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Vu mon frère chez Françoise qui a toujours les Faye.
Ai toujours pour élèves Dominique Pérignon et Pascale Lemoine.
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Vu toujours mon frère chez Françoise.
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Michel m'annonce son intention de mariage à Brest avec Yvonne Lher.
Je souffre de la bouche et vais consulter au Val-de-Grâce.
Vais voir mon frère au Val ( à pied de Saint-Germain ).
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Vu Michel au Cercle militaire.
Yvonne vient à Paris. Reçue chez Jacques. Très bonne impression.
Je suis averti le 26 juin que mon frère est à l'hôpital de Saint-Germain-en-Laye.
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Mon frère souffre d'un pied ( escarres ). Je vais le voir deux ou trois fois par semaine. On me paraît le maintenir sans raison à l'hôpital.
C'est très pénible comme voyage, grosse chaleur et 100 marches à monter à Saint-Lazare.
Donné à Michel 10.000 Frs pour son mariage.
15 juillet : mariage Michel à Brest. Je couche au Cercle naval. Déjeuner à l'Haberwach ( les Plichon, Jacques et Simone, madame Lher, des amis ).
Madame Artaud me remplace auprès de mon frère.
Je pars à Magny le 25 juillet. Françoise marche très difficilement. Elle a ses cousines Gérouille, ce qui me laisse plus libre.
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J'arrive à Vouziers le 3. La bonne ( Thérèse ) est à l'hôpital ( cancer du sein ). Je fais toutes les courses en Solex.Deux élèves ( le garçon des établissements Goulet et Jean Muguet ).
Trois visites à madame Van den Bergh, quelques promenades.
Vu Vonvon et Dany, sa femme, très aimable, Nadaud et Pierre, Guy, Gérard et Ursula.
Je joue au bridge avec eux et Nadaud ( contre de 7 coeurs, 8 levées de chute pour Gérard ) ! ! ( 1 ).
( 1 ) NDLE : Gérard Desrousseaux ( 1927 - 1989 ), champion de France de bridge, fils d'un cousin germain de Marcel, Georges Desrousseaux.
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A Saint-Jean jusqu'au 6 octobre dont quinze jours chez Annie.
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Nombreux bridges. Promenades en Solex ( déjeuner Echalar ).
Mon frère est opéré de son escarre au talon à Senlis à la fin d'octobre.
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Robert se remet de l'opération. On le met dans une maison de retraite à Chantilly.
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Yvonne et Michel sont à Paris. Je les reçois au Cercle et à l'hôtel. ( Michel est toujours à Paris ).
Vu mon frère à Chantilly. Cela va.
Eu comme élève cette année madame Gouirand qui m'amène sa fille, Denise Lascène, postières, ainsi que Pascale Lemoine, qui sera ma dernière élève non postière.
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Vais voir mon frère deux fois à Chantilly. Paraît bien rétabli.
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Madeleine m'invite à Vouziers. Irai peut-être à Pâques.
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Mort de ma cousine Léa Bergh épouse Foncin à Virton.
Monique perd sa bague et la retrouve dans la poubelle.
Françoise baisse beaucoup.
Jean-Claude récupère le logis familial. Il s'était engagé sans rien dire et Jacques l'avait expulsé pendant un an.
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A Vouziers du 12 au 17 avril chez Madeleine. Sa bonne va mieux. Leçons au fils de chez Goulet.
Je reprends le train à Châlons, où Maurice, qui part dans le midi, me conduit.
Je passe dix jours à Morzine ( hôtel Tabarlet ). Promenades ( étang de Montriond, route des Gets. ).
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Ma bouche est douloureuse. Je consulte le docteur Parant qui m'adresse à l'hôpital Beaujon où il dirige la "stomato".
Grève générale qui interrompt mon traitement.
Réunion de promo à la maison des X malgré la grève.
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La grève, qui dure depuis le 18 mai et m'a empêché d'aller au Cercle militaire, se termine vers le 10 juin.
On me fait un dentier à Beaujon.
Je donne un Petit Larousse en couleurs à Claudie Parant.
Alain se marie. Je lui envoie 3.000 Frs comme à ses soeurs et frères.
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J'ai un dentier provisoire le 4 juillet.
Vu mon frère à Chantilly. Il va bien.
Reçu une lettre du général de Gaulle que j'avais remercié pour la dédicace d'un prix à Jean-Claude qui prépare Saint-Cyr.
Laurence est reçue au bac de maths élém.
Je vois souvent au Luxembourg Laurence et Grégoire ainsi que Monique et Thierry ( avant leur installation près de Saint-Lazare ).
Parti pour Brest ( Cercle naval ) le 24 jusqu'au 29. J'y visite un dragueur ( commandant de Lafond ) avec Michel.
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A Vouziers jusqu'au 19 août. Je fais travailler Claire Desrousseaux ( fille aînée de Jacques Desrousseaux ).Promenades en Solex dans les bois de Grandpré, de Toges et à Vaux où je vois madame Van den Bergh.
Quelques bridges.
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A Saint-Jean-de-Luz chez Jacques ( 19 août - 25 septembre ) puis seul avec repas au Grand Grill basque.
Nombreux voyages en Solex ( Irun, Vera ( déjeuner ), Sare ( dito ), Biriatou ( dito ), Col de Lizarrieta ( dito ) ).
Bridges moins nombreux, Annie ne jouant plus.
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Chute brutale rue du Montparnasse le 1er décembre. Col du fémur cassé. Opéré le 3 par le docteur Miné.
Après trois semaines à l'hôpital Percy, je passe quinze jours chez Jacques.
Pendant toute l'année, j'envoie 200 Frs par mois à Laurence car Philippe fait son service militaire comme soldat du génie.
Eu comme élèves cette année : Denise Lascène, Madame Lucette Audebaud de Bayonne, brillante élève.
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Vu mon frère à Chantilly. A maigri.
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J'envoie au docteur Miné vingt bons de chemin de fer.
Michel et Yvonne partent à l'Alpe d'Huez.
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Déjeuner chez Françoise. Elle baisse beaucoup.
Appareil fini.
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Ch. Carrère me reçoit chez Dupont.
La bonne de Françoise ( Jeannette ) la soigne très bien.
Je prends feu au Cercle. Gilet perdu. Rien de grave.
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Françoise garde le lit tout le mois et meurt le 28. Jeanne Simonin l'avait quittée la veille. Jacques va à l'enterrement à La Brodière.
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Reçu à dîner au Cercle militaire Etienne Joinnet et Jean Chanoine.
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Jean-Claude admissible à Saint-Cyr.
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Reçu au Cercle Nicole et Eric.
Vais à Brest ( Cercle Naval ) du 10 au 17. Vu chez Michel la femme de son contrôleur général, l'abbé Cadiou et madame Lher qui vieillit.
Je donne à mes deux belles-filles 5.000 Frs pour l'achat de fourrures.
Vois la revue du 14 juillet et un porte avion.
Je vais ( hôpital Laennec ) à la mise en bière de Henri Joinnet. Vu sa mère et sa tante.
Michel et Yvonne de passage à Saint-Jean-de-Luz sont rappelés par télégramme ( madame Lher malade ).
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Parti le 12 pour Vouziers. Pas de Solex.
Deux élèves : Claire et le garçon de chez Goulet.
Vu Yvon, Dany, sa mère, sa tante et ses deux fils ( Richard, 18 ans et Thierry, 0 ans, né à mon passage ).
Jean-Claude reçu second à Saint-Cyr.
Arrivé le 20 à Saint-Jean-de-Luz.
Jusqu'au 16 septembre chez Jacques, puis à l'hôtel ( Grand Grill basque ).
Vu Michel et Yvonne qui ont perdu madame Lher. Nombreux bridges dont deux chez Annie et un à la clinique avec Batizat accidenté, madame Cazaux et mademoiselle Heslop.
Vu chez Annie Gaby et Glenn.
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Retour à Paris le 13 octobre. Le docteur Miné me trouve bien.
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Visite de Lucette Audebaud, reçue.
Le docteur Maréchal ( Vouziers ) a un cancer de la gorge.
Denise Lascène, reçue aussi, n'a pas reparu ( malade m'a-t-on dit ).
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Les Michel passent à Paris en route pour le ski.
Reçu à l'hôtel mademoiselle Borione et Trocmé ( guerre 14-18 ).
Yvonne rentre grippée du ski à mon hôtel et passe quatre jours au lit.
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Marcel Wiriath vient me voir deux fois et me donne son livre de souvenirs.
Vais voir mon frère qui baisse.
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Je carillonne à l'hôtel à 23h30. Après dix minutes, on consent à m'ouvrir. Veilleur à moitié saoul.
Jacques prend plusieurs repas au Cercle avec moi ( Simone et Jacques-Yves à Morzine ).
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A Vouziers chez Madeleine du 15 au 22 mai. Vu chez Maurice Pierre, Evelyne et ses deux enfants qui se tueront en auto en 1971.
Madeleine a toujours sa bonne, Thérèse. Elle perd la mémoire.
Trois leçons à Claire Desrousseaux.
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Nicole reçue à la maîtrise de physique.
Reçu au Cercle Jean-Michel Chanoine ( recherche scientifique ).
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Jacques prend plusieurs repas au Cercle ainsi que Philippe.
L'Aurore publie mes idées sur la sécurité sociale.
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A Brest ( chez Michel ) du 4 au 11 août puis à Vouziers chez Madeleine.
Vu Pierre, Evelyne, Dany, Thierry, Vonvon et les Guillaume ( goûter chez Vonvon pour l'anniversaire de Thierry ).
Madeleine perd la mémoire. Elle quittera bientôt sa maison où je suis allé 24 ans.
Je reste à Vouziers jusqu'au 19 août puis à Saint-Jean. Peu de bridges.
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Pas de Solex hélas - comme en 69.
Je mange au Grill basque après le départ de Simone.
Offert des sacs à mes belles-filles et Nicole.
Déjeuner chez Annie avec son frère ( de Californie ), sa femme et Glenn.
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Retour à Paris le 13 octobre. Ascenseur en panne huit jours.
Vais voir mon frère à Chantilly. A bien maigri.
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Mort de mon adjoint à la dernière guerre, le colonel Sansen, enterré à Melun.
Vu à la télé enterrement de de Gaulle.
Fais travailler ( ce seront mes dernières élèves ) :
Huguette Paton ( Landes ),
Janine Biniecki ( presque naine ),
Janine Bouchet ( chez un imprimeur ).
Je me mets au courant des maths modernes et fais les problèmes du bac sans difficultés.
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Les Michel passent à Paris en route pour l'Alpe d'Huez. Dînent au Cercle le 9 janvier.
Vu Peyruck à "Bégin".
Les Michel au retour déjeunent avec moi chez Philippe le 24 janvier.
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Réunion sympathique chez Jacques pour les anniversaires des trois filles ( madame Dordor, Zette ).
Alain a un fils, Christophe. J'envoie 500 Frs, comme pour toutes les naissances.
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J'envoie à Jacques et Michel deux chèques de 5.000 Frs.
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Reçu au Cercle Jacques, Nicole, Eric, Jean-Marc, Philippe.
Evelyne se tue en auto avec ses deux enfants. C'est la femme de Pierre Desrousseaux, fils de Maurice, mon cousin germain.
Acheté et envoyé à Yvonne un foulard de la légion d'honneur ( 85 Frs ).
Mes dernières élèves me quittent définitivement. Les deux Janine ne sont pas intéressantes. Huguette, recalée à l'examen des postes, est reçue au secrétariat de la marine. Je la regrette.
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Boulot habituel de promotion à la maison des X. Nos rangs s'éclaircissent. Vu Le Cornec, Lelong, Hurault, René ( bien cassé ), Mazier, Fargeaud.
Impossible d'ouvrir ma porte à l'hôtel. Je pars coucher chez Jacques après des essais infructueux du garde de nuit.
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Reçu belle sacoche pour la fête des pères.
L'hôtel est augmenté de 10 % à partir du 1er juillet.
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Reçu au Cercle Nicole ( trois fois ), Philou et Laurence.
Grosse chaleur jusqu'au 13.
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A Saint-Jean, Martineau est mort et Tranchau très malade.
Annie est opérée ( arthrite ). Aussi, je rentre le 14 septembre pour ne pas rester seul dans la grande maison.
A la fin du mois, je passe trois jours à Vouziers. Madeleine va bien, mais ne pense qu'à rentrer chez elle. Elle est à la "résidence" près de l'hôpital. Son retour est impossible : sa bonne est très malade et ne reviendra jamais ( elle meurt en 1972 ).
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Pierre Desrousseaux a essayé de se suicider.
Je renonce à mon voyage à Vouziers prévu en août ( chez Maurice - Madeleine est dans une résidence à l'hôpital de Vouziers ).
Pars à Brest le 5 août jusqu'au 17.
Michel reçoit son contrôleur, son adjoint, des amis.Je lui donne 25 tickets de train et 1.000 Frs à mes deux belles-filles.
Je pars à Saint-Jean en couchette par Quimper, Nantes et Bordeaux.
Chez Jacques jusqu'au 14 septembre.
Peu de bridges ( madame Vincendon, mademoiselle De Civil ).
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J'offre, comme depuis deux ans, du champagne à Simone et aux quatre ménages ( 12 + 3 + 4 bouteilles ).
Vu mon frère. Il a changé de chambre et baisse beaucoup. Il casse tout ( montres et dentier ). Nous faisons une petite promenade avec lui, Jean Bernet et Christiane.
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Envoyé deux chèques de 5.000 Frs à Jacques et Michel.NOTA : Jean-Claude entre à Saumur dans la Cavalerie. Il a trouvé sa voie.
Michèle et Nicole sont professeurs de physique. Philippe ingénieur chez Schneider. Alain employé de banque au Crédit Industriel et Commercial.
Monique a lâché "l'air" après son mariage. Le "petit" Jacques travaille très bien.
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Mon frère fait une chute et se casse le col du fémur. On l'opère le 10 janvier à Senlis. Le 15, je vais le voir. Il est en bien mauvais état.
Je donne 500 Frs à Christiane pour l'aider dans ses dépenses pour son père.
Gérard et Hérédia font un livre de bridge qu'ils m'ont demandé de corriger ( quant à la forme bien entendu ). Mais à la fin du mois, Gérard m'écrit qu'il renonce à cette publication.
Mon frère meurt le 26 janvier. Jacques me conduit aux obsèques au Raincy. Y vois Marcel Wiriath.
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Nous fêtons chez Jacques les anniversaires de Monique, Michèle et Nicole. Les Michel, revenant du ski, sont là.
J'ai une petite grippe qui dure une huitaine. Je fais venir le docteur.
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Le 10, déjeuner de promotion à la maison des X. Nos rangs s'éclaircissent. Sont morts depuis deux ans en particulier Hermien et Mazier qui étaient des fidèles.
Le 15, naissance d'une fille, Chloé, chez Philippe.
A la fin du mois, Simone part à Morzine avec le "petit" Jacques. Je leur donne un billet de 100 Frs suisses.
Jacques vient dîner au Cercle militaire trois ou quatre fois.
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Michel est passé capitaine de vaisseau mais il s'est engagé à demander sa retraite en septembre.
Pierre Desrousseaux se suicide. Il avait perdu toute sa famille il y a un an.
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Baptême de Chloé le 21 mai. Réception dans la maison des Escourrou ( appartement de Philippe ).
Michèle nous reçoit à dîner le 23 mai.
Philippe part en Norvège le 26 mai à Stavanger.
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Je téléphone avec Tortijet qu'on n'a pas vu au Cercle depuis janvier. Il souffre des jambes mais n'est pas réellement malade.
Le 18, nous mangeons chez Jacques une langouste envoyée par Michel pour la fête des pères.
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Jacques-Yves est reçu au bac ( C ) avec mention bien et 19 en maths. Nous sommes tous bien contents. Je lui donne un louis d'or.
Christiane déjeune avec moi. Ils quittent Paris pour Aix-en-Provence ( affaire de famille ).Nicole part pour l'Inde le 16.
Le 13, 14 et 15, elle prend à peu près tous ses repas avec moi.
Jacques rentre de Saint-Jean-de-Luz à la fin du mois et partage souvent mes repas au Cercle militaire.
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Je passe trois jours à Vouziers ( 4 - 7 août ) chez Maurice. Il a des rhumatismes bien ennuyeux dans le cou et les épaules.
Lucie relève d'une phlébite.
Quelques bridges avec les Bernard et Vonvon.
Madeleine est toujours à la "Résidence".
A mon retour, je déménage avec l'aide précieuse de Jacques, mon hôtel devant être mis en réparation à partir d'octobre. Je mets mes bagages chez Jacques.
Le 10, départ pour Brest ( vu forêt d'Houlgate ) et le 20 pour Saint-Jean-de-Luz.
Vu la famille sauf les Philippe et les Alain.
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Annie part à Royat faire une cure le 18 septembre. Je finis mon séjour à la pension Loulouche et rentre à Paris le 4 octobre.
Nombreux bridges à Saint-Jean-de-Luz. Aucune promenade.
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Je reviens à mon hôtel, les réparations étant différées.
Le 10 octobre soir, après un bon bridge au Cercle militaire, j'ai la vessie bloquée.
Le 11, après un périple peu agréable ( dispensaire, hôpital Bégin ), j'atterris au Val-de-Grâce où le docteur Timbale me débouche vers 14h.
Le 12 ( lavage de vessie ), hémorragie violente.
Après un mois sans qu'on puisse me déboucher complètement ( j'ai une sonde depuis le 11 ), je passe dix jours chez Jacques puis vingt jours à La Chalouette - Saclas ( Essonne ).
Bonne chambre et belle vue mais milieu bien commun.
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Je passe ensuite un mois à Louveciennes ( résidence Montbuisson ) au milieu de gâteux. Le confort est bon, mais quel voisinage ! Nous arrivons péniblement à nous grouper ( quelques normaux ). Je trouve le colonel Le Peuven qui a une arthrose de la hanche et doit mourir en septembre 1973.
Je puis heureusement aller à Paris le dimanche, à Noël et au jour de l'an.
Je prends toujours le dimanche mes repas chez Jacques avec grand plaisir.
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Après plus d'un mois à Louveciennes, je reviens à la résidence Montparnasse et reprends - toujours avec ma sonde - mes habitudes dont le bridge du soir au Cercle militaire.
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J'ai comme élève Eric Thomas ( le fils du directeur de l'Urologie du Val ), bien élevé, pas très fort en maths.
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J'envoie à mes fils, à chacun 5.000 Frs. Je l'ai déjà fait quatre fois en 1971 et 1972.
Je reçois Michel et Yvonne qui passent pour le ski à l'Alpe d'Huez.
J'ai un léger vertige quand nous allons ensemble déjeuner chez Jacques.
Sylvie est assez souffrante après l'opération de l'appendicite.
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Bon de 100 kms à la serveuse du Cercle.
De nombreux bons sortis au tirage ou remboursés me permettent de faire des heureux. J'ai ainsi pu donner entre autres à chaque ménage de mes petits-enfants une soixantaine de bons dans l'année, une vingtaine à Jean-Claude et Nicole, quelques-uns ( 3 ) à ma belle-soeur.
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Je passe huit jours au Val pour essai de débouchage. Rien hélas ! Je continuerai à porter une sonde.
Madeleine Desrousseaux, cousine germaine, meurt à Vouziers. J'avais pendant 25 ans fait bien des séjours chez elle.
Déjeuner de promotion. Que de vides ! Le deuxième caissier Lelong vient de mourir. Vu le premier caissier Le Cornec, Hurault, Puiseux.
Dîner chez Monique, sympathique.
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Je pars à Brest le 11 juillet jusqu'au 29 juillet.
Vu chez les Michel l'abbé Cadiou et quelques-uns de leurs amis.
Après avoir fait changer ma sonde à l'hôpital ( ex-maritime ), je pars à Saint-Jean ( wagon-couchette de Quimper à Bordeaux ).
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Je reste à Saint-Jean-de-Luz jusqu'au 10 septembre et y vois tous mes enfants et petits-enfants, Yvonne et ses quatre filles, madame Mouton.
Ma sonde se bouche le 30 août. Emotion, mais courte, car je trouve chez Daricaut un interne qui me la remplace.
Bridges le lundi chez madame Vincendon et très peu en dehors.
Promenade au col de Lizarrieta avec les Michel. Annie semble bien aller.
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Rentré le 10, je cherche un logis, la résidence Montparnasse fermant le 30. Je trouve une chambre rue Saint-Romain, très bien, mais voisinage bruyant et pénible ( prix : 60 Frs par jour ).
Je n'ai pas été à Vouziers cette année. C'est la première fois depuis 25 ans.
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Jacques fait repeindre son appartement, ce qui espace mes visites pendant six semaines.
J'apprends que madame Vincendon a perdu la vue.
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Déjeuner chez Michèle le 11 novembre.
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Goûter de Noël chez Jacques. Je donne des bons de chemin de fer à tous ( 30 bons par ménage ).
Seuls les Philippe, repartis en Norvège, ne sont pas là.
Je déjeune chez Monique le 23 décembre avec Jacques et Jacques-Yves ( Simone à Bordeaux ).
28 décembre ; Simone vient m'apprendre la mort de ma belle-soeur Annie Barat. En séjour chez Michel, elle est morte dans sa voiture au sortir d'un dîner à Brest.
Les Jacques, Nicole et Jacques-Yves et les Mouton vont à l'enterrement d'Annie. Je n'ose pas à mon âge ( 87 ans ) risquer le voyage et surtout le séjour dans une maison non chauffée. Donne 50 Frs à Jacques pour fleurs.
Michèle a eu le 27 un fils, Sébastien.
Cela me fait chez Alain : 3 petits-enfants
Philippe : 2
Monique : 1
Michèle : 2.
J'apprends avec peine la mort de mon camarade Ch. Carrère qui nous pilotait dans nos voyages de ski, il y a une quinzaine d'années.
Le Général Labarthe baisse beaucoup.
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Le docteur Thomas, mon chirurgien, me donne une grande boîte de bonbons que je distribue à la Pension.
Jacques s'est démoli le genou en ayant forcé son allure quand il a dû prévenir la famille d'Annie en Suisse.
Bon rhume sans gravité qui m'empêche d'aller au Cercle militaire pendant quelques jours.
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Ma sonde se bouche. Je vais au Val à 23h. On me la change.
Marcel Wiriath est décédé le 13. Prévenu trop tard, je n'ai pu aller aux obsèques.
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Les Michel passent pour aller à l'Alpe d'Huez.
Yvonne tombe dans l'escalier de son hôtel, heureusement sans mauvaise suite.
Je les reçois deux fois au Cercle et prends plusieurs repas avec eux chez Jacques à l'aller et au retour.
Envoyé 5.000 Frs à Jacques et Michel.
Donné 20 bons de chemin de fer aux quatre ménages, 15 à Nicole, 10 à Jean-Claude, 5 à Jacques-Yves.
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Donné Simone muguet et 12 bons pour son anniversaire.
13 - mauvaise nuit : ma sonde saute. On me la change le 14 matin.
17 - ma sonde saute encore.
19- déjeuner avec les Philou chez Jacques. Trois bons à Jacques-Yves pour son anniversaire.
23- ma sonde saute encore. Au Val le soir pour la changer.
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Ne pouvant aller au baptême de Sébastien, j'envoi 100 Frs à Michèle pour ma quote-part.
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J'envoie, sur leur demande, 20 bons aux Michel.
20- après qu'on m'ait changé ma sonde, elle saute tout de suite.
21- je renonce avec peine au voyage projeté à Vouziers. Je donne tout pouvoir à Maurice pour faire arranger la tombe de mes parents à Vouziers ( environ 1.000 Frs ).
J'envoie 5.000 Frs à Jacques et Michel.
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7- Jacques-Yves, déjà admissible aux Mines, est grand admissible à l'X. Tous bien contents.
Envoyé à mademoiselle Point chèque de 60 Frs dont 50 Frs pour mademoiselle Breton que je secourais déjà du temps de ma cousine.J'apprends avec peine la mort du général Labarthe, couché depuis
neuf ans à la suite d'une attaque. C'était un très bon et très sympathique camarade de bridge qui m'a rendu de grands services ( pour mes séjours dans les hôpitaux militaires - hanche au Val, pleurésie au Val et Percy, prostate au Val ).
21- Jacques-Yves a réussi le dernier oral. Il doit entrer à l'X ( vers le milieu de la liste ). Il part à Saint-Jean-de-Luz avec ses parents le 24. Je compte les rejoindre le 5 août.
29- Nicole rentre de Grèce et vient me voir. Je lui donne 20 bons de chemin de fer et 40 à Monique et Michèle.
Donné à Jacques-Yves une pièce de 20 dollars.
Jacques souffre toujours du genou. Il a une entorse. Le chirurgien doit le revoir dans huit mois.
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Vacances à Saint-Jean-de-Luz ( 5 août - 4 septembre ).
Heureux d'être en famille et de voir tous les membres ( sauf les Philou en Norvège ).
Michel me mène à la venta de Sare.
Quelques bridges chez madame Vincendon qui supporte bien une cécité complète ( colonel Hartman, les Le Gaillard, madame Bayart, madame Tranchot, madame Lambrigot ).
Vu aussi mesdemoiselles Delatre, les Mouton, les Thibaut dont la nièce meurt d'un cancer au retour à Paris.
La maison s'arrange. Dans le jardin, une pelouse au milieu. Michel organise le bas et répare les meubles.
Je rentre avec les Jacques qui ont bien voulu voyager avec moi ( je crains maintenant de circuler seul ), le 4 septembre. Ritt nous prend à la gare et le retour est bien facile.
Encore une sonde bouchée le 15 août. On me la change chez Daricaut deux fois ( premier essai infructueux ).
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20- Je vais voir au Val le colonel de Soto hospitalisé pour dépression.
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Le docteur Thomas ( à la suite de pesanteurs dans la vessie ) me prescrit le 31 octobre du Negram que je commence à prendre le 6 novembre. Cela m'empêche de dormir et paraît agir sur ma locomotion.
Jacques-Yves à Bourges ( Matériel ) vient le dimanche. Il se porte bien ( repos intellectuel complet ).
Soto est à Saint-Maurice.
Avec les grèves, je n'ose aller au Cercle militaire et fais des maths.
Jacques-Yves part à Versailles à la fin du mois ( Matériel ).
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Vu Jean-Claude assez fatigué le 1er décembre.
Mort de la grand-mère de Jean-Marc Plichon.
J'envoie le 10 les chèques d'étrennes.
On me change le 18 ma sonde tout près de se boucher ( après 20 jours ).
Acheté 60 bons 5,5 % 1956.
Vu Philippe retour de Norvège le 22.
Le 25, réception de Noël chez Jacques ( tous sauf les Philou ). Je complète les étrennes et donne quelques bons de chemin de fer ( 15 aux ménages, 10 à Nicole ).
Quelques mauvaises nuits sans fièvre.
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3- Réunion chez Jacques en l'honneur des Philou revenus de Norvège pour quelques jours.
Vu les Goudot et leur fils, les Alain, les Mouton, les Plichon. Absents : Nicole et Jean-Claude. Vu aussi Zette et Jacques-Yves.
Jacques-Yves, un peu grippé, n'est pas allé au camp de Mailly avec son unité de Matériel.
Changé ma sonde le 16. Le fils du Docteur Thomas s'est cassé la jambe au ski.
18- J'apprends la mort de ma cousine Henriette de Loneux dont la mère était cousine germaine de mon père.
Touché des bons de chemin de fer que je distribue ( 25 aux quatre ménages, 15 à Simone et Nicole ).
Pas de réponse du colonel de Soto auquel j'ai écrit le 3 janvier. Il doit être toujours à l'hôpital Saint-Maurice.
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13- Jacques-Yves vient nous montrer son uniforme. Il est toujours en civil à Paris et souvent même à l'X. Grande liberté que nous n'avons pas connue.
Les Michel passent comme d'habitude pour aller skier à l'Alpe d'Huez. Je les reçois au Cercle militaire.
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Le colonel de Soto est mort près de Nantes.
14- Mariage de Jacote Vidal de la Blache au Cercle militaire ( vu le capitaine de frégate Vidal de la Blache, Jean-Claude, la famille, le frère de Simone ).
16- Première communion privée de Thierry.
30- Je distribue de nombreux bons de chemin de fer pour Pâques ( 20 par ménage, 15 à Simone, 20 à Nicole, 5 à Jacques-Yves ). Les ménages sont à l'Ile d'Yeu avec Nicole.
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Déjeuner avec Christiane ( ma nièce ) chez Jacques.
Jacques ( en retraite ) et Simone partent à Saint-Jean-de-Luz pour un mois.
Je distribue le 25 encore de nombreux bons de chemin de fer.
Repris mes promenades au Cercle militaire. Encore peu de bridges, les tables étant constituées.
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Pendant l'absence des Jacques, je reçois le samedi à dejeuner Jacques-Yves, toujours content de l'X. Il travaille encore beaucoup.
Ecrit Philippe et Jean-Claude.
Cartes et lettres des Jacques ( excursions à Saint-Sébastien, Cambo ). Je serai content de leur retour. Monique et Nicole sont passées me voir.
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Je pars le 15 à Saint-Jean-de-Luz avec Jacques-Yves.
Vu les Mouton et Yvonne Thibaut ( avec trois de ses filles ). Vu aussi Christiane Desrousseaux et ses trois enfants.
Nombreux bridges chez madame Vincendon malgré ses accès de fièvre.
Promenade avec Michel et Yvonne au col de Lizarrieta.
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Retour à Paris le 10 août ( avec Jacques ) très facile. Simone est partie avec nous pour rester à Bordeaux près de madame Dordor ( bien diminuée, hélas ) une dizaine de jours.
Avant de partir de Saint-Jean, Daricaut me change ma sonde que je crains de voir bouchée pendant le voyage.
23- Mort de madame Dordor que tous ceux qui l'ont connue, toujours prête à rendre service et sachant s'effacer pour les petites choses, regrettent vivement.
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Je suis seul à Paris, les Jacques étant à Saint-Jean-de-Luz.
Déjeuner chez Monique. Visite de Nicole et de Philippe.
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Retour des Jacques le 15.
Jacques-Yves a de bonnes notes à l'X.
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4- Mon appareil de nuit est rempli de sang. Je téléphone chez Jacques qui m'accompagne au Val-de-Grâce où je reste six jours.
Nicole va se marier avec un jeune professeur de maths.
J'ai du mal à circuler ( douleurs dans mollets et tendons ).
Michèle et Jean-Marc à Saint-Véran. Leur hôtel doit ouvrir à Noël. Gros travail.
Chez Philippe, une naissance : Romain.
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Je retire au Crédit Lyonnais 180 bons de chemin de fer. C'est beaucoup moins que les années passées et je le regrette pour mes petits-enfants.
21- Michel et Yvonne passent à Paris. Ils vont à Bar-le-Duc prendre un pupille de l'assistance publique.
25- Réception habituelle chez Jacques ( tous sauf les Plichon ).
A part quelques pesanteurs dans la vessie, je me porte pas mal et vais presque tous les jours au Cercle militaire où je continue à gagner au bridge.
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2- Une naissance à Briançon chez les Plichon : Benjamin.
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Je vais à Brest le 6 avril pour 15 jours. Je pars avec Michel et rentre seul ( Jacques-Yves à la gare ). Bon séjour.
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Mariage Nicole avec Louis Dubois le 15, professeur comme elle. Réception chez Jacques.
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J'organise une collecte pour le mariage de la fille de madame Valladon, directrice de ma pension. Je récolte 300 Frs.
28- Visite de Maurice et Lucie Desrousseaux qui me fait bien plaisir.
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Début du mois très pénible : chaleur étouffante.
15- Départ pour Saint-Jean-de-Luz avec les Jacques. Bon séjour. Vu toute la famille de Jacques sauf les Plichon ( moins Sylvie ) et les Michel Desrousseaux avec leur protégé, le petit Pascal.
Une quinzaine de bridges chez madame Vincendon ( avec les Poidenot, Le Gaillard, madame Bayard, colonel Hartman, madame de Murville, madame Vincendon la nièce ( de Paris ), madame Costa, madame Thirionet ).
Vu aussi mademoiselle Lambrigot et mademoiselle Delatre qui a perdu sa soeur.
Michel me conduit au col de Lizarrieta et à Biriatou.
Nombreuses parties ( escalier et roi de coeur ) le soir chez Jacques.
On fête mes 90 ans le 24 août avec les Jacques et Jacques-Yves.
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Donné à Jacques et Michel 5.000 Frs ( comme tous les ans depuis 1971 en mars et août ).
Donné à Simone 40 Frs par jour + cadeau 500 Frs, 50 Frs à Jeanne. Boîte de bonbons Adam à madame Vincendon.
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Retour le 2 à Paris ( avec Jacques-Yves ). Nicole nous prend à la gare.
J'apprends au Cercle la mort de Tortijet qui a joué 20 ans au bridge avec de Soto et moi.
6- Changé ma sonde au Val-de-Grâce. Pas d'ennui à Saint-Jean-de-Luz.
22- Déjeuner chez Monique ( les Plichon et les Escourrou ).
25- Je représente la famille au mariage de Geneviève Cochinard ( au Cercle militaire ).
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Vu chez Jacques toute la famille de Simone ( Goudot, Zette, Dordor sa femme, ses filles ).
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Je fais un chèque de 10.000 Frs à Jacques pour mes dépenses éventuelles.
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7- Vu chez Jacques ma nièce Christiane. Sa fille Geneviève est revenue de son voyage de noce avec une hépatite virale.
25- Réception habituelle chez Jacques. Manquent les Philippe, les Plichon et Jean-Claude. Vu Zette, Jacotte et son mari.
27- Je touche au Crédit Lyonnais le remboursement de ma rente SNCF 5 1/2 % 56 dont la moitié en bons kilométriques ( 680 ).
Je vais faire des heureux. Je donne pour les étrennes 30 bons par ménage, 10 aux célibataires, 20 à Simone plus les étrennes habituelles ( 500 Frs à Simone, 300 Frs à Yvonne, 150 Frs par ménage, 100 Frs à Jean-Claude et Jacques-Yves, 30 Frs par petits-enfants.
Jacques-Yves sort 24ème de l'X. Il aura les Ponts et Chaussées. Il a travaillé comme un nègre et nous sommes tous heureux de ce beau succès.
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Simone passe huit jours à Saint-Véran. Tout y va bien ( avec mes bons ).
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Jean-Claude m'annonce son prochain mariage avec Martine Péron. Je vois celle-ci chez Jacques et donne des billets de train ( 20 ) et dix à Nicole de passage. Martine est sympathique à tous.
17- Jacques et Simone vont voir près d'Issoire les parents de Martine. J'offre le voyage ( cette année, je suis comblé de bons de chemin de fer, mon capital-bons ayant été remboursé en décembre 1976 ).
Vu Christiane au Cercle; lui donne six bons.
20- A Téhéran, où est Philippe, Grégoire vient d'être opéré de l'appendicite.
27- Dîné avec les Alain chez Jacques. Simone a été opérée du sinus.
Jacques-Yves aphone.
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Les Jacques passent un mois et demi à Saint-Jean-de-Luz pour Pâques.
Pendant leur absence, je reçois la visite des Michel retour du ski ( j'ai payé le train ), et de Pascal. Ils déjeunent à ma pension le 10 avril ( Pâques ) et dînent avec moi deux fois au Cercle militaire.
Michel m'apporte deux exemplaires de mon opuscule sur les maths modernes qu'il a tapés.
Reçu aussi la visite de cousins belges de Namur et des Desrousseaux de Vouziers ( les Maurice et les Yvon ).
Déjeuné chez Monique le 21 avril.
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Réunions pour le retour des Philippe.
Je distribue de nombreux bons à tous. J'en avais donné aussi pour Pâques.
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Départ pour Saint-Jean-de-Luz le 14 juillet avec Jacques-Yves.
Nombreux bridges à Saint-Jean-de-Luz chez madame Vincendon ( bridgeurs habituels ) et au Parc Ducontenia. Vu mademoiselle Delatre, mademoiselle Lambrigot, madame de Murville, madame Costa de Beauregard etc.
Vu toute la famille sauf les Plichon ( moins Sylvie ) et Louis Dubois.
Donné Simone 50 Frs par jour et cadeau de 500 Frs. Donné Jeanne 50 Frs, bonbons à madame Vincendon ( 30 Frs ).
Rencontré au bridge madame Parnier, le colonel Guigou.
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Avant de partir, je donne mes derniers 20 bons à Jacques.
Michel me conduit à Biriatou, me prend à l'arrivée et au départ, et mes deux fils sont à la gare.
Retour de Saint-Jean le 4 septembre avec Jacques-Yves. Pas d'ennuis de sonde.
Nicole a eu la gentillesse de nous conduire à la gare le 14 juillet et de nous ramener de la gare le 4 septembre.
10- Mariage de Jean-Claude à Saint-Floret ( Puy-de-Dôme ). J'envoie un télégramme.
25- Réception habituelle chez Jacques. Manquent les Philou, les Plichon et les Jean-Claude.
Vu Zette et les Goudot.
Reçu bonbons des Philou, des Michel et de Nicole. Mouchoirs et agenda des Jacques.
J'arrive à donner encore une dizaine de bons par ménage.
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Je me sens mal à l'aise chez Jacques le 22 janvier.
Le docteur Bouvier me met aux antibiotiques le 24.
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Traitement terminé le 30 janvier. Bien abruti quelques jours.
Visite de Christiane et mademoiselle Borione ( fin janvier ).
Madame Vincendon est morte à Saint-Jean-de-Luz. Elle m'accueillait très aimablement et ce décès m'est très sensible.
Je vois souvent chez Jacques Jean-Claude, qui prépare l'Intendance, et sa femme Martine.
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Jean Brouardel est tué par une voiture automobile à Wimereux. Toute la famille est catastrophée. C'était le meilleur ami de Jacques. Jacques-Yves travaillait pour lui ( pour ses expériences océanographiques ). On le voyait chez Jacques tous les dimanches et Nicole, qu'il gâtait, était sa pupille. On l'a enterré le 9 mars au cimetière Montparnasse.
Philippe a repris son travail après une pleurésie assez grave ramenée du Pakistan.
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Les Jacques passent un mois et demi à Saint-Jean-de-Luz.
Je déjeune chez Philippe et Monique et reçois les Michel avec Pascal le 3 avril ( à la pension et au Cercle ).
Jacques-Yves a sa Renault démolie à l'arrêt. Il a plus de 3.000 Frs de dégâts.
Simone a trouvé un joli secrétaire style Louis XV à Saint-Jean-de-Luz. Je le lui offre, heureux de lui faire plaisir.
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Maurice Desrousseaux m'écrit qu'il passera me voir le 26.
Lucie vient consulter au 15-20 pour ses yeux.
Fin de des notes
Mes souvenirs de guerre
1914 - 1919
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On ne trouvera dans ces récits que des souvenirs personnels. L'historique du Régiment est l'aperçu d'ensemble qui relie entre eux ces souvenirs et les rattache en même temps aux faits et gestes du Régiment pendant la guerre.
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J'appartiens au début de la guerre à la troisième Batterie du 29è Régiment d'artillerie de campagne à Laon : capitaine Terrière, lieutenant Desrousseaux et sous-lieutenant Boulanger commandant l'Echelon de combat, adjudant Bès, maréchal des logis-chef Pauly.
Notre mobilisation se fait dans de bonnes conditions, en un peu plus de trois jours. La batterie, de squelettique qu'elle était, en ce court laps de temps, quadruple ses chevaux et double ses hommes. Nous touchons de gros chevaux de culture pas élégants, mais dans un état magnifique. La troisième Batterie avec son harnachement tout neuf, ses hommes jeunes et habillés de vêtements sortant tout frais du magasin du corps et la flamme d'enthousiasme qui nous anime tous, a vraiment grand air. Le 5 août 1914, très occupé, je déjeune chez mon chef Pauly, à côté du quartier. Le soir, je vais préparer l'embarquement après avoir donné mes clefs à mon propriétaire en lui recommandant mes meubles ( hélas ! ). Je monte la jument du commandant Varin, Humblebec, charmant petit pur- sang qui a fait mes délices pendant les deux premières années de guerre jusqu'au jour où elle a disparu avec son piquet et sa compagne de chaîne, Dollar Princess. Je vois encore mon ordonnance d'alors, Hédoin, sortir pour la dernière fois de l'écurie que j'avais sous ma maison, la jument harnachée comme pour les grandes manoeuvres. J'eus à ce moment un serrement de coeur, mais jamais quand même je n'aurais cru ne plus revoir mon mobilier, jamais je n'aurais pensé partir pour quatre ans.
✤
Nous sommes engagés seulement le 22 août. Nous cantonnons auparavant une dizaine de jours à Haraumont près de Dun-sur-Meuse où nous avions débarqué le 6. J'ai un infect grabat chez des paysans peu sympathiques. L'adjudant Bès voit des espions partout. L'instituteur qui sort souvent à bicyclette lui paraît suspect. Peut-être n'a-t-il pas tort ? Le souvenir que m'ont laissé surtout ces premiers jours de bataille, c'est l'extrême fatigue endurée. En voici un aperçu extrait de mon carnet de notes :
Le 22 août, départ de Vigneulles-sous-Montmédy. A midi, nous mangeons un peu de viande froide et de pain. L'après-midi, combat près de Virton. Nous sommes particulièrement bombardés, ayant mis nos pièces beaucoup trop près de la crête, mais nous évitons toutes pertes en creusant des tranchées. Le soir, pas de dîner. Au lieu de nous laisser sur les positions, l'état-major nous ramène à l'arrière près de Thoune-le-Long. Nous faisons une marche horriblement pénible dans un fouillis inexprimable de fantassins, voitures d'ambulance, convois divers. Mauvaise impression... Nous arrivons à notre parc vers minuit ; j'essaie de dormir le dos à un arbre. A trois heures, il faut repartir sur les positions de la veille.
23 août. Nous mangeons froid à midi. Nous sommes encore bombardés et recevons le capitaine Terrière et moi des éclats d'obus heureusement sans force dans le dos et sur le cou. Le soir, nous prenons enfin un repas chaud et nous nous couchons sur les positions dans des abris faits par nos hommes dans la journée.
24 août. Hélas ! A peine endormis, à minuit, on nous réveille. Il faut partir à une heure au secours du corps colonial. Troisième nuit sans sommeil. Nous traversons des fils de fer, puis un ruisseau encaissé près de la ferme du Hayon. L'ordonnance du capitaine tombe avec son cheval dans les fils de fer. On a toutes les peines du monde à les dégager. Une de nos pièces s'embourbe ensuite dans le ruisseau. Elle arrête toute la batterie. Nous mettons deux heures à la sortir. Je retrouve difficilement le capitaine qui a continué sa route... Repas froid à midi. Le soir, ayant accompli notre mission, nous battons en retraite par une route épouvantable, accueillis par des coups de fusil... de nos chasseurs à cheval. Il nous faut six heures pour monter nos pièces sur les hauteurs de Saint-Walfroy. Nous ne dînons pas.
Nous partons à deux heures le 25 août ( quatrième nuit sans sommeil ). Heureusement, on nous ravitaille en pain à sept heures. Nous reprenons position, mangeons froid et pouvons enfin dormir quelques heures sous un caisson au champ de manoeuvre de Stenay. Courte nuit d'ailleurs, car à quatre heures du matin le 26, de fortes explosions nous réveillent : l'état-major nous a oubliés sur la rive droite de la Meuse et le Génie fait sauter les ponts. Les chevaux sont à l'abreuvoir. Nous sommes isolés ; minutes d'angoisse. Pour comble de malheur, ma jument s'échappe au moment du départ et j'ai bien de la peine à la rattraper. Enfin, nous passons la Meuse sans incidents sur le pont de Stenay encore intact. Puis c'est la retraite sur Grandpré, Sainte-Menehould et Vitry. Nous pouvons dormir un peu, bien peu du reste.
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Deux impressions m'en sont restées :
La première, une impression de bien-être. Après toutes ces marches de nuit, après ces haltes interminables, puis ces mises en batterie précipitées et ces changements de position continuels, c'est pour nous un véritable soulagement que de rester cinq jours en place, marmités le jour, mais absolument tranquilles la nuit. De 20 heures à 6 heures, pas un coup de canon, pas un coup de fusil. Nous passons, le capitaine et moi, d'excellentes nuits dans un petit gourbi en paille confectionné par le maréchal des logis François, de la première section.
La deuxième impression est une impression d'isolement : isolement du commandement qui ne nous renseigne pas et ne nous donne pas d'ordres ; isolement de l'infanterie dont nous ne connaissons la situation que par quelques cavaliers que nous lui dépêchons ; isolement des Boches que nous ne voyons pas.
Deux souvenirs :
Un cycliste se disant agent de liaison du colonel d'infanterie arrive sur nos positions près de Favresse. Il demande un tir sur une maison d'Hansignémont où seraient des mitrailleuses ennemies. Je règle la batterie sur la maison.
Le 10, je règle également sur une meule derrière laquelle il y aurait des Boches. Quand le 11 au matin, ne pouvant en croire nos oreilles, nous apprenons que l'ennemi recule, nous montons à cheval, le capitaine Terrière et moi, et je constate que, derrière la meule, j'ai tué quatre Allemands dont deux n'ont aucune blessure, terrible effet de nos explosifs. Mais, par contre, autour de la fameuse maison, il n'y a que des cadavres français. Ce cycliste était-il un traître ?
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Le Boche se cache dès le début de la campagne d'une façon extraordinaire. Je me rappelle seulement le 22 une batterie complète sur laquelle nous n'avons pas osé tirer ne sachant pas alors si elle n'était pas française ( toujours le manque de renseignements ) ; le même jour, un paquet de fantassins que nous prenons sous notre feu et dont l'un saute au moins à six mètres en l'air ; le 24, quelques uhlans ; le 27, une batterie que nous signalons à nos voisins de gauche ; le 31, à Authe, de l'infanterie ; le 2 septembre, une batterie près de Grandpré. Le Boche n'est pas mieux équipé que nous, sauf une toile de tente que nous n'avons pas, mais il est moins visible. Son artillerie tire mal. Jusqu'après la Marne, nous n'avons pas un tué à la troisième Batterie.
✤
Les traînards.
L'ennemi, en partant précipitamment, abandonne du matériel et laisse derrière lui des traînards. Le 13 septembre, en quittant la grande route Givry-Sainte-Menehould pour aller à Villers-en-Argonne, nous voyons deux fantassins allemands sortir en courant de la maison du garde-barrière ; nous ne pouvons les arrêter. A l'entrée de Villers, six ou sept Boches tapis dans une cave nous tuent un trompette. Nous tuons l'un d'eux en échange. Le 14, un lieutenant du génie nous apprend, désolé, qu'il a perdu la veille son cheval et son ordonnance. Le 14 au soir, il voit revenir son cheval avec son ordonnance et cinq Boches qui avaient arrêté celui-ci. Il avait réussi à les égarer et à les ramener dans nos lignes.
Arrêt de la poursuite.
Notre poursuite est assez molle. Pas de cavalerie. Une infanterie fatiguée. Peu de munitions. Le 15 septembre, nous sommes arrêtés net après un combat très dur. Je suis envoyé avec une pièce tout près des lignes pour tirer à vue sur des fantassins qui débouchent des bois de Servon ( près de Vienne-le-Château ). Je pars au galop sous les marmites. J'arrive devant le général Cordonnier qui commande la troisième Division. Il me presse. J'installe ma pièce qui s'embourbe. Lui-même, avec quelques chasseurs, aide mes hommes à la dégager tandis que je commande la manoeuvre. J'ai été rarement serré d'aussi près par les obus. D'ailleurs, le général est blessé à mes côtés et le colonel Aubrat, de l'artillerie, tué. A remarquer, en passant, cette imprudence bien française : un poste de commandement sur une grand route à la sortie d'un bois, sans une tranchée. Quelle que soit la bravoure des officiers, on peut deviner ce que pouvaient être des ordres donnés dans ces conditions. En partant, le général serre la main à tous ses chasseurs qui jurent de le venger. Quant à moi, je rentre avec mes hommes sans une égratignure.
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Après le 15 septembre 1914, nous nous cristallisons à Vienne-la-Ville jusqu'au 20 décembre. Le coin est très dur pour l'infanterie ( le corps d'armée, m'a-t-on dit, a perdu 30.000 hommes en trois mois ). Nous nous sommes dès le premier jour installés chez de braves gens, les Cardot. Le capitaine a un lit, moi un matelas par terre. Les premières nuits sont bonnes. Par exemple, dès le matin, il faut retourner aux positions et nous y subissons de très forts marmitages. Le 17, nous bavardions à une dizaine d'officiers près du trou du commandant quand un 150 met en pièces un cheval à 15 mètres de nous. Sa mort nous a sans doute sauvé la vie. Le 28, nous avons nos premiers tués à la batterie ; un cheval est littéralement volatilisé par un obus qui percute en plein sur lui : le vétérinaire retrouve un de ses sabots. Le 29, j'apprends la mort de mon cousin, le capitaine de Léocour, tué à son observatoire, de l'autre côté du village. Le 30, le colonel est blessé, le commandant aussi, mon capitaine évacué, mon sous-lieutenant blessé. J'ai en outre mon meilleur chef de pièce, Chivalet, tué. Le soir, j'étais bien découragé.
Notre séjour à Vienne-la-Ville est coupé de soi-disant repos à Naviaux. Les hommes y sont très mal et les officiers guère mieux. Par contre, nous pouvons aller facilement à Sainte-Menehould. C'est à Naviaux que je reçois le lieutenant Joinnet qui restera avec moi pendant la plus grande partie de la campagne.
Nous faisons faire à Vienne-la-Ville, nos premières cagnas. Nous les creusons dans le talus, les couvrons avec les tuiles du village. L'abri de la première section est éclairé à l'électricité avec les piles de la gare.
Quand en décembre le village est bombardé à nouveau, j'apprécie hautement mon talus. Au mois de janvier 1915, nous sommes détachés au corps colonial, mais rentrons tous les soirs au village pour en repartir dès le matin... Il pleut tous les jours ; les voitures, à force de rouler au même endroit, transforment nos batteries en de véritables cloaques et ce mois de janvier est extrêmement pénible pour les hommes et les chevaux.
Personnellement, j'ai l'avantage d'être aimablement reçu par la capitaine Rouleau de l'artillerie coloniale.
Pendant ce temps, Joinnet est resté au village avec une pièce contre avions. Il se promène toujours tout seul sur les crêtes, jetant vers le ciel des regards menaçants ; il a une culotte de velours. Son attitude intrigue fortement le maréchal des logis de gendarmerie qui le file consciencieusement jusqu'au jour... où il le voit tirer contre avions. Nous avons bien ri.
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Au commencement de février, nous allons au repos pour deux mois dans la région de Revigny. Ma batterie est dans la ferme de Rotanchamps près de Saint-Mard-sur-le-mont, chez de braves gens que j'ai déjà revus deux fois. Nous y donnons deux séances récréatives.
Je réussis à voir quelques heures ma femme à Vitry. Humblebec fait à cette occasion 72 kilomètres.
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Nous attaquons les Eparges le 5 avril. Le temps est très mauvais, notre abri laisse filtrer l'eau et nous nous réveillons un matin avec 20 centimètres d'eau par terre. Nous aurons dès lors une source sous la cuisinière, objet de luxe venu là on ne sait comment. La position est très difficile d'accès et toutes les nuits nous avons des caissons embourbés qu'on tire à bras et qu'on couvre de branches pour les dissimuler jusqu'à la nuit suivante.
Les lieutenants vont à tour de rôle en liaison avec l'infanterie. C'est très dur. Les pertes sont considérables des deux côtés. Nous attaquons à plusieurs reprises, mais les Boches se cramponnent et nous n'avançons presque pas.
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Après les Eparges, nous avons passé trois mois et demi en Woëvre, habitant la nuit le beau château d'Hanoncelles, entassés le jour dans une “casemate” en tôles renforcées que nous couvrons de rondins. Nous allons à l'observatoire de Pintheville qui n'est pas toujours très agréable.
Je m'amuse à faire la chasse aux lapins ( avec une pièce de 90 ) sur les Boches qui passent sur les routes. C'est tordant de les voir faire leurs plat-ventres ou lancer leurs chevaux au triple galop. Nous jouons beaucoup au bridge. C'est dans la Woëvre que j'obtiens ma première permission pour Cabourg, le 1er août 1915.
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Je retrouve le groupe près de Troyon. On m'envoie passer un mois à la Gauffière près de La Croix-sur-Meuse. Nous y sommes tranquilles.
Je me rappelle la visite du lieutenant-colonel Broussaud trouvant tout mal, mettant son nez partout. Il me demande de le conduire aux feuillées. J'avais donné l'ordre à un sous-officier d'en faire trois ou quatre jours avant. Je lui dis de nous guider... Après un long voyage sous bois, il nous mène devant une longue série mal odorante. J'ai le tort de dire : “Mon colonel, ce sont des feuillées ( feuillets ) individuels”. Il a mal goûté le calembour.
Ensuite, il va voir un abri d'hommes. Il le trouve sale. Il dit au chef de pièce : “c'est dégoûtant ! Qu'est-ce qu'on fait le matin ?” - “On balaie sous son lit” ( les hommes couchaient par terre ) - Mais encore ? - “On ouvre les fenêtres” ( il n'y avait qu'une porte ). Il est parti furieux.
Nous avons appris avec un certain plaisir, Joinnet et moi, qu'il avait attrapé quelques jours plus tard huit jours d'arrêt de notre colonel pour lui avoir parlé de façon impertinente.
J'occupe ensuite pendant un mois, une position en plein bois près de Mouilly. Nous couchons dans une baraque en planches.
Sur la crête même de Troyon, je fais deux positions. Le capitaine Terrière passé commandant est au village et je descends presque tous les jours faire mon bridge avec lui. C'est du reste le calme le plus complet et naturellement la paperasserie reprend ses droits : le rapport de gendarmerie ci-joint en fait foi. Entre-temps, je vais pendant quinze jours à un cours à Toul où je réussis à faire venir ma femme chez les cousins Dauphin.
On me retire une section avec Joinnet pendant quinze jours pour m'en donner une autre du 42è. Je n'ai pas encore compris pourquoi.
Le 21 février 1916, l'attaque boche sur Verdun se déclenche. Nous recevons pas mal d'obus et en renvoyons aussi. Nos caissons viennent nous ravitailler l'après-midi.
Le 10 mars, on m'envoie avec ma batterie défendre les Hauts-de-Meuse vers la tranchée de Calonne. Le colonel Journel me donne le commandement de quatre batteries. Nous avons, donnant sur la plaine, un observatoire magnifique où je passe de bons moments. Mes échelons sont dans un site très pittoresque en plein milieu des bois.
Je reviens bientôt au groupe, toujours vers la crête de Troyon. Ma batterie est complètement enterrée et de part et d'autre de la route. Nous creusons à la cheddite un tunnel qui sera notre premier essai de sape. Nous restons trois mois sur cette position. J'aurai l'occasion de la revoir 18 mois plus tard et je constate que mon tunnel est toujours solide. Je fais des promenades à cheval presque quotidiennes. Nos chevaux sont sur la position même.
Un souvenir au capitaine Gay et au lieutenant Marion de l'artillerie lourde qui ont partagé notre table.
132è D. I.
Artillerie
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Le 20
Le Lieutenant-Colonel Journel
Commandant l'AD/132
à
Monsieur le Colonel Commandant le 29è RAC.
Au moment où la 3è Batterie du 29è quitte le front de la 132è D. I, je suis heureux de vous signaler les services remarquables qu'a rendus le capitaine Desrousseaux, comme commandant d'un groupement de quatre batteries venues de groupes différents. Quoique ne possédant pas d'état-major de groupe, cet officier a su assurer le fonctionnement du service d'observation et du service téléphonique d'une façon très satisfaisante et organiser ses tirs très correctement. Dans les conditions où il se trouvait, le capitaine Desrousseaux a réalisé un tour de force. Je vous serais reconnaissant de faire le nécessaire pour qu'il en soit fait mention dans ses notes.
Signé : Journel.
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La Somme est pour la 3ème Batterie la période la plus dure de la campagne.
Une boue épouvantable dès qu'il pleut, une végétation rabougrie et bientôt réduite à rien par les obus, des marmitages extraordinaires, un harcèlement continu sur les routes, enfin pour nous par deux fois le bled absolu et des pertes quotidiennes, voilà la Somme.
Ma première position est près d'un carrefour à proximité de la route Assevillers Barleux. Beaucoup de pertes, mais un seul tué en deux mois et demi.
Joinnet est très gravement blessé. Il couche à la batterie. Mon abri est dans le talus de la route. Le 9 août 1916 au soir, Pourquery, du groupe, m'appelle au téléphone - “Tu sais ! Joinnet est blessé”… Je l'ignorais totalement. Blessé par une balle de schrapnel, il avait eu le courage de rentrer seul dans son trou et de téléphoner au docteur. Je cours le voir. Il a un petit trou rond dans le dos et est très pâle. Néanmoins, il ne souffre pas trop et nous plaisantons même un peu.
Le docteur que j'interroge anxieusement hoche la tête. Le lendemain, un homme qui est allé à l'hôpital revient en disant le “lieutenant est condamné.” Et c'est un vrai miracle qu'avec le péritoine traversé, le rein touché et l'intestin entamé, il me soit revenu cinq mois plus tard.
Le docteur Lehmann devait être blessé quelques jours après et lui aussi est un rescapé : on lui a ligaturé la carotide.
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Pas d'observatoire convenable autour des batteries. Le colonel nous demande d'aller voir dans Belloy, c'est-à-dire en toute première ligne ; la liaison téléphonique marche... quelquefois. Je fais le voyage de bonne heure et grimpe dans un pigeonnier. Une partie de l'ascension se fait en pleine vue. Les murs sont constitués par des planches disjointes : jamais, je n'ai tant eu l'impression d'être une cible vivante pour les Boches. Heureusement, ils ne me descendent pas au fusil et se contentent de me marmiter assez soigneusement. J'ai la chance de faire mon réglage.
Ma deuxième position en octobre est tout près de Belloy. On a avancé un peu et nous y sommes à mille mètres des Boches. Je commande le groupe quand nous l'occupons et je me rappelle combien nous sommes tous désillusionnés de “repiquer” après quatre jours de repos seulement.
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Beaucoup d'Africains dans la Somme à la division Marchand ( entre parenthèses, le général Marchand, que les journaux ont dit avoir été blessé en entraînant ses troupes à l'assaut, a eu une blessure beaucoup plus prosaïque. Il revenait de l'infanterie et passait près d'une batterie du 42è quand un obus égaré l'a touché. C'est le camarade qui l'a soigné qui m'a raconté la chose ).
J'ai gardé des Africains deux souvenirs macabres. En arrivant à Assevillers pour la reconnaissance, nous passons à côté de six Africains couchés en étoile autour du trou de la marmite qui les a tués tous les six.
Une nuit, je suis réveillé par des hurlements. Je vais voir. Je trouve dans le boyau “des Zouaves” quatre Africains que vient de surprendre un obus : deux sont morts déjà.
Je me rappelle aussi un Africain faisant brouter ses petits ânes dans le ravin d'Assevillers qui pourtant n'était pas bon. Les marmites n'affolaient pas plus les ânes que l'homme.
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Nous avons reçu dans la Somme des quantités de “210” dont beaucoup à fusée retardée :
Le 7 septembre, ma batterie est complètement retournée. Mes hommes descendent dans la sape finie de la veille. Elle résiste victorieusement.
Fin novembre, un obus bien placé démolit une des entrées de ma sape.
Personnellement, je reçois deux obus à moins de deux mètres, l'un juste au-dessus de ma tête dans le talus de la route. Il m'enterre à moitié ; l'autre au début d'octobre :
Je commandais le groupe et étais allé avec le lieutenant François chercher un emplacement de cuisine, quand je reçois un coup formidable dans la poitrine. C'est un “105” qui vient d'éclater tout près de nous. François n'a rien. Moi, j'ai la respiration coupée et je me crois bien touché. Heureusement, l'éclat qui a découpé ma veste à l'emporte pièce, par un mystère inexpliqué, m'entame seulement la peau. Je le retrouve dans mon tricot. Au bout de quinze jours, la plaie est tout à fait fermée.
Nos positions sont piquetées de trous d'obus. Les trous des obus à fusée retardée sont parfois à peine visibles. J'ai gardé le souvenir d'un accident curieux :
Le soir de notre relève, une section de munitions vient vider nos coffres. Un conducteur voit brusquement son cheval de main disparaître comme par enchantement. On cherche et on ne voit rien qu'un petit trou rond. Avec une lampe électrique, on finit par découvrir la tête du cheval à un mètre sous le sol. Il a disparu dans un trou d'obus à fusée retardée, trou absolument invisible avant que le cheval n'ait, en piétinant le sol, crevé la mince couche de terre qui forme le haut de la sphère d'éclatement.
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Un souvenir assez gai. Je ramasse un beau jour une voiture qui traîne depuis trois jours sur la route. Son propriétaire m'envoie les gendarmes du Corps d'Armée. Enquête. Demande d'explications du général Duchesne qui commande le deuxième corps. Je réponds par ce compte-rendu :
29ème RAC
Le 20 août 1916
3è Batterie
Le Capitaine Desrousseaux
Commandant la 3è Batterie
à
Monsieur le Général Commandant le 2è Corps d'Armée
J'ai l'honneur de vous rendre compte des faits qui ont motivé mon refus de rendre sans certaines garanties une voiture de réquisition trouvée par moi :
Cette voiture a été abandonnée sur la route d'Assevillers à Barleux à la suite d'un violent bombardement à 200 mètres de ma batterie, dans la nuit du 11 au 12. Je l'ai aperçue le 12 au matin. Elle était sur le bord de la route, les brancards brisés.
Un cheval mort et sans harnais gisait sous elle. C'est seulement le 14 au soir, c'est-à-dire au bout de trois jours, que j'ai estimé pouvoir faire prendre une voiture qui semblait complètement abandonnée et était exposée d'un moment à l'autre à être réduite en miettes.
Je donnai l'ordre de lui remettre des brancards et de la repeindre. Mes conducteurs ont d'ailleurs couru certains risques que les anciens propriétaires avaient sans doute hésité à s'attirer.
Ma stupéfaction fut grande quand j'appris le surlendemain qu'on était venu à mon Echelon réclamer cette voiture et qu'on n'avait pas mis deux jours à la retrouver à l'arrière alors qu'elle en était restée trois à l'avant.
Entretemps, le cheval mort sous la voiture et qui, s'il ne lui appartient pas [1] est venu par un hasard extraordinaire mourir sous elle, était toujours sur la route et se décomposait rapidement.
C'est alors que j'envoyai l'ordre à mon adjudant de rendre la voiture seulement quand le cheval serait enterré, pensant donner ainsi au capitaine commandant la compagnie 4/8 l'occasion de me prouver d'une façon indiscutable ses droits de possession : je lui demandais seulement de faire la moitié de la besogne dont j'avais fait l'autre moitié et j'avais même ajouté, ce que le rapport de gendarmerie ne mentionne pas : “il est trop facile de faire faire son travail par les autres et d'en retirer tous les fruits”. Il n'a été répondu à ma demande que par le rapport ci-joint de la Prévôté. Je suis persuadé, moi aussi, qu'il y a eu malentendu, le capitaine de la compagnie 4/8 ayant été mal renseigné sur mes intentions et surtout sur les faits...
Le cheval de la voiture a été enterré hier par les brancardiers divisionnaires. Je ne vois aucun inconvénient à rendre une voiture que j'avais cru pouvoir conserver, persuadé que, si je ne l'avais pas ramenée, elle serait encore sur la route de Barleux et probablement inutilisable.
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Et le général Duchesne, qui “pigeait”, m'a laissé la voiture !
1. Le capitaine du Génie avait prétendu dans son rapport au général que le cheval s'était échappé après l'accident.
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Si la Somme a été une période terriblement dure, par contre, le repos qui a suivi de janvier à avril 1917 a été le meilleur de la campagne.
On nous envoie dans la région Toul-Nancy. Je puis faire venir deux fois ma femme.
Nous sommes particulièrement bien reçus chez madame Georgin à Gibeaumeix dont le gendre, maire du village, a l'amabilité de me redemander quand nous passons à nouveau dans la région.
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Au début d'avril 1917, nous débarquons près d'Epernay et prenons position au bois de Gernicourt ( près de Berry-au-Bar ) pour la bataille de l'Aisne... On parle d'un groupe d'armées de rupture, de réserves nombreuses : tout est préparé pour foncer le jour de l'attaque et le général de Cadoudal, commandant le corps d'armée, monte lui-même à cheval, le masque en bandoulière. Hélas ! Les réserves locales sont tout à fait insuffisantes et on voit tellement grand qu'on n'oublie qu'une chose : la résistance possible au premier choc.
Les munitions n'arrivent pas à l'artillerie lourde et on doit reculer le jour J. La préparation dure huit jours. L'ennemi a donc tout le temps de s'organiser pour la défensive. En attendant, il nous arrose jour et nuit. Les première et deuxième batteries ont fort à souffrir des obus à gaz dont l'un rentre à la première par une porte d'abri et vient percuter en plein sur la tête d'un homme que soigne le docteur. L'homme est réduit en bouillie. Le docteur n'a rien. Nos ravitaillements souffrent beaucoup aussi. Ils doivent passer par le fameux carrefour du T de Bouffignereux harcelé toute la nuit.
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J'avais repris à mon service, fin février, un de mes ordonnances de temps de paix, Thomas, la perfection même, discret, vaillant, intelligent et sobre.
Il était au T. R. ( train régimentaire ) et j'avais longtemps hésité à le retirer d'un poste peu exposé.
Le 15 avril 1917, au soir, les Boches nous marmitent fortement avec du “150”. Mon PC, composé d'une tôle cintrée, est encadré. Le couvert est mis. Le cuisinier ( Emmanuel ) et les deux ordonnances ( Thomas et Delhalle ) sont dans un petit abri assez solide au pied d'un arbre, à 20 mètres du mien.
Soudain, nous voyons arriver Delhalle couvert de sang, la figure toute noire, une jambe très abîmée. Un obus vient de tomber sur leur toit de rondins. “-Et Thomas ? Et Emmanuel ?" lui demandons nous "-Emmanuel est dans l'abri. Thomas doit s'être sauvé. Je ne l'ai pas vu”.
Nous y allons. Emmanuel est blessé. Quant à Thomas, il a en effet disparu, mais le malheureux garçon est aplati comme une galette sous sa couchette. On est obligé de l'enterrer sur place.
L'attaque du 16 avril échoue. Nous faisons ensuite, jusqu'au 14 juillet, quatre positions dans la région d'Hermonville. Le secteur est très actif et la vie aux batteries pénible.
J'ai beaucoup à souffrir des gaz dans “la cuvette infernale,” comme l'a baptisée Joinnet. C'est une cuvette de terrain près d'Hermonville au pied du “mont” Chapentier. Nous sommes là une dizaine de batteries que les Boches marmitent à tour de bras. Nous avons fait une bonne sape en neuf jours ( vrai record ) et nous l'apprécions plus d'une fois.
J'ai l'occasion d'aller revoir au village le château de Saint-Rémy qui appartient à ma tante. Il est déjà bien pillé, mais pas trop démoli. Je puis sauver quelques menus objets. Je contemple avec mélancolie le billard sur lequel j'ai fait de si bonnes parties avec monsieur Renard et dont le tapis a servi à faire des bandes molletières.
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Jusqu'à fin juillet 1917, nous allons au repos entre Reims et Epernay, à Bouzy. Le colonel me prend comme adjoint. Tout en regrettant beaucoup ma batterie, j'accepte volontiers un changement de vie dont je sentais nettement le besoin après ces trois ans de commandement à la guerre, sans un jour d'interruption.
Je sais d'ailleurs ma batterie en d'excellentes mains : c'est Joinnet qui me succède.
A ce moment, le commandant Terrière quitte le groupe pour commander le 30ème Régiment d'Artillerie.
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J'étrenne mes nouvelles fonctions près de Verdun. Nous arrivons les derniers et prenons naturellement ce qui reste.
Le P. C. du colonel se compose d'un trou qui n'est pas encore complètement recouvert quand nous arrivons. Pas de plancher. Le colonel fabrique lui-même la table. De plus, le coin n'a rien d'agréable au fond du ravin de la Dame.
Nous y recevons nos premiers “420” dont deux tombent à moins de 20 mètres de notre abri. Le sifflement est impressionnant, on dirait un train ; mais l'explosion ne nous paraît pas très supérieure à celle d'un bon “210”.
Ce ravin de la Dame a été longtemps la première ligne boche. C'est un paysage lunaire : plus un arbre, encore quelques troncs coupés à 50 centimètres du sol, une succession ininterrompue de trous d'obus juxtaposés dont les plus gros forment de petites mares ; partout des ossements, des pieds dans leur chaussure, des crânes et des débris de toutes sortes déchiquetés et redéchiquetés tous les jours.
Nous le quittons sans aucun regret, fin août, pour aller passer une dizaine de jours à l'Echelon. J'y fais de longues promenades avec le colonel sur ma nouvelle jument, Ida, que m'a laissée le commandant Terrière.
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De septembre à fin mars, nous restons à l'armée de Verdun dans la région du Morthomme et de Mouilly où nous avons déjà été en 1915. Quelques coups de main de part et d'autre. Quelques pertes aussi, malheureusement. Près de Mouilly, au bois de l'Hôpital, quatre officiers du premier groupe sont mis hors de combat en une nuit par des obus à l'ypérite.
Le P.C. du colonel.
Voici à titre de curiosité quelle est, près du Morthomme, la composition de notre P.C.
Trois étages sur la crête. En haut, le bureau des officiers, le bureau des secrétaires et leur abri de nuit. Au milieu, la “chambre à coucher” du colonel, la mienne et celle des lieutenants. En bas, la salle à manger et la cuisine. En outre, des locaux pour les hommes, le tout éclairé à l'électricité. Cela nous change de Verdun où nous étions entassés à dix dans le même trou.
A l'état-major, je suis chargé de tout ce qui a trait au tir ( positions, munitions, observatoires, ordres divers ). J'accompagne presque toujours le colonel dans ses promenades. Grandjean s'occupe particulièrement de l'administration du régiment et les deux sous-lieutenants du téléphone et de la T.S.F.
Le colonel Gèze travaille avec nous et nous menons une véritable vie de famille. J'ai ma jument sous la main, le coin est tranquille et j'aurais grand tort de me plaindre.
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Au début d'avril 1918, on nous amène en toute hâte dans la région de Montdidier pour y boucher le trou entre l'armée française et l'armée anglaise que le Boche vient de bousculer. C'est dans les villages de l'arrière-front l'affolement le plus complet, les habitants fuient comme en 1914 avec leur literie, leurs bestiaux et leurs fourrages. Heureusement, le samedi saint, l'ennemi est arrêté par la IIIème Armée.
Le château de Ricquebourg.
C'est notre P.C. pendant la deuxième quinzaine d'avril. Magnifique château, à 10 kilomètres de Montdidier, déjà à moitié pillé, mais peu démoli ( un seul obus dans le toit ). Nous y vivons dans le luxe, au moins pour le front : de vrais lits, des draps, de la vaisselle. Le parc est magnifique. Séjour enchanteur... sans les Boches.
Ils affectionnent en effet tout particulièrement le château et nous recevons de tout jusqu'à du 240 français qui fait de jolis trous dans les parterres.
Je me rappelle un bombardement de nuit de plus d'une heure, cinq ou six coups par minute. Nous nous faisons tout petits sous nos draps au premier étage... Par extraordinaire, aucun obus dans le château, mais beaucoup de carreaux cassés et quelques éclats dont l'un va s'incruster dans le mur à dix centimètres de la tête du lieutenant Traveaux. Le lendemain, nous décidons tout de même le colonel à descendre au sous-sol. Comme toute chose a ses compensations, les obus qui tombent dans la pièce d'eau nous procurent du poisson.
Un autre souvenir de Ricquebourg. En allant, le colonel et moi, remettre des croix de guerre à la deuxième Batterie, nous sommes pris sous une dégelée de 105 et nous faisons notre entrée triomphante au premier groupe à la façon des crapauds, sur le ventre. Ce que les hommes ont dû se tordre !
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Au commencement de mai, sans que rien ne puisse nous faire prévoir la chose, on nous envoie près de Nemours, à Souppes, pour prendre des tracteurs à la place de nos chevaux.
Naturellement, ma femme vient me rejoindre. Madame Gèze vient aussi et nous vivons pendant quinze jours une vraie vie de temps de paix.
Le 27 mai.
Le réveil est dur. Je transcris ici textuellement les notes que j'ai prises toutes chaudes au début de juin.
"Le 27 mai 1918, à Néry, près de Crépy-en-Valois, nous reposions tranquillement après deux longues étapes de 80 kilomètres que nos tracteurs avaient vaillamment supportées.
Nous pensions être en réserve pour un certain temps : notre transformation à tracteurs s'était effectuée très rapidement, en vingt jours, et nous avions fort à faire encore pour la mise au point parfaite de notre nouvelle organisation.
Brusquement, à six heures, nous recevons l'ordre de nous porter immédiatement à Braine dans la région de Soissons. Je prends le commandement des logements et nous filons à toute vitesse. A une dizaine de kilomètres de Braine, j'apprends tout à fait par hasard, par un automobiliste, que l'ennemi a attaqué. On n'a pas d'autres nouvelles, mais Braine qui était à quinze kilomètres des lignes est maintenant très violemment bombardée. J'arrête mes logements à deux kilomètres du village et je vais aux nouvelles. Le colonel, parti à l'armée, ne m'a pas téléphoné. Il est midi, je sens la colonne sur mes talons et ne sais que faire. Je me décide à l'arrêter à cinq kilomètres derrière moi et à attendre des ordres. Ils ne tardent pas. Le colonel, renseigné à l'armée, a changé l'axe de marche du régiment que je reçois l'ordre de rejoindre à Crouy.
Le régiment est dissocié. Les trois groupes sont dans trois divisions différentes et nous n'aurons pendant longtemps que des nouvelles indirectes des premier et troisième groupes. A Crouy, nous sommes très fortement bombardés. Nous montons à la ferme de la Perrière et nous nous installons dans une grande carrière, presque sous la ferme. Le deuxième groupe, lui, prend position à notre gauche à l'ouest de la grande route de Soissons à Béthune. Dans la soirée, nous recevons beaucoup d'obus qui n'entament naturellement pas notre abri. Nous y trouvons des couchettes et grâce à notre vaillant cuisinier, Cuviller, nous pouvons reposer un peu, l'estomac garni. Nous n'avons d'ailleurs ni bien faim, ni bien sommeil : la situation n'est pas gaie. Les Boches ont nettement crevé nos lignes et le colonel a sous ses ordres un groupe formé de deux malheureuses batteries du 251 et du 246, tout ce qui reste des deux régiments.
Le 28 au matin, des bruits alarmants circulent. Un médecin à trois galons revient affolé en nous disant que l'ennemi est à 800 mètres. Le colonel d'infanterie que nous appuyons déménage sans nous prévenir. Nous en faisons bientôt autant ainsi que la division et le colonel se porte auprès du général Maudelon, tout près du deuxième groupe, dans un hôpital qu'on vient d'évacuer. Nous y trouvons des matelas, quelques vivres, des couvertures... L'ennemi avance. Il est dans Crouy et marche sur Soissons... Il est grand temps de partir. Derrière le général très calme, la pipe à la bouche, au dernier moment, nous partons par les bois dans la nuit qui tombe. Cortège lugubre à travers les fils de fer et les anciennes tranchées. Marche lente, fronts tristes, silence de mort, vrai convoi funèbre. A notre gauche, Soissons flambe ; on dit que les Boches y sont déjà. Derrière nous la fusillade et sur nous des obus de harcèlement qui blessent quatre hommes dans la colonne. En arrivant à Cuffières, nous apercevons dans la pénombre des fantassins suspects. Ils ne sont certainement pas habillés de gris bleu... Moment d'émotion dans la colonne. Serait-ce des Boches ? Heureusement, ce ne sont que des troupes d'Afrique. Nous arrivons vers minuit à Pasly. Nous y couchons, le colonel et moi, dans une toute petite maison. Le colonel a une carcasse de lit et moi un sommier.
Le 29 au matin, nous allons voir les batteries qui ont pris position au dessus du village et nous déjeunons avec Leblanc, du premier groupe parti en liaison avec l'infanterie et égaré. Un camion envoyé par le colonel rapporte des vivres et Grandjean en fait la distribution au nez des avions boches qui nous survolent. Nous reculons encore l'après-midi et occupons des positions le long de l'Aisne vers Pommiers.
Le soir, nous changeons brusquement de division. On nous fait passer l'Aisne et nous arrivons avec la nuit à Vaux. Toutes les maisons sont déjà désertes et, chose extraordinaire, pas encore pillées.
Poules, vaches, chèvres, lapins abondent. Nous avons une impression d'isolement qui nous inquiète un peu... Les Boches, dans la matinée du 30, nous rappellent qu'ils sont là. Les batteries, sauf le groupe Isaac du 246, nous ont suivis, mais la Légion qui nous couvre est forcée, faute de munitions, de reculer et il nous faut suivre le mouvement. Dans l'après-midi, nous prenons postion à la Râperie Sainte-Créaude après avoir traversé un champ d'aviation qui brûle. Nous nous installons à Fosse-en-Haut chez de braves gens tout désemparés, bien que, depuis longtemps, ils aient fait connaissance avec les obus. Nous y recevons des nouvelles du premier groupe.
Le 1er juin, de bonne heure, l'ennemi ayant franchi l'Aisne, nous changeons de P. C. et allons nous installer à Cutry, juste sous l'église, dans une carrière. Nous y resterons deux jours. Le deuxième groupe est très bombardé. Son P. C. est bouleversé et l'état-major vivement commotionné.
Le 3 juin, journée bien dure pour le régiment. L'ennemi, s'infiltrant par l'est, arrive sur le flanc des batteries du deuxième groupe. Le lieutenant de Pas et le lieutenant Ousset sont tués, le premier en pointant une pièce sur l'ennemi, le second en cherchant à sauver les siennes. L'aspirant Laygues est mortellement blessé. Trois canons restent aux mains de l'ennemi. Nouveau repli des groupes. Le colonel s'installe le soir dans les caves du château de Riverseau dont les abords sont fortement arrosés, après avoir passé toute la journée dans un long tunnel rempli de pulpe de betterave dont nos chaussures ont gardé plusieurs jours la délicieuse odeur.
Nous y resterons deux jours. Le 5 juin, nous sommes mis à la disposition de la 51ème D. I, qui nous passe à la DCP ( cuirassiers à pied ), qui nous passe à son tour à la division marocaine. Nous retrouvons le premier groupe qui a eu un sous-lieutenant blessé, Brajeux. Notre P. C, commun avec celui de la Légion étrangère, est une immense carrière dont les Boches battent les entrées en permanence. Nous perdons là la moitié de nos téléphonistes de l'état-major".
La légion
A la grotte de Saint-Bandry, du 6 au 12 juin, nous avons vécu avec le colonel commandant la légion. Jamais on n'aura assez d'admiration pour ces gens-là. Une tenue irréprochable, une discipline parfaite, un cran superbe : le 12 juin, en pleine attaque boche, nous mangeons du pain blanc que les légionnaires ont fait cuire au matin dans un four de Saint-Bandry à 500 mètres des lignes, malgré le barrage roulant qui démolit en partie la maison où ils cuisent.
La légion a été satisfaite de notre concours et c'est pour le 29ème un motif de fierté.
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L'offensive du 18 juillet est une surprise complète pour les Boches. Ils abandonnent beaucoup de canons sans même enlever les culasses. Je suis chargé d'aller les compter le 19 au soir.
Je parcours avec Traveaux tout le ravin de Saconin, près de Soissons. Nous nous souviendrons de ce voyage. Des marmites à droite, à gauche, partout. Au moment du retour, l'attaque française reprend et les Boches répondent... dans le ravin. Jamais nous n'avons couru si vite.
J'ai compté une trentaine de canons sur le front de la division.
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A la fin d'août, après avoir participé à l'attaque du nord de l'Aisne, nous allons en batterie dans Soissons. Le troisième groupe est en plein dans les maisons. La ville est assez marmitée, mais les hommes sont heureux de jouir d'un confort relatif.
Le P. C. du colonel domine la ville et les hauteurs de la rive nord. Nous y voyons la bataille comme au spectacle : je me rappelle des mitrailleurs boches sortant de la tranchée, mettant leur mitrailleuse en batterie, la faisant cracher pendant quelques minutes, puis filant à toute vitesse par les boyaux. Je vois très nettement aussi un canon boche tirant vers l'arrière ; il envoie sans doute des messages.
Du côté français, j'aperçois les fantassins qui grimpent sur les hauteurs, précédés des tanks dont beaucoup restent en panne. Nos troupes ne me paraissent pas alors avoir beaucoup de mordant. Il est vrai que Mangin les fait attaquer deux fois par jour, sans aucun souci de leurs fatigues. On l'appelle “le broyeur de noir et de blancs”.
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Quelle différence avec l'armée Gouraud dans laquelle nous faisons l'offensive de Champagne, le 26 septembre 1918. On y sent un commandement soucieux du bien-être des hommes et avare de leurs fatigues. Les pertes sont très fortes, certes, mais les divisions restent trois jours en ligne ( au lieu d'un mois et plus à l'armée Mangin ) et sont relevées ensuite.
Beaucoup de cadavres allemands, américains et français. Près de Somme Py, le P.C. du colonel est dans une sape dont une entrée est gardée par un cadavre - à 20 mètres un petit aspirant de Montpellier et quatre fantassins tués à coups de grenades dans le boyau. Dans un trou, près de Saint-Etienne à Arnes, deux mitrailleurs boches, le crâne défoncé à coups de crosse et sur eux les deux Américains qui les ont assommés avant de mourir sous leurs coups.
Nous arrivons tout près de Vouziers et je revois avec émotion une région que j'ai tant parcourue dans mon enfance.
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En descendant de Champagne, je vais à Laon qui vient d'être délivrée. Mon mobilier a naturellement disparu. Beaucoup d'habitants, quelques magasins : j'achète une “Gazette des Ardennes”.
A mon retour, je ne trouve plus le régiment. Il a traversé Reims et est au Nord de l'Aisne, vers le camp de Sissonne.
Là, nous attaquons encore ; nous suivons le colonel d'infanterie que nous appuyons et passons une nuit en plein bled dans un bout de tranchée.
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Le 10 novembre, nous arrivons dans la région de Nancy pour une formidable offensive, à mon avis mal préparée.
Nous sommes sur place avant même les états-majors qui doivent nous employer. On nous assigne comme cantonnement la grand route et nous obstruons complètement avec nos voitures les accès d'un parc de munitions.
On sent, sans oser se le dire, que l'armistice va venir et qu'on fait déjà la guerre pour rire.
Dans la nuit du 10 au 11, alors qu'il sait certainement à quoi s'en tenir, Mangin, qui doit commander l'offensive, donne par deux fois l'ordre d'avancer. J'aime mieux ne pas répéter ce qu'un de ses subordonnés a dit au colonel à cette occasion.
Le 11, j'apprends l'armistice vers 8 heures, par un sapeur du Génie qui vient de téléphoner la nouvelle aux unités subordonnées. Le colonel et moi, nous courons à la division où on nous la confirme.
La joie se lit sur les visages, mais tous les hommes gardent une attitude irréprochable. Ils se montrent dignes de la victoire. Par contre à Nancy, le soir, c'était plus que gai.
J'ai entendu plusieurs personnes de l'intérieur me dire : “Vous devez bien regretter que la guerre ait fini si vite sans que vous puissiez exploiter votre victoire et entrer en conquérants chez le Boche”. Que les grands états-majors, qui ont la gloire sans le danger, aient abondé dans ce sens, c'est possible, mais au nom de mes camarades combattants, je réponds “non”.
Le résultat est atteint dans des conditions tout à fait inespérées. Pourquoi, pour un peu de gloriole, sacrifier encore des milliers de vies ?
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Le 22 novembre 1918, je vais à Lorient chercher l'Étendard du régiment. Je prononce à cette occasion une petite allocution ( ci-dessous ) ;
Mon commandant, Soldats du 29ème.
Le colonel commandant le 29ème m'a envoyé en qualité de plus ancien officier du régiment, chercher auprès de vous l'étendard du 29ème. Je suis heureux et fier de cet honneur, heureux de me retrouver parmi vous véritablement en famille, fier parce que je puis vous affirmer que notre étendard sera porté bien haut, là-bas, sur la frontière, conscients que sont nos hommes d'avoir fait plus que leur devoir au cours de cette longue guerre. Permettez-moi de vous dire en quelques mots l'histoire du 29ème dans ces derniers mois.
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Le 29ème, pour ses hauts faits, a mérité les deux citations suivantes :
L'artilleur a déjà un drapeau. C'est son canon. Lui aussi claque au vent de la bataille, lui aussi a ses déchirures sanglantes et glorieuses... Mais si le canon est le drapeau de quelques-uns, notre étendard est celui de tous. Il personnifie le régiment, il en est l'âme. Il nous rappelle nos traditions d'avant-guerre, nos Ecoles à feu, nos manoeuvres, nos prises d'armes. Plus tard, il dira aux jeunes ce qu'ont fait leurs anciens. Il leur transmettra ce qu'on est convenu d'appeler les habitudes du régiment, et ce qui n'est au fond que l'esprit de corps, fait de l'héroïsme des combattants, des souffrances de nos blessés, du souvenir de nos chers morts.
Et, lorsque demain peut-être, cet étendard flottera dans les rues de Mayence ou de Bingen, c'est tout le 29ème qui sera derrière lui pour crier “Vive la France”.
Au début de décembre, nous entrons en Lorraine et cantonnons dans les régions de Sarreguemines et de Boulay. J'ai un vif plaisir à constater combien, en général, les Lorrains aiment la France. La plupart des adultes parlent encore français et tous les enfants l'apprennent avec ardeur.
Nous offrons à l'occasion de Noël une fête enfantine où des petits qui ne savaient que l'allemand il y a trois mois, nous chantent la Marseillaise et nous récitent de petites fables, presque sans accent. C'est charmant.
Nous faisons une chasse impitoyable aux Boches. Je suis chargé des mesures de répression et fais enfermer entre autres l'institutrice de Créhange qui a eu le toupet de dissoudre le conseil municipal et d'en réélire un nouveau.
Je boucle aussi des Boches de Sarrebrück qui viennent chercher des vivres en Lorraine.
En quittant Boulay ( le 3 mars 1919 ), nous allons à Delme ( près de Château-Salins ). Nous y sommes fort bien reçus par le docteur François, conseiller général et maire, qui a été emprisonné un an par les Boches.
Nous y entendons une belle conférence du lieutenant interprète Hinzelin, ami du célèbre dessinateur alsacien Hansi.
Nous faisons à Delme de longues promenades en famille ( ma femme m'a suivi. Le colonel a sa femme et sa fille, madame Malcor ). Au cours de ces promenades, je recueille dans des abris du front boche les documents des pages suivantes.
Le 5 avril, nous retournons définitivement vers l'intérieur.
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Ma tombe.
Ce n'est pas une plaisanterie ! J'apprends par une lettre du lieutenant François du 4 août 1919 que je suis enterré à Vienne-la-Ville à côté de mon pauvre cousin de Léocour. Il me dit en même temps avoir donné des ordres pour qu'on fasse disparaître la croix qui porte mon nom. C'est dommage car j'en aurais bien voulu une photographie qui aurait clôturé dignement mes mémoires de guerre. Ci-joint extrait de la lettre du lieutenant François et la réponse du garde-barrière de Vienne-la-Ville qui a détruit ma tombe, le vandale ! !
Fin du texte
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Ayant dépassé la soixantaine, j'ai pensé qu'il pouvait être intéressant pour les miens, d'avoir, quand je ne serai plus là pour les faire revivre, quelques souvenirs personnels auxquels ils pourront rattacher les leurs.
Je ne raconte pas ici mes campagnes, l'ayant déjà fait par ailleurs ( album de guerre ).
Je mets en annexe des arbres généalogiques qui permettront de situer la parenté des oncles, tantes, cousins dont je parle.
Maslacq, Ecole des Roches, le 1er mai 1947.
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Je suis né à VOUZIERS ( Ardennes ) le 24 août 1886 dans la maison de ma grand-mère GUELLIOT où était né aussi mon frère Robert un an plus tôt.
Mon père, Louis DESROUSSEAUX, sorti de l'Ecole Polytechnique ( promotion 1872 ) était inspecteur des finances. Ses parents habitaient Givonne, près de Sedan. Mon grand-père y était maître de forges, mais son usine ne battait que d'une aile [a1]. Il avait cinq fils : mon père, mes oncles Georges ( qui arriva directeur de la Banque de France de Bourges ), Alfred ( qui prit sa retraite comme commandant d'artillerie ), Lucien ( il travaillait avec son père, lui succéda, mais fit de mauvaises affaires et finit représentant en métaux ), Léon ( sorti de Centrale, se maria à Vouziers, et y tint un commerce très prospère de vins et charbons ).
Ma mère était fille du docteur GUELLIOT mort prématurément d'une crise cardiaque à l'âge de 55 ans [a2]. Il avait trois enfants, mes oncles Charles ( docteur en médecine à Vouziers ), Octave ( brillant chirurgien à Reims ) et ma mère élevée au Sacré Coeur de Charleville.
Mon père, comme inspecteur des finances, n'avait pas de résidence obligatoire. Aussi était-il resté dans ses chères Ardennes et mon enfance s'écoula à Sedan dans un appartement assez triste de la Grande Rue. Heureusement, nous passions nos vacances à Vouziers, où ma bonne grand-mère Guelliot, que nous appelions "maman Vivie", nous gâtait beaucoup. Jusqu'à six ou sept ans, nous restions même à Vouziers tout l'été, pendant que mon père était en tournée d'inspection, et nous y allions en classe chez les Soeurs de la doctrine chrétienne.
A Sedan, après deux ans de classe chez les Frères qui me donnèrent le goût de l'arithmétique, on nous mit au collège ( j'avais neuf ans ), tous deux en sixième chez le père Hamal. Malade ( et j'avoue avoir tiré au flanc pour prolonger ma convalescence ), je redoublai ma classe, ce qui me permit tout de même d'arriver au premier bachot avant 16 ans [a3].
Nous avions de bons amis, Charles Rouy, Jean et Paul Lombard... que nous voyions surtout le jeudi. Le dimanche, jusqu'à la mort de ma grand-mère paternelle, nous allions à Givonne, toujours à pied, en récitant le plus souvent notre catéchisme à ma mère.
A Givonne, nous avions, pour nous distraire, des échasses et un portique de gymnastique. Ma grand-mère était tombée assez tôt en enfance, sa bonne, Léonie, était grognon. Nous préférions de beaucoup Vouziers à Givonne.
Je vois toujours ma grand-mère, alors encore lucide, donnant une claque à son curé au cours d'une partie de cartes, et le curé lui disant : "Madame Desrousseaux, je vous le revaudrai en confession !".
C'est que, dans la famille, on a toujours beaucoup aimé les cartes, mais ma grand-mère et mon père étaient assez mauvais joueurs, et se fâchaient quand ils perdaient. Nous jouions au boston et parfois au whist.
Notre vie journalière était très réglée et ma mère tenait la main à ce que nous nous couchions à 9 heures. Nous nous levions à 6 heures 1/2. Aussi ai-je toujours eu beaucoup de mal à travailler le soir. Nous étions très surveillés. Ma mère, se trouvant seule avec nous la moitié de l'année [b1], craignait sans doute que nous n'abusions de l'absence de mon père, et elle ne nous passait aucune faute. Mais elle nous a toujours très bien soignés. Excellente cuisinière, elle faisait de succulents "petits plats" ; j'ai gardé très bon souvenir de certains d'entre eux, ainsi que du plat de frites individuel, que nous valait la place de premier.
Quand j'étais malade, elle était aussi aux petits soins pour moi. Mon enfance a été assez souffreteuse - scarlatine, fièvre muqueuse, entérite... Je crois que les plats de frites n'ont pas amélioré cette dernière. Tous les mois, parfois tous les quinze jours, mon ventre gonflait, devenait dur comme une pierre. J'étais très mal à mon aise ; je n'étais soulagé qu'au lit.
Ma grand-mère de Givonne est morte quand j'avais 13 ans à la maison de retraite où on l'avait mise quelques mois plus tôt. Mon grand-père était mort depuis plusieurs années déjà.
Ma mère aimait beaucoup recevoir, en toute simplicité généralement, car nos ressources étaient modestes.
Je me rappelle les dîners de famille et le séjour à la maison de mon oncle Guelliot, ma tante et nos deux cousines [b2] quand j'avais 16 ans. C'était aux jours gras. Nous avions laissé nos lits à nos cousines et couché mon frère et moi chez madame Monnet, notre voisine. Ma cousine Françoise ( actuellement madame Martin-Guelliot ) qui sympathisait beaucoup avec ma mère est venue deux fois seule passer quelques jours. Nous étions très fiers de promener une grande jeune fille de 18 ans à son deuxième séjour, et nos camarades nous enviaient.
Il était de tradition d'aller une fois par an brûler Bismarck représenté par un mannequin au bois de La Marfée, célèbre en 1870. Françoise y est venue avec nous et quelques camarades dont Chapsal.
Je me rappelle aussi les séjours de madame Séchehaye de Nancy [b3] qui nous valurent quelques cadeaux et les passages assez nombreux de mon oncle Guelliot, appelé en consultation.
Mon père avait invité une fois toute sa "tournée d'inspection", et Caillaux, alors sous ses ordres, a dîné à la maison. J'ajoute que j'ai dîné avec Lebrun ( ex président de la république ) chez notre propriétaire, madame Gerboulet, belle-mère de monsieur Névoix, lui-même père de madame Lebrun.
Comme distractions sensationnelles, je me rappelle parfaitement la course Paris-Berlin : ces bolides mal équilibrés, sans aucun confort, sans pare-brise, marchant déjà à près de cent à l'heure avec un bruit de tonnerre ; un incendie au dépôt d'essence constitué à Balan. Je me rappelle aussi le cirque Barnum que nous avons été voir à Charleville. L'homme serpent et la femme à barbe m'ont frappé tout particulièrement.
Nous avons eu des bicyclettes à 13 et 12 ans [c1]. Nous avons été souvent en Belgique d'où on ramenait toujours un peu de contrebande ( allumettes et cigarettes dix fois moins chères qu'en France, bonbons, cartes... ).
En 1899, nous y avons été faire un tour de famille avec nos parents, mais il a fait si mauvais que les bicyclettes n'ont pu servir. Nous avons été admirablement reçus chez les Delogne à Bertrix et les Léon Bergh à Neufchâteau [c2].
Nous partions aussi très souvent en vacances à bicyclette.
Enfin, je ne veux pas quitter l'assez maigre chapitre des distractions à Sedan sans parler du patinage qui faisait nos délices. A 7 ans, je tenais sur mes patins, et ai de bonne heure acquis l'équilibre qui m'a bien servi pour commencer le ski à 45 ans.
Malheureusement, les hivers très rigoureux dans ma petite enfance l'ont été de moins en moins par la suite et les séances de patinage ont été moins nombreuses.
Nous avons quitté Sedan après mon deuxième bachot [c3]. Mes parents n'ont pas voulu nous mettre pensionnaires et je leur en suis bien reconnaissant.
Nous avons alors habité Paris, 75 rue Madame, où ma mère, puis mon père sont morts ( en 1911 et 1929 ).
J'ai fait trois ans de préparation pour l'X ( Ecole Polytechnique ) à Saint-Louis. Mon frère y a fait deux ans, puis a abandonné pour faire une licence ès sciences en un an. J'ai été reçu, ainsi qu'à l'Ecole des Mines en 1906 ; je suis entré à l'X [c4].
Bien qu'habitué à travailler, j'ai trouvé ces trois ans de Paris bien durs. Ma mémoire n'a jamais été fameuse et mon tempérament ne me permet pas un effort violent. Il a donc fallu travailler sans arrêt et sans à coup. A l'X, je ne me suis pas foulé [c5].
Voulant sortir militaire, incapable d'ailleurs de fournir l'effort nécessaire aux élèves moyens pour sortir dans la botte, j'ai toujours profité des jours de sortie et des récréations. Je n'ai jamais mis plus de 7 minutes pour déjeuner, non pas pour travailler mais pour jouer au billard.
Après avoir passé en revue ma jeunesse studieuse, je vais parler des vacances qui m'ont laissé un souvenir inoubliable.
Jusqu'à ma sortie de l'X en 1909, nous avons passé nos grandes vacances à Vouziers, ainsi qu'une partie des vacances de Pâques et les vacances du nouvel an.
La grand-mère Guelliot, quoique très courbée vers la fin, nous accueillait comme je l'ai dit, avec une affabilité charmante. La maison nous paraissait immense à côté de nos appartements exigus de Sedan et Paris.
Le petit jardin, lui-même, nous semblait grand, vu avec nos yeux d'enfants. Nous avions à Vouziers d'excellents camarades : les de Saint Avid dont le second a été tué à la guerre de 1914, et dont l'aîné, médecin à Compiègne, est resté mon meilleur ami ; Emile Van den Bergh ( neveu de notre cuisinière ) qui a fait de bonnes études, est passé par l'Ecole du Génie Maritime, et est aujourd'hui à Vaux-les-Mouron près de Vouziers où il s'occupe de reconstruction, Georges Tourneur, Maurice Lejay dont une soeur a épousé le général Trinquant, ami d'enfance de ma femme. Nous avons fait avec eux de longues promenades [d1] à bicyclette et d'interminables parties d'échecs.
En 1905, avec les de Saint Avid, nous avons fait un très joli voyage dans la Forêt Noire qui a duré 17 jours et nous a coûté 130 francs à chacun... avec quelques punaises en supplément.
Je faisais aussi, dès l'âge de 13 ans, de la photographie, et eus, plus tard, comme aide et compagnon mon cousin Maurice Desrousseaux ( et son frère Georges quelquefois ) [d2].
Enfin, et surtout, à Vouziers, nous retrouvions aux grandes vacances, les Guelliot de Reims, le docteur, sa femme, la tante Claire et nos deux cousines germaines, Françoise et Nénette. Que de bonnes parties de barre, de bicyclettes... nous avons faites ensemble ! A la maison, c'était des comédies, des charades, des petits jeux, de la photo aussi ( j'avais fabriqué un appareil avec Françoise, et nous étions très fiers des deux seules photos réussies avec lui ). Nous étions très farceurs et profitions lâchement de la surdité et de la longanimité de mon père pour lui faire maintes niches. Les vieilles filles de Vouziers ont eu aussi leur part. La nuit nous jouions, dans notre enfance, aux "rampeurs" entrant sans bruit dans les chambres et terrorisant les grandes personnes. Ma mère, très farceuse elle-même, riait de nos exploits.
J'allais oublier les parties de gaufres à Balay et chez l'oncle Charles [d3].
Hélas, ma cousine Nénette est morte d'une typhoïde à 17 ans [d4] et les vacances suivantes à Vouziers ont été assombries. Ma cousine Françoise a épousé en 1907 un ancien X, René Martin Guelliot.
Au cours des grandes vacances, en 1908 et 1909, nous avons fait, mon frère et moi, deux grands voyages dans le Tyrol et en Norvège. Dans le Tyrol, nous avons fait 1 000 km à bicyclette et 150 à pied avec un équipement vraiment trop rudimentaire [d5]. J'avais mes chaussures de l'X cloutées, mais mon frère n'avait que des chaussures de ville et dut finir le voyage en espadrilles : une paire de chaussures nous aurait coûté deux jours de voyage.
En Norvège, nous avons fait plusieurs fjords en bateau, terriblement secoués ; nous avons fait à bicyclette la route de Christiana ( Oslo ) à Bergen. Nous étions d'accord sur le circuit, mais je voulais le faire dans un sens, et mon frère dans l'autre, d'où querelle assez vive que ma mère dut arbitrer : je l'emportai, je crois. Pour ces voyages, nous tapions toute la famille et avions réussi à avoir chacun 300 F pour le premier, 600 F pour le second. Nous avons pu les faire durer un mois chacun.
Au cours de ces vacances aussi, nous allions très régulièrement pour huit jours à Clermont en Argonne chez l'oncle Périnet, frère de ma grand-mère [e1] et, à Sainte-Menehould, nous nous arrêtions au retour pour déjeuner chez sa fille madame Wiriath. Nous y étions, comme à Clermont, très bien reçus.
Entré à l'Ecole de Fontainebleau en 1909, je passai encore à Vouziers un mois en 1910, mais ma grand-mère était morte dans l'année et les vacances furent tristes.
Un mot des vacances de Pâques à Reims. Le lundi de Pâques, nous partions, souvent à bicyclette, de Vouziers pour Reims chez les Guelliot. Nous y étions très bien accueillis dans un cadre vraiment luxueux à côté de notre modeste intérieur.
Mon oncle était très gai, malgré ses soucis professionnels, j'ai dit qu'il était chirurgien, ma tante très bienveillante et nos cousines charmantes. C'était l'époque de la foire, et je garde le souvenir enchanteur des baraques - Versailles et attractions : théâtre des singes, théâtre de Saint-Antoine, manèges divers, gaufres, sucres d'orge etc [e2]. Que de bonnes journées jusqu'à la mort de Nénette. Nous allions à Hermonville chez madame Renard, mère de ma tante, qui savait nous mettre à l'aise et avait vraiment le don de recevoir [e3].
J'en arrive à ma carrière d'officier.
Nommé lieutenant d'artillerie à Laon ( Aisne ) en octobre 1910, j'y ai eu comme capitaine un grand équitant : Terrière, qui m'a donné le goût du cheval et surtout du pur-sang, facile à manéger.
Je me suis fiancé en mars 1911 à Mademoiselle Marie Barat. Notre mariage dut être retardé de quelques jours à cause de la mort de ma mère, enlevée par une embolie le 3 juin 1911. Ce fut une grande perte. Ma mère avait le don de s'attacher ceux qui la connaissaient et elle eût été pour ma femme, si jeune ( 19 ans ), et orpheline de sa mère, un conseil et un appui précieux.
Ma fiancée avait deux frères, Jacques à Navale et Pierre. Notre mariage eut lieu en petit comité, le 11 juin 1911. Après un voyage de noces en Belgique et Hollande, je ramenai ma jeune femme à Laon.
Garnison assez triste et très collet monté.
Ma femme fut heureusement très bien accueillie par la famille du vétérinaire major Brocheriou qu'elle a toujours continué à voir, mais nous appréciions des fugues assez fréquentes à Paris et Reims [f1]. Nous avions une bonne et une ordonnance, Thomas, la perfection même ( tué en 1917 à la guerre ).
Au bout de neuf mois, première naissance. Ce fut un fils, Jacques. Il ne m'en voudra pas si je dis que nous eussions préféré une venue un peu plus tardive.
Il s'élevait très facilement quand j'appris à Paris par télégramme, en septembre 1912, que mon groupe partait pour le camp de Sissonne. J'y allai seul, d'abord, puis louai une petite maison à la gare du camp ( St-Erme ), où ma femme et mon fils vinrent me rejoindre. Ma femme s'est mieux plue à Sissonne qu'à Laon. Nous circulions beaucoup [f2], jouions au tennis, allions presque tous les dimanches à Reims. En avril 1914, le groupe revint à Laon et il fallut faire un troisième emménagement dans une grande maison de briques rouges perchée sur la colline. J'avais une écurie qui me permettait d'avoir mon cheval sous la main. Nous avions retrouvé à Laon le capitaine et madame de Léocour, fille d'une cousine germaine de mon père [f3].
Nous étions en vacances à Cabourg, en juillet 14, quand je fus rappelé par télégramme. La guerre éclatait. Ma femme vint, seule, me rejoindre pendant 48 heures, et put emporter bijoux, argenterie et linge, mais tout notre mobilier fut enlevé par les boches [f4].
Pendant la guerre, que j'ai racontée par ailleurs, je pus, en dehors des permissions, voir assez souvent ma femme qui venait courageusement me rejoindre au travers des filets de la gendarmerie, dès que nous étions au repos. Je n'oublie pas les séjours qu'elle fit à Toul [f5] en décembre 1915 et à Gibeaumeix en janvier 1917.
J'ai eu la chance de sortir à peu près indemne de la guerre ( une blessure légère et un gazage sérieux qui a été sans doute à l'origine d'un accroc de santé en 1930 ).
J'avais récolté un galon en 1915 et trois citations en 1915, 1916, 1918.
En 1919, nous nous établîmes à Metz où je suis resté jusqu'en 1926, successivement interrogateur de mathématiques dans un centre de préparation à l'X ( 3 mois ), commandant de groupe et de batterie au 186ème lourd ( 3 mois ), adjoint au général commandant le centre d'études d'artillerie ( 4 ans ), professeur au cours de défense contre avions ( 2 ans ).
Nous avions trouvé un grand appartement à Montigny ( 58 km de Pont à Mousson ) sans chauffage central, malheureusement ; ma femme surtout y eut bien froid. Peu après notre installation, en avril 1920, naissait mon second fils, Michel [f6], tandis que Jacques, âgé de 8 ans, poursuivait ses études au lycée de Metz. Son professeur, monsieur Cuny, était très content de lui.
Quand ma femme fut rétablie, nous sortîmes beaucoup, et cela jusqu'à notre départ. Il y avait de nombreux bals, à la préfecture, au cercle militaire, chez des particuliers, et des réunions fréquentes chez les uns et les autres. N'aimant pas beaucoup la danse, je me consacrai au bridge ; nous formions avec Plontz, de Brem et quelques autres ce qu'on appelait un peu ironiquement "l'académie". Ma femme, pendant ce temps, dansait à coeur joie ainsi que ses bonnes amies, les Cambuzat, les de Boucherville... Elle s'était beaucoup liée aussi avec les enfants du général Germain ( dont l'un était un de mes camarades de la D.C.A ), madame Martin Prevel, madame Derindinger et madame Cabestan [g1].
Bref, nous avions une vie mondaine très active et j'avais, par ailleurs, surtout au Cours de D.C.A, des occupations intéressantes.
Nous avions aussi des visites de l'extérieur.
En 1919, avec mon beau-père, nous avons identifié dans une fosse commune le corps de mon beau-frère ( Pierre Barat, sortant de St-Cyr, tué près de Jopécourt le 22 août 14 ).
Il est venu à la première communion de Jacques ainsi que mon père, déjà très diminué intellectuellement. Mon frère et sa femme ont séjourné également chez nous. Nous avons reçu plusieurs fois ma cousine Marguerite Dauphin [g2], mariée depuis à monsieur Renaux, ingénieur à Metz. Nous avons eu aussi des cousines de Belgique ( Delogne et de Loneux ), les Desrousseaux de Vouziers, les Chanoine, mon beau-frère Jacques Barat, le docteur de Saint-Avid, etc...
Pendant les vacances, nous sommes allés en Belgique ( en 19 et 21 ) à Sainte-Odile, à St-Jean-de-Luz ( en 22 ). Ma famille a séjourné à Pornichet, au Zoutre et Jacques en 23 au Luxembourg pour apprendre l'allemand.
Ledit Jacques remportait à peu près tous les premiers prix tandis que Michel poussait assez difficilement.
Je m'étais aperçu que Jacques avait la bosse des maths. Presque tous les soirs, nous travaillions ensemble quelque problème, et je lui avais même montré les théorèmes principaux du cours de spéciales ( il avait alors 14 ans ). Il suivait assidûment nos parties de bridge et devint plus tard de première force.
En 1925, la santé de ma femme s'altéra [g3]. Le docteur Stern de Briey dut lui faire l'ablation d'un ovaire. Les sorties peut-être trop nombreuses, l'excès de sport l'été, et aussi les soucis ménagers, sont sans doute la cause de cet accident de santé.
Si nous avons eu la quantité de service domestique à Metz, la qualité n'était pas brillante. Marie de Donjeux et Suzanne, dite zaza par Michel ( dit lui-même Mimi ) étaient convenables, mais, à côté, que de souillons. Je me rappelle une petite bonne à qui ma femme avait commandé un plat d'asperges pour notre rentrée du tennis, et qui nous avait servi les queues, après avoir jeté les têtes aux ordures... et comme ma femme se fâchait, lui disant "oh ben ! si vous voulez les têtes, je vais aller vous les chercher dans la boîte". Une autre a donné des poux aux enfants, et je vois toujours le
pauvre Jacques rasé comme un galérien. Une troisième nous a volés. Bref, nous avons dû avoir recours à la vieille Anna, ancienne bonne de mon beau-père, retirée au Luxembourg.
En 1926, après avoir passé les vacances à St-Jean-de-Luz où mon beau-père venait de se retirer, j'ai reçu une mutation pour l'Ecole de Fontainebleau [h1]. Quand j'y arrivai par un froid de canard, je couchai d'abord à l'Ecole, puis nous louâmes un petit appartement et, en janvier 27, pouvions enfin nous réinstaller dans nos meubles. Michel était resté à St-Jean-de-Luz où il fut très malade d'une diphtérie. Jacques était pensionnaire au collège, puis externe après janvier.
En mars 1927, naissait Nicole à la clinique. Je passai commandant vers la même époque. A l'Ecole, j'étais chef du cours d'artillerie sous les ordres du général Noguès que nous appréciions beaucoup. Vie militaire très agréable. Travail intéressant et modéré. Notre service domestique était imparfait, et il fallut faire revenir la vieille Anna toujours dévouée, mais déjà fatiguée. Ma femme était assez souffrante, et dut se séparer de Nicole qu'on mit en pension chez une brave femme des environs. Nous avions peu de relations mondaines, mais voyions assez souvent mes camarades Arnaud et Bonnet.
J'allais à Paris toutes les semaines voir mon père et l'aider. Il était tout à fait en enfance. Ma femme, de son côté, passait 48 heures à Paris tous les mois chez son amie madame Barau [h2]. En 1928, Jacques obtint le premier prix de maths, au concours général.
Ce fut une grande joie pour nous, et un évènement dans Fontainebleau. Le conseil municipal lui vota des félicitations et, à la distribution des prix, le principal voulut que je m'assoie à ses côtés, et il me couvrit de fleurs, que j'avais guère méritées. Jacques reçut de M. Doumergue, président de la République, une poignée de main, et de M. Herriot, une formidable pile de bouquins. Nous étions présents et bien fiers. Je montais beaucoup à cheval, ayant trouvé à l'école un pur-sang assez difficile qu'on ne voulait plus laisser aux élèves, et, avec lequel je me suis, en somme, assez bien entendu. Je parcourais la forêt en tous sens et assistais à quelques chasses à courre.
En 1929, il fallut opérer à nouveau ma femme, opération totale cette fois. Peu après, mon père mourait, et nous le conduisions à Vouziers, auprès de ma mère.
Jacques, entré à Saint-Louis [h3] dans la même taupe que moi, réussissait brillament après quelques accrocs de santé, au début ; mais, trop jeune, il ne put se présenter à l'X qu'en 1930. Il fut reçu premier à l'X et à Normale Supérieure. Malheureusement, à peu près au même moment, j'eus un gros ennui de santé. A la suite d'une petite hémoptysie due, peut-être, à des fatigues répétées ( passé au 306ème d'artillerie, j'avais été successivement au camp de Châlons avec des réservistes, au camp de Mailly suivre un cours, et au camp de Valdahon faire passer des examens, ce qui prouve que dans la vie militaire on est souvent professeur et élève ), j'allai consulter mon ami de Saint-Avid qui m'ordonna un repos de six mois en montagne.
Jacques vint à Hauteville me montrer son uniforme ( il avait opté pour l'X ). J'y eus aussi la visite de ma femme. Hauteville était bien triste ; on n'y entendait parler que de pneumos, de phrénis, de toraclos, et les grands malades y abondaient. Aussi n'y restai-je pas. Je finis mon repos en Suisse à Montana, dont j'ai gardé un délicieux souvenir.
Je repris du service au printemps et, à la fin de l'année 31, sollicitai ma mutation pour Grenoble.
A Fontainebleau, comme à Metz, nous avons eu de nombreuses visites, mais en général assez courtes, pouvant difficilement coucher nos hôtes dans notre petite maison, très gaie du reste, de la rue de la Forêt. A la première communion de Michel, étaient ma tante Guelliot et ma cousine germaine Wiriath [i1]. Mon beau-frère est venu souvent nous voir. Mon frère est venu aussi.
Les miens quittaient Fontainebleau pour Saint-Jean-de-Luz pendant les vacances. J'y suis allé aussi [i2] mais pas tous les ans. En 1929 et 1931, j'ai séjourné à la Brodière chez ma cousine Martin-Guelliot.
Donc, en octobre 31, je partis pour Grenoble où je restai seul toute une année.
Ma femme, Michel et Nicole étaient encore à Fontainebleau, et Jacques faisait sa deuxième année d'X à Paris. Il pouvait ainsi revenir facilement au foyer familial.
Encore assez faible, je craignais, bien qu'on ne m'eût pas trouvé de bacilles de koch, d'être un jour ou l'autre contagieux, et préférais l'isolement jusqu'à complète stabilisation.
A Grenoble, j'entrais comme professeur d'artillerie à l'Ecole de montagne. Le colonel Crochet [i3] eut l'amabilité de ne pas m'astreindre à y venir l'après-midi, et m'envoya à Briançon passer un mois d'hiver, ce qui me permit de m'initier au ski et fut excellent pour ma santé. J'ai gardé un souvenir bien agréable des trois ans passés à l'Ecole de montagne où je continuai d'ailleurs jusqu'en 1936 à prendre part aux stages biannuels de nos élèves. Nous assistions à toutes les manoeuvres alpines, généralement comme arbitres ; nous passions, l'hiver, un mois dans la neige à Briançon ou Lanslebourg, près de Modane, et, l'été, nous avions encore un mois de montagne dans les diverses vallées des Alpes.
Il y avait souvent des reconnaissances préalables à faire et je fis des voyages et des excursions inoubliables. Malgré mon âge, plus de 45 ans, j'arrivai très bien à pratiquer le ski et à me débrouiller dans tous les terrains, sans naturellement faire des performances [i4].
Je passai lieutenant-colonel à l'Ecole de montagne en décembre 1932. Cependant ma famille était venue me rejoindre à la villa Belledonne, pension de famille où j'habitais. Cette pension était confortable, bien chauffée, avec un grand jardin où on pouvait lézarder l'été. Bien protégée par le mont Rachais et située à La Tronche en plein air, elle était agréable à tous points de vue [i5]. Aussi, nous n'avons pas cherché d'autre installation. Michel et Nicole allaient en classe dans deux écoles religieuses du voisinage, et ma femme pouvait se reposer et rétablir sa santé assez ébranlée par ses deux opérations. Ils se mirent tous au ski. Nous acquîmes une voiture au début de 1933 que ma femme avait grand plaisir à conduire. Cela nous permit des déplacements bi-hebdomadaires au col de Porte, le jeudi, à l'Alpe d'Huez le dimanche pendant l'hiver. J'avais amené mon pur sang, Renédal, de Fontainebleau, et je montais à cheval presque tous les jours.
Jacques, sorti premier de l'X et sous-lieutenant à Fontainebleau, vint nous voir en 1933. Nous montâmes à cheval ensemble [j1].
Mon beau-père mourut l'été 1933. Il avait presque perdu la vue et on décida l'opération de la cataracte. Il fit de la gangrène d'une jambe, qui l'enleva.
Ma femme put arriver à temps à St-Jean-de-Luz pour assister à ses derniers moments. Sa perte fut douloureusement ressentie, car il était non seulement un père et un beau-père parfait, mais un conseiller précieux dans tous nos ennuis. Mes enfants l'aimaient beaucoup.
Pendant l'année 1934, je quittai l'Ecole de montagne pour le 154ème d'artillerie à pied ( colonels Monrozier puis Ardaillon ). Nous étions deux lieutenants-colonels et n'avions pas grand chose à faire, puisque le plus grand nombre de nos batteries étaient en position en Maurienne, Briançonnais et Ubaye, où nous allions volontiers les voir, et faire un peu de montagne.
En 1935, je fus chargé de présider les jurys de l'examen de P.M.S ( préparation militaire supérieure ) dans toute la France. Cela me procura un agréable voyage largement payé, à Paris, Nancy, Lyon et Toulouse, mais me coûta mes galons de colonel [j2], mon divisionnaire ne m'ayant pas pardonné d'avoir manqué les Ecoles à feu [j3]. En 1936 et 37, je dirigeai à Modane le cours des officiers supérieurs d'artillerie relatif au tir en montagne.
Nous eûmes à Grenoble un certain nombre de visiteurs : mon beau-frère, mon frère, madame Barau entre autres. Pendant les vacances, ma femme allait avec les enfants à Saint-Jean-de-Luz tandis que je faisais mes voyages en montagne. J'ai passé à Saint-Jean un mois en 1932, 1935 et 1937 et fait divers petits séjours dans ma famille [j4].
En octobre 1937, j'étais nommé au commandement du 502ème régiment de D.C.A à Metz, pour rejoindre en novembre.
Michel venait de passer sa première partie du bac. Ma femme gagna Metz directement avec lui et Nicole qui avait dix ans. Ils entrèrent tous deux au lycée.
Jusque fin décembre, nous fûmes en pension chez madame Weiner, brave Lorraine qui nous soigna de son mieux.
Nous pûmes trouver un appartement rue Barlé de Marbois, tout près du lycée de filles, et nous fîmes revenir nos meubles ( au garde-meuble depuis 5 ans ).
Le séjour à Metz eût été agréable si je n'avais pas eu un gros travail à mon régiment qui comprenait quatre groupes à Metz et deux à Laon. On sentait déjà la guerre venir, et, si près de la frontière, nous étions toujours sur le qui-vive.
Nous avions retrouvé à Metz nos cousins Renaux et quelques amis de l'après-guerre, les Germain et les de Brem entre autres [k1]. J'allais faire tous les jours mon bridge au cercle militaire.
Nous pûmes aller faire du ski à la Bresse ( Vosges ) où habitait ma cousine Missy Bergh ( mariée à un industriel, Monsieur Roussel ) en 1938 [k2] ; et à l'Alpe d'Huez, après un voyage pénible en auto, en 1939. Nous retrouvâmes à Grenoble Michel qui vint avec nous à l'Alpe. Il avait passé son bac de math. élém. en 1938, et préparait à l'I.P.O de Nantes l'examen d'Ingénieur mécanicien de la marine.
En juillet 38, ma famille partait à Saint-Jean-de-Luz et je faisais un court voyage en Belgique et dans ma famille ( Vouziers, Magny ).
Au moment où la situation commençait à se tendre, j'allai à Saint-Jean aux obsèques de la tante de ma femme, mademoiselle Barat, qui était une mère pour ma femme, et que j'aimais beaucoup aussi.
Nous mobilisâmes partiellement en septembre 38 pour recommencer en avril 39, après l'occupation de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne.
En août, ce fut la mobilisation définitive. Je quittai mon appartement pour monter à Gravelotte [k3].
Ma femme était partie à Saint-Jean-de-Luz avec Nicole et la bonne. Elle emportait les bijoux et une partie des titres [k4]. Je pus lui envoyer le linge et des vêtements. En novembre, nous embarquâmes le mobilier pour Blois où il est encore [k5].
Jacques avait quitté la France pour l'Indochine au mois de novembre 38. Michel était à Nantes ; nous nous trouvions bien égaillés.
Ma femme, pendant la guerre, fit arranger la maison de famille, 2 route de Bayonne à Saint-Jean-de-Luz. Je la vis à Barèges en janvier 40 où nous fîmes du ski, puis en mai.
Jacques venait de se marier en Indochine [k6]. Nous passions une permission très agréable à Saint-Jean quand, le 10 mai, je fus rappelé par l'attaque allemande.
J'ai fini la guerre à Aix-en-Provence. Après avoir vu ma femme à Pau [k7] en novembre, je pris la grave décision de quitter l'armée. Mon beau-frère ( comme mon frère ) était prisonnier et il fallait défendre la maison de Saint-Jean contre le Boche. Ma femme ne pouvait donc pas me rejoindre à Aix. Les communications postales étaient presque inexistantes. Je n'ai pas voulu la laisser seule avec Nicole.
Je quittais une carrière honorable puisque, normalement, commandant par intérim de brigade depuis 39, je devais la finir avec deux ou même trois étoiles, mais, je l'avoue, sans grand regret. L'armée de l'armistice ne m'enchantait guère, sous la botte prussienne.
Je regagnai donc Saint-Jean-de-Luz où je restai jusqu'en octobre 1942 [l1]. Michel fut reçu à Navale ( Ingénieur mécanicien ) fin 41. Il retrouva son oncle le capitaine de frégate Barat, à Toulon.
A Saint-Jean, j'étais professeur de maths au Cours Harrasoain où était Nicole. Ma femme ayant décidé de la mettre pensionnaire à Biarritz ( à N.D de Sion ) et désirant vivement, après la guerre, habiter Paris, je me rendis dans la capitale pour chercher une place de professeur, n'ayant plus de raisons pour rester au Cours Harrasoain assez mal tenu.
Je ne trouvai rien à Paris, mais acceptai une place à Vannes chez les Jésuites, après accord de ma femme.
J'y fus très bien ; j'y restai deux ans. Ma femme avait été très fatiguée en 1943 par un déménagement rapide ( occasionné par un ordre d'évacuation d'ailleurs rapporté ), et aussi par les soucis ménagers joints à la déficience alimentaire [l2]. Elle se mit à cracher le sang en janvier 44 et un médecin local diagnostiqua une fissure de l'aorte, me disant ( en février 44, date à laquelle j'allai à Saint-Jean ) qu'il fallait s'attendre à une mort subite. Je revins à Vannes bien découragé. Un spécialiste de Bordeaux diagnostiqua, lui, de la tuberculose et envoya ma femme au sana à Cambo. Mais, à la suite d'étouffements très violents et d'un nouvel examen, ce même médecin prescrivit un traitement à la fondation anticancéreuse Bergonié. C'est là que je la revis en juillet 44, après être venu de Vannes à bicyclette.
Elle se rétablit bien, et passa un an à Cambo où il y avait du chauffage et une nourriture acceptable [l3].
Quant à moi, j'acceptai une place de professeur à Toulouse ( qui me rapprochait de ma famille ), après avoir passé trois mois à la Brodière.
Ma femme avait regagné Saint-Jean-de-Luz pour les vacances 45, j'y étais moi-même ainsi que Nicole, toute heureuse d'avoir son bac de philo.
Le malheur allait s'abattre sur nous. Nicole, qui avait eu un peu de pleurite en mars 45, paraissait rétablie, quand, sans que nous puissions le prévoir, une méningite tuberculeuse l'enleva en huit jours à Blois où elle achevait ses vacances chez mes cousins Lafargue [l4]. Nous arrivâmes tout juste, ma femme et moi, pour qu'elle nous reconnût. Je venais d'accepter une place à l'Ecole des Roches.
Ma femme reçut un coup terrible. Elle adorait Nicole qui avait été sa compagne à Bergonié et à Cambo, pendant ses petites vacances [m1]. Elle montra néanmoins une énergie admirable et me demanda de rester aux Roches.
En décembre 45, et surtout en janvier 46, après un nouveau traitement à Bergonié et un zona contracté à l'hôpital, elle s'affaiblit. Je pensai bien la perdre alors, mais elle se remit un peu et put accueillir debout sa belle-fille et ses quatre enfants en juin. Ils rentraient d'Indochine par Toulon où j'étais allé les chercher. Jacques revenait en mission. Michel [m2] avait une permission et mes deux fils purent revoir une dernière fois leur maman.
Celle-ci, ayant de violents maux dans le cou, subit un troisième traitement en octobre. Elle rentra seule de Bordeaux ; nous allâmes encore ensemble le 2 novembre sur la tombe de Nicole que j'avais fait revenir de Blois en septembre, puis à la clinique voir notre cinquième petit-enfant, Jean-Claude.
Mais bientôt, ma pauvre femme contractait une congestion pulmonaire qui l'emporta le 14 novembre 1946 [m3]. Elle repose au cimetière de Saint-Jean-de-Luz à côté de sa fille.
Me voilà donc bien seul aujourd'hui. Heureusement, Jacques est revenu en congé à Saint-Jean-de-Luz et c'est une joie pour moi, le dimanche, de le voir ainsi que sa famille.
Marcel DESROUSSEAUX
Maslacq, Ecole des Roches, ler mai 1947
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Je vais avoir 70 ans, et ajoute une courte notice à mon "curriculum vitae" écrit il y a neuf ans.
Rien de bien nouveau. Quelques naissances : Nicole ( 48 ), Jacques ( 55 ) chez mon fils aîné ; Geneviève ( 50 ) chez les Cochinard. Un seul deuil, mais cruel [n1] mon neveu, le docteur Cochinard, se tue en avion à Tunis en janvier 56.
Après être resté comme professeur de maths à l'Ecole des Roches jusqu'à 65 ans, à Maslacq d'abord, puis un an à Clères, je me suis retiré à Paris où Jacques est directeur des Mines. J'ai habité deux ans chez la tante Wiriath et suis maintenant à l'hôtel de Suède, rue Vaneau. Ma chambre donne sur le Parc Matignon : silence complet et vue bien agréable.
Je donne encore quelques leçons de maths pour m'occuper. Cette année scolaire, par exemple, j'ai fait travailler sept jeunes filles de 15 à 18 ans, sans compter mes petites-filles, et cinq garçons d'âge analogue. J'ai fait aussi passer des "colles" aux H.E.C à Sainte-Geneviève, et des examens trimestriels à plus de trente jeunes filles des "Oiseaux" dont la supérieure est la fille du général Cazin.
Avec ces occupations, les dimanches chez Jacques, les visites à ma cousine Françoise Martin-Guelliot et les bridges quasi-quotidiens au cercle militaire, je n'ai pas le temps de m'ennuyer.
Pendant les vacances, je fais beaucoup de solex. J'ai, à ce jour, traversé douze fois la France - de Vouziers ( où je passe quinze jours très agréables chez ma cousine Madeleine Desrousseaux ) à Saint-Jean-de-Luz - ou de Saint-Jean-de-Luz à Paris.
L'hiver, je fais encore du ski avec le groupe X de Paris, le plus souvent à Davos. Une fracture de l'os iliaque en sept 54 m'a valu 30 jours d'immobilité, mais ne m'a laissé aucune séquelle, de sorte que je faisais du ski six mois plus tard.
On vient de m'opérer de la prostate. Depuis trois ans, j'avais des pesanteurs dans la vessie et j'ai suivi les conseils de l'excellent chirurgien du Val de Grâce. Me voilà reparti pour une nouvelle jeunesse ( ! ! ).
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La nouvelle jeunesse continue.
Toujours des leçons de maths et des bridges. Encore 10 jours de ski à Engelberg en 1959-60, mais cette année une pleuropneumonie m'a empêché de retourner au ski. J'ai passé 50 jours au Val de Grâce et à Percy et ai, je crois, été assez malade.
Mes petits enfants ont récolté pas mal de diplômes. Monique ses bacs, Michèle 2 certifs de licence, Philippe le bac de math élémentaire, Jean-Claude son BEPC.
Un deuil : l'oncle Jacques est mort en 1958 d'un cancer de la vessie.
Mes traversées de la France en solex ont continué sauf cette année : 17 en tout.
Jacques est maintenant directeur aux Charbonnages de France et Michel a quatre galons.
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Cela y est. J'ai 80 ans et, ma foi, ne me porte pas trop mal : la jambe droite un peu lourde, quelques crises d'entérite.
Je fais encore du solex et me sentirais capable de refaire quelques traversées de France si j'avais un compagnon... pour me ramasser. Un peu de ski, pour rire, en 65. Trois de mes petits- enfants sont mariés ( Monique, Michèle, Philippe ) et je suis deux fois arrière-grand-père.
Un deuil en octobre dernier. Ma belle-soeur Germaine Desrousseaux paralysée depuis cinq ans est morte à Ossun. Mon frère pense entrer à la maison de retraite de la légion d'honneur. Je continue à jouer au bridge avec succès, ce qui me rassure sur l'état de mes méninges et aussi à donner quelques leçons de maths.
Jacques est directeur général adjoint des Charbonnages et Michel a cinq ficelles.
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Tant pis, j'attends encore un an avant de poursuivre. C'est peut-être audacieux !
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J'ai 85 ans, et si ma démarche n'est pas brillante ( col du fémur cassé et bien réparé, mais lourdeur de la jambe droite ), ma santé n'est pas mauvaise.
Depuis cinq ans, un nouveau mariage, Alain, et me voilà à la tête de six arrières-petits- enfants.
Pas de deuil très proche, mais un grave accident d'auto a coûté la vie à une cousine et à ses deux enfants.
Plus de solex, hélas, depuis mon accident. Encore le bridge tous les soirs au Cercle militaire et un peu de maths pour m'occuper.
Michel, mon deuxième fils, est marié à Brest depuis 4 ans.
Je suis maintenant dans une pension de famille à Paris assez confortable. Mon adjoint de la guerre de 40, le colonel Sansen, est mort en octobre 70.
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Comme disait mon frère ( décédé en janvier ) "je fais du rab" et l'accepte volontiers, étant encore à peu près sortable. Un septième petit-enfant, Chloé, chez Philippe. Michel est capitaine de Vaisseau.
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Je suis toujours là.
Démarche pas brillante. Un pépin assez sérieux en octobre 72 ( vessie bouchée ) qui après deux mois d'hospitalisation me vaut encore un... fil à la patte, si j'ose dire ! A part cela, je tiens le coup.
Une mort qui m'a peiné, en mai 73 : ma cousine Madeleine Desrousseaux de Vouziers chez qui j'ai séjourné plus de 20 fois avant, pendant et après mes randonnées en solex s'est éteinte dans une maison de retraite.
Avec ma cousine, Françoise Martin-Guelliot, morte il y a 4 ans et qui passait avant son mariage ses vacances à Vouziers chez notre grand-mère Guelliot, cela fait deux deuils qui me sont très sensibles.
J'ai pu, encore cette année, passer les vacances à Brest et Saint-Jean-de-Luz où mes belles-filles se sont dépensées pour moi.
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Encore en vie.
Ma belle-soeur Barat est morte subitement le 26 décembre 73 et la maison de Saint-Jean-de-Luz est maintenant à mes fils. Nouvelle pension à Paris rue Saint-Romain. Encore des bridges au cercle militaire.
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Toujours en vie. Bientôt 89 ans.
Démarche difficile. Encore des bridges dont sept chez Madame Vincendon. Et un peu de maths modernes à Paris.
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Je bats tous les records de ma famille avec mes 90 ans fêtés à Saint-Jean-de-Luz avec les Jacques.
Encore des bridges où je vais en tirant la patte.
Jacques-Yves mon dernier petit fils va sortir brillament de l'X. Il fait honneur à son père.
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Je supporte aussi bien que possible mes 91 ans. Bridges à Paris au Cercle militaire et à Duconténia ou chez Madame Vincendon à Saint-Jean-de-Luz.
Jacques-Yves sort dans les Ponts et Chaussées.
Jean-Claude se marie le 10 septembre. J'ai 6 petits-enfants mariés et 10 arrières-petits-enfants.
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[a1] Ma grand-mère Adèle Bergh était fille d'un notaire de Neufchâteau ( Belgique ). Mon père avait de nombreux cousins belges ( Les Léon Bergh, les Delogne, Decoux, de Loneux entre autres ).
[a2] Ma grand-mère, Octavie Périnet, était fille d'un notaire de Monthois ( Ardennes ). Son frère "l'oncle Périnet" était notaire à Clermont en Argonne ( sa fille Hélène épousa M. Wiriath, notaire à Sainte-Menehould ).
[a3] Nous avions au collège des classes peu nombreuses - 6 ou 7 élèves - et en général d'excellents professeurs dont j'ai gardé très bon souvenir ( Messieurs Varin, Pouthier, Barthélémy entre autres ).
[b1] Mon père partait en tournée pour six mois au début du printemps.
[b2] Françoise et Antoinette dite "Nénette".
[b3] Fille de l'oncle de Guerville dont la femme était soeur de mon grand-père.
[c1] En 1898.
[c2] Cousins germains de mon père. J'ai eu l'occasion de revoir à La Bresse, madame Roussel, née Missy Bergh, avec laquelle nous avions joué à Neufchâteau et qui, jeune fille, sortait chez nous à Paris avec sa soeur Léa.
[c3] En 1903. Mon père passait inspecteur général peu après.
[c4] J'avais encore un an devant moi, mais ai pu entrer grâce à des démissions.
[c5] Avant d'entrer à l'X, ma promo a fait un an de service. J'ai été canonnier, puis brigadier à Vannes. Cela a été bien ennuyeux, mais excellent pour ma santé et ma formation militaire.
[d1] Et aussi à cheval avec les de Saint Avid et Van den Bergh. Le colonel du 3è cuirassiers nous avait autorisés à monter au régiment. Nous sortions presque tous les jours. J'ai ainsi commencé à monter à 13 ans.
[d2] Fils de Léon Desrousseaux, le plus jeune frère de mon père. Il avait deux autres enfants, Madeleine toujours en vie et André, faible d'esprit, mort depuis dix ans.
[d3] Frère de ma mère, médecin à Vouziers très gentil pour nous, mort prématurément en 1907.
[d4] En 1905.
[d5] Je crois bien que nous n'avions pas de chandail, mais seulement un caleçon et une chemise de flanelle comme rechanges, et une pélerine de caoutchouc. C'est dire dans quel état de crasse nous rentrions.
[e1] Mon oncle Périnet m'a donné 5 Louis quand j'ai été reçu à l'X. Une fortune pour moi ! Il est mort en 1907.
[e2] Nous allions généralement aussi au Cirque et au théâtre voir les fééries. Je n'ai pas oublié le "tour du monde en 80 jours".
[e3] Grâce à madame Renard qui nous a prêté son appartement, nous avons pu aller passer huit jours à l'exposition de 1900 à Paris. Nous avons aussi séjourné plusieurs fois chez elle pendant les grandes vacances à Hermonville.
[f1] A Paris, chez mon beau-père M. Barat, juge d'instruction qui s'était établi peu après notre mariage 108 rue du Ranelagh ; à Reims chez mon oncle le docteur Guelliot.
[f2] J'avais acheté un poney et un tonneau avec lequel nous allions à la chasse.
[f3] Madame Michel ( de Doulens ), fille d'Eugène Desrousseaux, lui-même frère de mon grand-père.
[f4] Ce mobilier venait en grande partie de M. Parigot, grand-père de ma femme, collectionneur éclairé. Il avait une grosse valeur.
[f5] Chez mes cousins Dauphin-David.
[f6] Sa bonne tante Mathilde Barat resta, à cette occasion, assez longtemps parmi nous.
[g1] Dont les enfants étaient amis de Jacques. Je faisais travailler les maths à Jean.
[g2] Fille de Jeanne David dont la mère était soeur de mon grand-père Desrousseaux. Jeanne David avait épousé M. Dauphin, notaire à Toul.
[g3] Elle avait jusque là fait beaucoup de sport, surtout du tennis. Elle a gagné à l'Ile du Saulcy le championnat de l'Echo de Paris.
[h1] Chevalier de la légion d'honneur en 1920, j'avais été mis au tableau pour chef d'escadron en 1925.
[h2] Morte déportée en 1945 après avoir fait de la résistance.
[h3] En octobre 1928.
[i1] Fille de madame Wiriath, cousine germaine de ma mère. M. Wiriath est mort très prématurément en 1913.
[i2] En 1928 et 29.
[i3] Auquel succéda le colonel de la Baume. Madame de la Baume nous a souvent accompagnés dans nos excursions en montagne et Michel était ami de ses fils.
[i4] En 1933, une double entorse du genou me rappela qu'il était dangereux de faire du "schuss" à 47 ans.
[i5] J'y fis de nombreuses parties de bridge avec mes amis les colonels de la Malène, de Mazenod et le commandant de Feydeau.
[j1] Il vint aussi plusieurs fois les années suivantes. Il était passé Ingénieur du corps des Mines.
[j2] Je ne passai qu'en décembre 37 à 51 ans.
[j3] Ce n'était pourtant pas de ma faute, je n'avais sollicité en rien cette mission.
[j4] A la Brodière chez M. et Mme Martin-Guelliot en 32, à Magny chez mon oncle, en 1934 je crois ; à Vouziers chez mon cousin Maurice Desrousseaux.
[k1] Nous avions pas mal de réunions mondaines ; thés, bridges et quelques bals. Nous avons déjeuné chez le général Giraud, gouverneur, et été à plusieurs réunions des anciens X. J'ai joué au bridge avec le général de Gaulle, alors colonel.
[k2] Nous eûmes en 38 la visite de mon frère, capitaine à Strasbourg, sa femme et sa fille Christiane. Mon beau-frère Barat et l'abbé Desrousseaux vinrent aussi nous voir à Metz.
[k3] Voir album de guerre.
[k4] En 1938, Jacques était venu de Paris chercher nos valeurs.
[k5] En partie, car le piano, une commode et divers objets ont brûlé dans l'incendie de 1940.
[k6] Il épousait Simone Dordor, fille d'un de mes grands anciens de l'X, le colonel Dordor.
[k7] Elle avait pu passer la ligne de démarcation grâce à certaines complicités.
[l1] Mon beau-frère rentra de captivité en 1941 puis reprit du service à Toulon et revint à Saint-Jean en 1943, jusqu'en janvier 1945. Mon frère était aussi libéré en 1941.
[l2] Elle est venue en Bretagne pour un mois en juillet 43, et en était repartie bien reposée, mais elle ne voulut pas venir m'y rejoindre définitivement, craignant d'être coupée de sa maison.
[l3] Jacques, en Indochine, avait déjà quatre enfants, Monique ( 1941 ), Michèle ( 1942 ), Alain ( 1943 ), Philippe ( 1944 ). Il est passé en 1943 à la direction des Mines de Saigon. Michel, quand Navale fut dissoute, fit une licence ès sciences et prit une place à Paris. Nicole avait passé son premier bac en juillet 1944.
[l4] Elle est morte le 7 octobre 1945.
[m1] Est-ce là qu'elle a contracté sa maladie ?
[m2] Il avait repris du service en janvier 45 sur la Lorraine, puis sur un sous-marin.
[m3] Prévenu juste à temps d'une aggravation soudaine, je l'ai trouvée en pleine connaissance, heureuse de me voir et aussi, je crois, de retrouver sa fille.
[n1] J'ai perdu aussi mon ami le docteur de Saint Avid en octobre 51.
Fin du texte
François Hollande, alors qu'il était président de la République, a qualifié la colonisation de « brutale et injuste »; Emmanuel Macron qui lui a succédé a été jusqu'à parler de crime contre l'humanité. Peu impressionnés par ces interprétations politiques de l'Histoire, nous sommes fiers de la contribution de nos parents à l'oeuvre coloniale, que cela soit celle de Papa en Indochine ou celle de la branche Dordor à Alger (l'école Dordor).
In Memoriam de Jean Couture (X32), Paul Gardent (X39), Jacques Petitmangin (X47) - La Jaune et la Rouge, janvier 1994 - Book it, mars 2003
Petit fils de Louis -X72- inspecteur des finances, fils de Marcel - X06- colonel d' Artillerie, gendre d'Edouard Dordor - X06- colonel de Bigor, Jacques Desrousseaux naquit à Laon en 1912. Il fut un brillant élève au lycée de Metz. Dès sa jeunesse il excella dans tous les sports, aussi bien la pelote basque que le bascket-ball où la natation.
Puis au collège Carnot, à Fontainebleau, il remporta le premier prix de mathématiques au Concours Général. Il fut admis en taupe à Saint-Louis, et en 1930 fut reçu Major à Normal Sup et à Polytechnique. Il choisit l'X d'où il sortit major. En 1932, il choisit le Corps des Mines. Il fit son service militaire comme lieutenant instructeur à l'Ecole d'Artillerie de Poitiers. Féru d'équitation il eut de nombreux succès dans les concours hippiques de la région.
Durant ses études à l'Ecole des Mines il organisa un cours de bridge par correspondance. Il remporta en 1937 la coupe gamma, trophée de la compétition de bridge avec l'Ecole Normale.
En 1935 il est affecté au service de la Carte Géologique. Il réalisa une étude extensive des gisements de charbon français. Cette étude reçut un prix de l'Académie des Sciences. Pendant la guerre elle fut utilisée pour ouvrir des exploitations de dépannage.
En 1938 il fut appelé par Pierre Guillaumat, chef du service des Mines de l'Indochine, pour le remplacer prochainement.
Il n'en partit qu'en 1947, alors Directeur de la Production Industrielle et des Mines et Commissaire Fédéral par intérim aux Affaires Économiques du Haut Commissariat de l'Indochine. Guillaumat avait amorcé une politique d'industrialisation du territoire, qu'il put compléter largement pendant l'occupation japonaise, où l'on passa des années de blocus sans gêne économique sérieuse.
Son service put faire ouvrir nombre d'industries et d'artisanat locaux, basés sur des produits agricoles, forestiers et miniers locaux et fabriuant des pneus, de la quinine, de la vaisselle, du carbure de calcium, de l'acide chlorydrique et autres produits chimiques, avec une large diffusion.
Son Office des Carburants et Combustibles Liquides put faire marcher à l'alcool de riz le parc automobile dûment adapté, cependant que 90% des camions étaient équipés de gazogène locaux disposant de nombreux postes de vente de charbon de bois. Le mazout fut remplacé par des huiles de coco ou de poisson convenablement traitées, les lubrifiants par des huiles de ricin et de sésame. Un comptoir des « Corps Gras » organisait le développement et la collecte des oléagineux. Jacques Desrousseaux a tiré de cette expérience un mémoire passionnant, malheureusement non publié. Le coup de force japonais de mars 1945 vint hélàs mettre un terme à ces brillantes improvisations.
Rentré en France, d'abord chargé au ministère de l'Industrie de distribuer le crédits d'investissement du plan Marshall, il fut nommé en 1949 directeur des Mines et de la Sidérurgie, et se trouva donc en première ligne danas la préparation, la mise en place et le fonctionnement initial de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier.
Il entra aux Charbonnages de France en 1957 comme directeur général chargé des études économiques, des programmes d'investissements et des industries de la houille (électricité, cokeries, chimie...)
Directeur Général adjoint en 1963, il participait au lourd rituel du groupe. Dans le cadre d'une industrie dont il avait pressenti très tôt l'inéluctable récession, il prépara minutieusement les plans de réduction de production pour les réaliser avec le minimum de souffrances sociales.
Il avait aussi, de longue date, diagnostiqué que les plans de développement des diverses sidérurgies mondiales étaient incompatibles. Ses appels à la prudence, au cours de la préparaation des plans successifs en France, ne furent guère entendus : les idées reçues et l'optimisme irraisonné de l'industrie sidérurgique elle-même faisaient croire à une augmentation continue de la production d'acier. On sait comment, dès 1975, ces illusions vinrent se briser sur une première crise, suivie d'autres malheurs pour la sidérurgie.
Telle fut la carrière, dense et variée, de det ingénieur, de cet économiste, dont l'esprit agile savait allier la profondeur à l'acuité.
Nous souhaitons redire à sa grande famille combien nous ressentons la perte qu'elle a subie et lui offrir l'hommage de l'amicale admiration que nous gardons à Jacques Desrousseaux.
En France je fus d'abord chargé au Ministère de l'Industrie de distribuer les crédits d'investissement du plan Marshall, puis fus nommé en 1949 directeur des Mines et de la Sidérurgie.
J'ai été adjoint au directeur de la coordination industrielle d'avril 1947 à octobre 1949, puis directeur des Mines et de la Sidérurgie pendant huit ans. j'étais membre de nombreuses commissions interministérielles, aux Finances et Affaires Économiques, et au Plan, également de la délégation française dans diverses commissions internationales, de l'OCDE, de la CEE (Commission économique pour l'Europe de l'ONU à Genève), puis de la CECA (Communauté du Charbon et de l'Acier).
Dans mon premier poste, j'avais à préparer et à présenter au Ministre de l'Industrie et du Commerce la répartition des crédits du plan Marshall entre les entreprises de son ressort.
J'ai donc travaillé sous les ordres de ce Ministre, savoir d'abord le socialiste Robert Lacoste - plus tard Gouverneur Général de l'Algérie - puis le MRP Jean-Marie Jouvenel.
J'ai réglé bien des problèmes du plan Marshall avec Pierre Dreyfus, directeur de cabinet de Lacoste, et futur patron de la Régie des automobiles Renault.
Le Président Ramadier m'a laissé une forte impression par son calme et son humour. Un jour où j'assistais à l'un de ses entretiens avec un haut personnage étranger, je l'ai vu lever le nez de ses dossiers pour brandir son index sur le solliciteur : « jupiter, tes foudres sont mouillées », tonna-t-il !
Tous ces dirigeants étaient à la fois très honnêtes, compétents et efficaces, ce qui fut une grande chance à cette époque difficile, comme je m'en suis fréquemment souvenu avec nostalgie dans les périodes ultérieures.
En 1957, je passais aux Charbonnages de France, chargé des études économiques. J'y ai pris ma retraite en 1975, étant alors directeur général adjoint et président des Conseils de surveillance de l'organisme informatique des Charbonnages et de CDF-Chimie, ayant eu un rôle important dans les syndicats de producteurs d'engrais.
J'ai pris une part active à la préparation, la mise en place, et le fonctionnement de la communauté charbon-acier de Jean Monnet, en contact permanent avec nos collègues des mines étrangères. Aux charbonnages, j'ai aussi prépré minutieusement les plans de réduction de production, pour les réaliser sans souffrances sociales.
J'ai été initié à la théorie économique par Maurice Allais, après mon retour en France, puis je l'ai approfondie en comparant avec mes expériences industrielles : j'ai donc publié beaucoup sur ces sujets. J'ai vite constaté que les résultats des investissements étaient mal calculés, les règles comptables d'amortissement étant arbitraires, tout comme la théorie des déclassements. J'ai établi la théorie réaliste et les méthodes comptables donnant des résultats exacts pour les prix de revient et bilans ; j'ai également calculé divers types d'erreurs résultant des errements comptables ou de calculs de rentabilité.
Concernant la théorie générale, c'est au séminaire Allais que j'ai présenté en 1961 la démonstration d'un taux d'intérêt optimal égal au taux de croissance des forces de travail, résultat que j'ai généralisé dans une économie quelconque ; de là, j'ai calculé que des taux d'intérêt plus faibles conduisent à un transfert progressif de la propriété des moyens de production vers les ouvriers, leurs mandants ou l'état, les taux élevés concentrant la puissance entre les mains des anciens actionnaires (capitalistes) et les dirigeants de groupes producteurs.
Deux insuffisances de la théorie classique m'ayant préoccupé, j'ai présenté leur étude au séminaire de M. Malinvaud (CNRS).
La théorie se trompe en croyant que son régime concurrentiel permet de faire des choix convenables pour l'exploitation des matières premières naturelles non renouvelables ; on ne peut le faire qu'en arbitrant entre le présent et l'avenir ; c'est une décision arbitraire mais qu'on n'a pas le droit de ne pas expliciter ; les écologistes le savent bien, et les politiciens rencontrent la même difficulté dans tous les domaines ; en tous cas, pour les matières premières, la liberté concurrentielle conduit à sacrifier délibérément l'avenir lointain.
La théorie est calculée sur une économie ponctuelle, alors qu'elle est en réalité spaciale. Or, si l'on introduit les localisations différentes, l'optimum n'est plus celui de la théorie classique, car à cet optimum spatial les entreprises sont en perte financière, ce qui n'est évidemment pas compatible avec le monde libéral concurrentiel théorique. Le déficit global des producteurs est de l'ordre de la moitié du coût de revient de la totalité des transports - qui est nul dans le cas ponctuel, ce qui valide la théorie correspondante, mais la contredit dans la réalité spatiale.
Mes recherches et mon expérience interne de l'entreprise me conduisent à penser qu'on ne peut espérer un équilibre économique social et régional satisfaisant daans un marché libéral (au sens absolu des Britanniques) que si sa surface est suffisamment faible ou si l'on facture les transports à un prix d'autant supérieur au coût réel que le produit est peu coûteux, ou moyennant d'autres modalités dirigistes très énergiques.
Dans un monde démocratique et médiatique où population et politiciens sacrifient l'avenir lointain au profit du présent (ou des présent qu'ils reçoivent pour cela), je suis pessimiste et comprends bien les positions prises par M. Allais à la veille du référendum du 20 septembre 1992, si elles ont pu étonner ses anciens élèves. Mais là où le pronostic devient catastrophique pour le globe, c'est quand la population en croît continuellement ; le manque d'homogénéité de cette croissance entre les divers groupes humains fait en outre peser une menace sanglante.
Notre cousine Christiane est la doyenne de la famille Desrousseaux. C'est la nièce de Grand-grand-père : son père Robert est le frère de Grand-grand-père. Nous sommes allés la voir plusieurs fois à Aix-en-Provence. Elle aime la famille et nous reçoit merveilleusement bien.
Elle a fait tant de choses dans sa vie, qu'il manque de la place ici pour tout écrire. Je vais la laisser se présenter et parler de ses activités de figuration cinématographique et de ses nombreux voyages voyages. Car elle est une grande voyageuse devant l'éternel et a aussi côtoyé nos plus grands acteurs de cinéma.
Je suis née le 4 janvier 1922 à Neuilly-sur-Seine au 20 rue de Chartres, près de la mairie, au 2ème étage où habitait ma Grand'mère maternelle : Marie Fabre.
Entre parenthèses, petite anecdote, ma mère avait été la veille au soir à la Foire de Neuilly (la foire à neu-neu, comme on l'appelait) et est-ce la chenille... les voitures tamponneuses.. ou autres, mais le lendemain à 7h30 du matin j'apparaissais.
La sage-femme ou le gynécologue : le Docteur Lelorier était venu accoucher Maman à domicile, comme on le faisait à cette époque.
Ma mère s'appelait Germaine Fabre, née le 23 novembre 1893 à Hucqueliers dans le Pas de Calais.
Le 30 décembre 1919 elle épousait mon Père Robert Desrousseaux né à Vouziers, dans les Ardennes, le 3 septembre 1885.
Il était lieutenant au 104ème Régiment d'Infanterie, grand blessé de la guerre 14-18, Chevalier de la Légion d'Honneur en 1920 et par la suite Officier...
" J'ai commencé la figuration en 1977. Laurence avait 12 ans. Une annonce radio faisait part de demandes pour une figuration d'enfants dans le film " Diabolo menthe ". Nous nous sommes présentés et la fille et sa maman ont été retenus. J'ai attrapé le virus.
1977
Diabolo Menthe (lycée Carnot) Diane Kurys
Moi Présidente (Supermarché) J.H Gothé
Thomas Gordon (Studio FR3) Patrick Bertreux, Régis Forissier
1978
La Fugue Nécessaire (Train Marseille Lyon) Guadalpi, José Dayan
So Long Réveuse (Route de Cassis, parc Chanot, parc Barclay) J. Ordines
1979
Ulysse (métro Marseille) J. Dewever
Le secret de Batistin
La veuve de l'Estaque (Mairie de Marseille) Germain
Le Carton Rouge (ANPE Istres) Guadalpi
1980
Alice (Hôpital Sainte-Marguerite)
1981
La faiblesse Passagère (Palais de justice de Marseille) P. Bertreux
Pourquoi pas nous (Aix Librairie passante)Mon Ami Pierrot (ouvreuse théatre du gymnase Marseille)
Jour de Fête (Cassis crêperie)
L'Adélaïde (FR3 Lille) Niollon sur une péniche
La Robe en Or (Timone-clicute) Cerise
1982
Micro-Bidon (salle Timon David) J.L Gothé, André Malini avec Laurence
La Fuite (Restaurant rue Papère) avec G. Claisse Réal
La Steppe (Vieux Port avec Nanie, église orthodoxe, cimetière Mazargues sous la pluie)
Les Poupées
1983
Publicité à la Valentine
Cinéma film allemand (mairie d'Eguilles)
Essai publicité chez photographe
1984
Rock and Rock (Marseille plage et pavillon) Bertreux
Le Juge (Cimetière Saint-Pierre)
Le Paria (Aix festival, Verte colline à Aix passante, Palais de justice de Marseille) Denis La Patellière
L'Amie de Passage
1985
L'Amour en Douce (Aix) Daniel Auteuil, E.Beart
Le Sablier
1986
Hello Baby (Aix)
1994
Arrêt d'Urgence (station service sur autoroute)
1995
Les trois Frères (Aix) avec les Inconnus
Hercule et Sherlock (N.D. de la Garde à Marseille)
Pigeon Vole (Aix archevêché) Philippe Léotard
1999
Taxi II (infirmière à Marseille Pharo avec Dani)
2000
(au vieux Panier Marseille) Alain Delon
2001
Aix Mélodi (Aix)
1954-56 / 1980 / 1999 : Tunisie
1958 / 1991: Espagne
1963-64 / 1985 : Guinée
1965-67 : Algérie
1971 / 1991 / 2002 : Autriche
1973 : Californie
1974 : Grèce
1975 : Polynésie / Nouvelle Calédonie
1976 : Brésil
1978 / 2000 : Angleterre
1979 : Mexique
1981 / 1993 /2003 : Italie
1982 : New-York / Louisianne
1983 : Sénégal
1984 : Afrique du Sud
1985 / 1987 / 2000 : Maroc
1987 : Berlin
1989 / 1996 : Guadeloupe
1989 : La Réunion / Ile Maurice
1990 / 1993 : La Corse
1991 : Portugal
1991 : Minniapolis / Canada
1992 : Egypte
1993 : Istanboul
1993 : Norvège /Spitzberg
1993 : Thaïlande
1994 : La Chine
1996 : Russie
1997 : Golfe d'Arabie
1997 : Jamaïque / Canal de Panama
1998 : Vietnam
1998 : Sicile
1999 : Egypte / Jordanie / Israël
1999 : Malte
1999 : Prague
2000 : Patagonie
⇈Louis Robert, fils aîné de Louis Desrousseaux Guelliot est né le 3 septembre 1855 à 3 heures du matin à Vouziers chez sa grand-mère Guelliot.
Il a fait ses études au collège Turenne à Sedan. Il a couronné ces études par l'obtention du diplôme de bachelier es-lettres et bachelier es-sciences à Lille. Après ses mathématiques spéciales au collège Saint-Louis à Paris, il a obtenu le diplôme de la licence es-sciences ; il s'est préparé au concours de l'Inspection Générale des Finances mais n'a pas été admis ; il est entré le 1° Avril 1911 à la Société Générale pour le Développement du commerce et de l'Industrie. Il a fait deux années de service militaire auparavant (1906 et 1907).
À la guerre européenne de 1914 et années suivantes, il a été cité à l'ordre du jour du 4ème Corps d'Armée en juin 1915, en ces termes : Desrousseaux Louis Robert, matricule 16899, sergent au 104ème Régiment d'Infanterie, blessé une première fois à Rembercourt aux Pots (Meuse) le 7 septembre 1914, fait prisonnier, étant blessé, a réussi à regagner les lignes françaises.
Revenu au front, il a été blessé une seconde fois au cours d'une reconnaissance où il s'était offert comme volontaire.
Robert a ainsi obtenu la Croix de Guerre. De plus, ayant réussi l'examen pour devenir officier, il a été nommé sous-lieutenant (quand il a débuté la guerre, il n'était que caporal).
Ses blessures ont été les suivantes :
1) Le 7 septembre 1914 : le cou traversé par une balle. Pendant son court évanouissement, les Allemands l'ont dépouillé de tout son avoir (sa musette et une centaine de francs), puis l'ont déclaré prisonnier ; peu de temps après, un obus a éclaté dans la tranchée où les Allemands l'avait entraîné ; le blessé français qui était à côté de Robert a été tué ; quant à lui, il a reçu un éclat à la tête et cette blessure l'a fait plus souffrir que la première et a été moins vite guérie ; vers une heure du matin, Robert a cherché à regagner les lignes françaises et il y est parvenu ; on l'a pansé puis on l'a envoyé à Vichy où, dans un hôpital temporaire, il a été bien soigné. On l'a nommé sergent.
2) En avril 1915, près de Saint-Hilaire-le-Grand (Marne), dans la patrouille où il s'était offert comm volontaire pendant la nuit, il a eu le pied traversé par une balle, tandis qu'il a ramené ses hommes indemnes. On l'a soigné dans un hôpital de Pau où il est retourné de nouveau au front, complètement guéri de ses blessures et cette fois comme sous-lieutenant, décoré de la Croix-de-Guerre avec étoile.
3) À la fin d'Avril 1916, il était parti avec 5 hommes comme volontaire pour tacher de retrouver les corps de 2 hommes qui avaient été tués la veille par l'explosion d'une gargousse* lorsque la même mésaventure arriva à sa patrouille. Le terrain était miné et ils sautèrent tous en l'air ; le sergent qui était à côté de Robert fut réduit en miettes, le caporal eut les deux yeux crevés et Robert n'eut rien. Il en a été quitte pour une forte commotion ; cette affaire lui a valu une citation à l'ordre du Régiment dans les termes suivants : S'est offert volontairement pour rechercher, sur un terrain chargé de mines, dont l'une avait, la veille, tué deux hommes, les cadavres de ces deux hommes pour les ramener dans nos lignes.
Robert peut ainsi porter une nouvelle étoile sur sa croix.
4) À la fin de 1916, il a encore des félicitations officielles du colonel pour avoir obtenu, en patrouille, des renseignements interessants. Il est proposé comme lieutenant (commandant de compagnie). Il a été nommé à ce grade à la fin de mai 1917. Par décret du 16 novembre 1917, il a été nommé lieutenant à titre définitif.
5) Le 21 août 1918, Robert a reçu dans le bras gauche un gros éclat d'obus, ce qui a nécessité une opération par laquelle ce projectile a été retiré du bras. Celui-ci a été mis dans le plâtre et y est resté plus de 2 mois. C'est en poursuivant les Boches en retraite dans l'Oise après avoir attaqué jusu'à quatre fois en deux jours, fait de nombreux prisonniers, pris des mitrailleuses, être resté quatre jours sans manger que Robert a été blessé.
Le 31 Octobre, il a été cité au Corps d'Armée dans les termes suivants : Homme de devoir par excellence. Chargé le 21 aoput 1918, après trois jours d'attaques successives, d'attaques à l'improviste et sur un terrain nouveau à la droite d'un autre bataillon, a fait l'admiration de tous par son calme imperturbable sous les obus et les rafales des mitrailleuses, est tombé grièvement blessé au moment où, en tête de sa compagnie, il s'élançait à l'attaque.
{Deux citations antérieures signées Mangin.}
Grâce à cette citation, la palme s'ajoute aux deux étoiles sur le ruban de sa croix de guerre.
Par décret du 11 mars 1919 (journal officiel du 13 mars), Robert est passé avec son grade de lieutenant de réserve dans l'active, prenant rang au 8 octobre 1917.
Robert n'est pas rentré à la Société Générale. Il a préféré rester dans l'Armée d'Active, d'abord comme Lieutenant d'Infanterie au 104ème Régiment.
Par sa brillante conduite pendant la guerre, Robert est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 5 septembre 1920, pour prendre rang du 16 juin 1920.
En octobre 1919, il s'est fiancé avec Germaine Fabre, fille de Maître Fabre, notaire dans le Nord, et de Madame Fabre, née Baudechou. Germaine Fabre est née le 25 novembre 1893.
Le mariage a eu lieu le 30 décembre 1919 à Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine. Le mariage civil a eu lieu le 27 décembre à la mairie de la même localité.
Ils ont eu une fille : Christiane née le 4 janvier 1922 sept heure et demie du matin et baptisée le 12 mars 1922 dans l'église de Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine.
Leur fille Christiane, Marie-Françoise, a eu pour parrain André Fabre, son oncle ; pour marraine Françoise Guelliot, épouse Martin, sa cousine, la nièce de ma femme.
Robert, Germaine et Christiane passent quelques semaines, en août 1922, dans le midi de la France,, à Castres et dans l'Aveyron, où Germaine a un oncle à Saint-Rome de Tarn.
En 1923, en juin, Robert et Germaine ont été voir nos parents de Belgique qui leur ont fait bon accueil.
Au mois d'août, Germaine est partie pour le Jura avec sa mère et sa sœur. Robert les y a rejoint pendant huit jours.
En 1924, Robert est parti pour Coblentz sur le Rhin. Il a trouvé une installation où il a fait venir sa femme Germaine et leur fille Christiane.
*gargousse : charge propulsive d'artillerie.
⇈C'est grâce aux recherches minutieuses de mon frère Jacques-Yves Desrousseaux que les pièces du dossier généalogique de la famille ont pu être rassemblées. Nous lui en sommes tous reconnaissants.
Nous ne voulons pas oublier notre grand-père, maire de Sedan, chef d'entreprise aux compétences unanimement reconnues, père de 12 enfants, criminellement exécuté sur l’échafaud révolutionnaire.
VICTIMES SEDANAISES DE LA TERREUR :
LOUIS GEORGES DESROUSSEAUX, MAIRE DE SEDAN,
ET SES 26 COLLEGUES GUILLOTINES A PARIS LE 3 JUIN 1794
Par George A. Lepage(1)
Parmi plusieurs demandes de renseignements, l’une d’elles avait retenu mon attention : celle concernant Louis-Georges Desrousseaux, maire de Sedan, et sa descendance. Je me suis mis à l’œuvre en consultant les divers ouvrages : documents et actes relatifs à cette exécution criminelle et injustifiée. J’ai constaté, entre temps, que l’oubli survenait trop vite sur les événements qui coûtèrent la vie aux membres de la municipalité et aux notables de Sedan, qui y furent mêlés.
Rien à Sedan ne rappelle le souvenir de ces Sedanais, innocentes victimes du devoir, de leurs fonctions ou de leur notoriété.
.Le cadre limité de cet article, s’il me permet de rappeler les causes de ce drame et son développement, ne me donne pas cependant la possibilité d’évoquer la vie de chacune des victimes, autrement que par la simple nomenclature de leurs noms, martyrologe bref mais éloquent.
C’est pourquoi j’évoquerai la mémoire du seul Louis Georges Desrousseaux, maire de Sedan et principale victime de la cohorte des guillotinés.
Si on interrogeait les Sedanais sur ces événements, à part, je l’espère, les Amis du Vieux Sedan, la très grosse majorité les ignorerait complètement. Cependant, dans le passé, les auteurs locaux et régionaux en ont parlé, quelques uns abondamment et avec force détails, d’autres plus succinctement.
Guerres et occupations ont détruit bien des archives et des bibliothèques. Peut-être beaucoup de nos lecteurs ne possèdent-ils plus les références aux livres cités in fine. Ils pourront les trouver à notre bibliothèque des Amis du Vieux Sedan.
Je m’excuse du caractère fatalement un peu compilatoire de mon article. Mon but n’est pas de faire œuvre nouvelle, mais bien de rappeler maintenant dans nos Annales, ce que furent Louis Georges Desrousseaux et ceux qui moururent avec lui.
Il y a aussi un enseignement dans cette tragédie, c’est que lorsqu’on accepte des fonctions officielles et qu’on a à défendre les intérêts d’une cité, les événements peuvent vous amener à payer de votre tête, votre rôle et vos actes.
Inclinons-nous devant ceux qui, comme le maire Desrousseaux et ses collègues, montrèrent devant l’échafaud que s’ils avaient su œuvrer pour la cité pendant leur vie, ils savaient aussi noblement mourir.
Nous sommes au début de 1792 : le régime constitutionnel a laissé le Roi à la tête du Gouvernement. Mais le 10 août, la monarchie constitutionnelle a disparu.
Le général La Fayette, avec son armée, arrivait à Sedan le 13 août. Son entrée avait vu se déployer les fastes d’un appareil militaire qui devaient flatter les Sedanais.
La Fayette manifestait la ferme résolution de défendre et de maintenir les droits du Roi et de la Royauté. La suite des événements montre ou bien qu’il s’abusait lui même, ou qu’il abusait les Sedanais.
Dans la nuit du 14 au 15 août, arrivaient à Sedan trois députés commissaires : Antonelle, Péraldy et Kersaint, accompagnés de leur secrétaire : Klairwal.
La Fayette voulait s’opposer à la mission des trois commissaires : devait-il, pouvait-il avec son armée, s’opposer aux événements ou les accepter ? L’une ou l’autre position eut été plus susceptible d’approbation ou de désaveu, que la décision finale qu’il prit. Le 15 août, il s’enfuyait de Sedan avec son état-major, abandonnant ceux qu’il avait su rapidement rallier à sa position de résistance et qu’il avait déclaré devoir soutenir.
En effet, le 13 août, de son quartier général de Mon Repos, il ordonnait, sous sa responsabilité unique et personnelle, aux termes de la loi relative à l’état de guerre, de retenir les individus se disant commissaires de l’Assemblée Nationale, de les mettre en lieu de sûreté, sous la garde d’un officier supérieur : ce dernier, sous sa responsabilité unique et personnelle, exécuterait ces ordre.
Le Conseil général de la commune décida de les mettre en état d’arrestation. Toute la population était en effervescence et proférait des menaces contre les commissaires, pendant, qu’à grand peine, le détachement de la Garde Nationale, requis à cet effet, les protégeait pendant leur transfert au château.
A Paris, l’Assemblée Nationale apprit avec irritation l’arrestation des commissaires. Ce fut une explosion de colère contre La Fayette. Les rumeurs couraient : tout le département, disait-on, était en pleine insurrection. C’était la contre-révolution.
Trois nouveaux commissaires furent désignés : Isnard, Quenette et Baudin, avec les mêmes pouvoirs que les précédents et avec l’ordre de faire élargir les prisonniers. Ils gagnèrent notre ville avec bien des appréhensions, injustifiées d’ailleurs, sur les risques qu’ils couraient pour l’exécution de leur mission. Ils y parvinrent cependant sans peine pour constater que les trois prisonniers avaient déjà été libérés.
Lorsqu’on sut à Paris les causes et les motifs des incidents, l’Assemblée Nationale, après l’intervention de la députation des Ardennes, constatant que par proclamation affichée, il y avait eu désaveu et acte de repentir adressé au Gouvernement, considéra l’affaire comme terminée.
Entre temps, les trois premiers commissaires étaient repartis à Paris. A la séance du 28 août, au Corps Législatif, ils déclaraient qu’ils s’étaient rendus auprès de l’administration sedanaise et qu’ils s’étaient crus obligés de tranquilliser ceux qui les avaient arrêtés. Entre temps, ils étaient revenus. « Oubliez leur faute comme nous l’oublions ».
Il semblait donc à ce moment que, Sedan redevenu en grâce auprès de l’Assemblée Nationale, pouvait considérer l’affaire comme close.
Nous verrons plus loin que des événements allaient se dérouler, provoquant le drame.
Avant de relater la suite des événements, il me paraît nécessaire de nous arrêter sur la personnalité de Louis Georges Desrousseaux qui, d’abord nommé échevin de Sedan, était devenu maire en 1792 (2). Les actes officiels le désignent comme fabricant de draps et cultivateur, né à Sedan, mort à Paris, âgé de 42 ans en 1794.
Il était le descendant d’une noble famille, fixée à Verdun en 1537 à la suite du mariage de Jean Philippe Desrousseaux, fils du comte Philippe de Rothaar de Wendenheim en Wetterau(3).
Son père, Philippe Noël Desrousseaux (1718-1783) avait épousé en 1746 une Sedanaise, Anne Pailla. C’est alors qu’il quitta Verdun pour se fixer à Sedan(4). Ils eurent 12 enfants, le cinquième était Louis Georges.
Ce dernier épousa Marie Jeanne Matis, en 1775, dont il eut 11 enfants. Le dernier, une fille, naquit l’année même où il fut guillotiné.
Le nom des Pailla apparaît depuis longtemps dans l’histoire de Sedan, il était celui d’une des principales familles de la ville.
Il est vraisemblable que la manufacture de draps familiale fut créée par son père, Philippe Noël Desrousseaux, puisqu’en 1768, nous trouvons trace de la firme Desrousseaux & fils. Nous relevons, parmi les frères de Louis Georges, Joseph Auguste, qui était associé avec lui, et Charles Victor.
En 1771, le Précis Historique de la Draperie Royale de Sedan signale, à propos de la firme Desrousseaux & fils : « l’activité de ces entrepreneurs et l’heureux rapport de leur nom avec celui d’une manufacture privilégiée(5) ne peuvent que concourir au progrès de leur fabrique ». Et plus loin : « Desrousseaux & fils voyageaient en Espagne, leurs 280 ouvriers et employés donnaient une moyenne annuelle de 200 pièces ».
Cette moyenne était plus qu’honorable et n’était pas inférieure à celle d’autres firmes, même privilégiées, occupant plus d’ouvriers. Il faut se rappeler les soins et le temps, alors donnés aux opérations de fabrication, qui justifiaient la réputation de fini des draps de Sedan : on ne s’étonnait pas que les délais de fabrication fussent très longs.
Nous avons vu que Louis Georges Desrousseaux était porté sur les états comme fabricant et cultivateur. Si les documents cités prouvent bien sa qualité de fabricant, je n’ai, par contre, trouvé aucune trace en ce qui concerne sa profession de cultivateur, à moins qu’on ne puisse tirer une déduction, peut-être un peu hasardée, du fait qu’il possédait des terres à Mouzon.
L’immeuble qu’il habitait et où était son usine, se trouvait au n° 8 de la rue Gambetta. Il l’avait acquis de Monsieur Petit de Moranville, en même temps que le Moulin La Vigne, à Mouzon, qui comprenait deux fouleries, deux laveries, des bois et des terres. Sont-ce ces terres qu’il aurait fait valoir qui lui auraient valu la profession de cultivateur ? L’explication est plausible.
Revenons à la place qu’occupait à Sedan la firme Desrousseaux. Louis Georges et son frère Joseph Auguste, qui devait plus tard quitter Sedan et la fabrique pour être verrier à Monthermé (ce dernier fut député et anobli), construisirent une usine 4 rue Ternaux. Au moment du déblaiement des immeubles détruits de la rue Ternaux, en 1942, une plaque de cuivre fut trouvée portant l'inscription suivante:
« Cette maison a été bâtie par Louis et Auguste Desrousseaux, frères, pour l’usage de leur manufacture de draps. La première pierre a été posée le 24 May 1784 par Philippe Louis Xavier Desrousseaux, fils aîné de Louis Desrousseaux, né en cette ville le 7 décembre 1776 – Bodson, architecte – Bertin, sculpteur ».
Cet immeuble était celui qu’occupèrent par la suite les Bertèche, qu’ont connu la plupart des Sedanais, après avoir été d’abord vendu par les Desrousseaux aux Poupart de Neuflize.
La copropriété entre Louis Georges et Joseph devait cesser par achat, par le premier, des droits du second.
D’autre part, le Moulin La Vigne fut vendu à la famille Marée qui était apparentée. Il faisait partie d’un autre bâtiment industriel construit par les Marée ; le tout fut acheté par Alfred Sommer, qui y installa la fabrique de feutres bien connue, que dirigèrent, Roger Sommer d’abord, et ensuite ses petits-fils François et Pierre.
On peut dire que de son vivant Louis Georges Desrousseaux avait « pignon sur rue » à Sedan, et qu’il était normal qu’il en devint échevin et maire.
Le fils aîné de Louis Georges, Louis Philippe Xavier, le fils et le petit-fils de ce dernier, Louis Adrien et Louis Adrien Alphonse, furent maîtres de forges, d’abord en Belgique à La Soye et ensuite à Givonne, où les bâtiments se trouvaient à la sortie de la commune, en direction d’Illy dans le fond de la propriéte de la famille Stackler, les Près Saint-Rémy.
La mort brutale de Louis Georges Desrousseaux porta fatalement un coup à la prospérité de l’affaire textile.
En considération des circonstances tragiques de sa mort et de sa nombreuse famille, Bonaparte fit à sa veuve une dotation de 60.000 Fr pour l’aider à relever la situation de sa fabrique.
J’aurais désiré pouvoir mieux renseigner nos lecteurs sur le caractère et les qualités morales de Louis Georges Desrousseaux, mais je n’ai pu encore trouver, à ce sujet, les indispensables renseignements.
Ses qualités industrielles étaient incontestables, ses qualités civiques également : il remplissait son rôle de maire avec l’idée de servir Sedan et le Roy.
Quand on sait le sang-froid avec lequel il monta à l’échafaud, pour y être guillotiné, cette attitude ne peut que susciter l’admiration et la pitié d’avoir vu périr un tel homme innocent.
Ses qualités morales, on peut cependant les deviner. Il appartenait à une famille où, au cours de siècles, il est loisible de rencontrer des hommes ayant occupé des postes importants, dans tous les domaines : nobles seigneurs et écuyers aux 16ème et 17ème siècles, puis manufacturiers, maîtres de forges, verriers, hauts fonctionnaires des Finances, notaires, administrateurs de sociétés comme Saint-Gobain, gouverneur de Colonies (Saint-Pierre et Miquelon)(6), officiers (commandant de la place de Marseille), directeur de la Banque de France, etc… Dans la longue suite de ces ancêtres(7), Louis Georges Desrousseaux avait pu trouver la source et la nourriture des qualités qui devaient le distinguer pendant sa trop courte vie.
Il semblait que le Conseil général de la commune put considérer comme close l’affaire de l’arrestation des commissaires puisque ceux-ci, même, et l’Assemblée Nationale avaient « oublié ». Mais la Montagne veillait. Vassant, d’odieuse mémoire, et qui avait été désigné comme maire de Sedan, ressuscita l’affaire des commissaires, sous le prétexte que les agissements de la municipalité de 1792 avaient été une atteinte aux décisions prises par l’Assemblée Nationale, et qu’elle s’était montrée la complice du traître La Fayette. Vassant fit émettre un vœu en ce sens à la Société Populaire de Sedan.
Le Comité de Salut Public, étant donné sa soif de carnage, ne pouvait que s’emparer de ce vœu et le faire sien, surtout en entrevoyant les châtiments qui devaient en résulter pour les coupables. L’accusateur public, Fouquier-Tinville avait beau jeu et se déchaîna.
Quels avaient été les mobiles réels de Vassant et de la Société Populaire ? Ils étaient simples. En plus de la soif de vengeance qui les torturait, ils considéraient les membres de la municipalité de 1792 et les notables, comme des aristocrates, possesseurs de grosses fortunes, particulièrement les fabricants de draps, dont certains avaient fait construire ou avaient acheté des châteaux et de grandes propriétés. Ils étaient en butte à leur haine et à leur envie. Nous nous emparerons (on disait la nation s’emparera) de leurs fortunes et de leurs biens. Et pourtant, parmi les membres qui furent arrêtés, il y avait un charpentier, un libraire, un marchand détaillant, un marchand épicier, un confiseur, un traiteur, auxquels on ne pouvait que reprocher, ou d’avoir fait partie d’un conseil, à côté de « gros bonnets » et « d’aristos » ou d’être, eux-mêmes, des notables en vue.
Je crois que la haine des révolutionnaires pour tout ce qui était fabricant, s’ils l’avaient pu, les aurait poussés à détruire l’industrie textile de Sedan, pour l’assouvir, sans se rendre compte qu’ils ruineraient ainsi la prospérité d’une ville et priveraient la population laborieuse des moyens de gagner sa vie.
En possession du vœu des révolutionnaires sedanais, le Comité de Salut Public ordonna l’arrestation des 31 membres composant le conseil communal de Sedan de 1792 et des notables ayant signé la déclaration de justification du conseil communal pour expliquer les raisons de l’arrestation des trois commissaires.
A la liste, il y eut quatre manquants : un, Lamotte Germain, était mort entre temps, et trois étaient absents de Sedan, heureusement pour eux, Caillaux, Fossoy et Ternaux (pour ce dernier, cette absence fut bénéfique pour l’avenir du textile sedanais). Encore Fossoy, absent au moment de l’arrestation de ses collègues, parce que malade, se laissa-t-il arrêter quelques jours après, voulant partager le sort de ses collègues.
Les motifs invoqués contre eux étaient les suivants :
Calomnies contre le Corps Législatif.
Aide à la trahison du traître La Fayette.
Aide à la progression des armées ennemies en territoire français.
Louis Georges Desrousseaux, Joseph Béchet et Edouard Béchet avaient déjà été arrêtés (rapport du commissaire Levasseur).
Les inculpés devaient partir le 11 floréal (8) et gagner Paris en 9 étapes. Ils auraient certainement pu s’échapper pendant le voyage, mais, confiants en leur bon droit et en leur innocence, ils suivirent docilement leurs gardiens.
Ils ne devaient pas tarder à être jugés, si l’on peut employer ce terme, car leur mort était déjà décidée.
Louis Georges Desrousseaux avait rédigé un mémoire en défense pour le Comité de Salut Public. Les deux motifs indiqués pour l’arrestation des trois commissaires étaient les suivants :
Passeports non dans la forme prescrite par la loi dont nous n’étions que les exécuteurs et qui dénonçait comme suspects tous ceux qui n’étaient pas munis de passeports en forme : ils étaient en outre raturés ou surchargés.
Il y avait danger imminent pour leur vie de sortir de la maison commune, remplie de satellites de La Fayette, qui demandaient leurs têtes à hauts cris.
Aux interrogatoires, les conseillers sedanais reconnurent avoir agi par erreur, mais qu’ils n’avaient, ce faisant, aucune intention coupable.
C’est ce que confirmait Louis Georges Desrousseaux, déclarant avoir partagé l’erreur commune de ses collègues, mais qu’il n’avait engagé aucun membre absent à signer la déclaration justificative de leurs actes.
Un colonel du 7ème Hussards, Daverhoudt, officier de l’état-major de La Fayette, né à Utrecht en 1756, mort à Sedan en 1792 (26 avril), enterré d’ailleurs au cimetière protestant du Fond de Givonne, avait été dans l’affaire de la déclaration et des commissaires, l’éminence grise de La Fayette ; il avait usé de tous les moyens, faux et perfides, pour parvenir à ses fins.
La condamnation des conseillers et notables sedanais était certaine, malgré les défenses de leurs avocats, qui devaient avoir la garantie civique pour être admis à plaider, ce qui empêcha le père du célèbre Berryer de présenter la défense d’un des inculpés. Cette certitude de la condamnation était surtout provoquée par l’aveu que s’ils avaient commis ce qui leur était reproché, c’était par erreur et sans mauvaises intentions. Peu importaient les motifs et les circonstances, le fait accusateur était là, brutal et non dénié. Nos Sedanais croyaient encore à l’impartialité, au bon sens de la justice, dans des moments de révolution ! Comme ils se trompaient !
Le jugement rendu le 15 prairial an II (9) (René François Dumas, président, Charles Harny et François Joseph Denizot, juges, Marc Claude Naudin, adjoint de l’accusateur public) les condamnait à mort avec les motifs allégués, conformément à l’article 2 du titre I de la 2ème section du code pénal : « toutes conspirations et complots tendant à troubler l’Etat par une guerre civile en armant les citoyens les uns contre les autres ou contre l’exercice de l’autorité légitime, seront punis de mort » - Leurs biens seront acquis à la République – Le jugement sera exécuté dans les vingt-quatre heures.
On se rend compte que jamais Desrousseaux et ses collègues n’avaient, ni fomenté de complots, ni armé des citoyens contre d’autres. Ils payaient leur confiance en La Fayette. Leurs biens étaient confisqués au profit de la Nation. Vassant et ses collègues pouvaient être satisfaits.
On remarque également le procédé de justice expéditive : exécution dans les vingt-quatre heures !
Comment moururent nos conseillers sedanais ? Monsieur Pilard signale que, d’après un témoin oculaire, « Georges Louis Desrousseaux monta sur la plateforme avec la majesté d’un roi, que M. Grosselin, qui avait obtenu de mourir le dernier – et à qui tous se confessèrent, comme jadis Bayard et son écuyer - exhortait ses collègues et leur parlait affectueusement, que M. Varroquier, en haut des degrés, s’écria en pleurant : pardonnez à mon fils (qui l’avait dénoncé au Comité de Salut Public), les mauvaises compagnies l’ont perdu ».
« Aucun des condamnés ne fit de difficultés pour se placer sous le couteau .
« Monsieur Grosselin gravit le dernier les marches de l’échafaud, s’agenouilla, fit une courte prière et se livra aux exécuteurs ».
C’est ainsi que moururent, le 3 juin 1794, les Sedanais membres du conseil communal et les notables, victimes de leur loyauté, de leur patriotisme, ayant payé de leur tête leur dévouement total à la cité, pour le plus grand bien qu’ils lui désiraient.
Leur souvenir fut évoqué le 24 mai 1827 dans une réunion du conseil municipal, Monsieur Huet de Guerville était maire : « il faut que sans cesse les vertus des pères soient retracés aux yeux de leurs descendants ».
J’ai jugé, qu’à défaut d’un souvenir public (un nom de rue ou de place rappelant leur sort héroïque malheureux), il était bon, dans nos Annales, d’évoquer ces tristes événements.
Georges Louis Desrousseaux, fabricant de draps et cultivateur.
François Pierre Legardeur, fabricant de draps, président du tribunal de commerce.
Nicolas Raulin-Husson, fabricant de draps.
Yvon Georges Jacques Saint-Pierre, rentier.
Pierre Charles Fournier, marchand épicier.
Louis François Gigou Saint-Simon, ancien aide-major.
Jean Louis Lenoir-Peyre, procureur de la commune.
Louis Joseph Béchet, fabricant de draps.
Stanislas Edouard Béchet, fabricant de draps.
Jean Baptiste Petitfils, médecin.
J. B. Delphin Legardeur, fabricant de draps.
Nicolas Warroquier.
Auguste Grosselin père, marchand épicier.
Jean Charles Nicolas Lechanteur, brasseur.
Henri Mesmer, brasseur.
Etienne Hennuy, libraire.
Louis Edet jeune, charpentier.
Pierre Nicolas Joseph Chayaux-Caillon, brasseur.
Pierre Gibou-Vermon, brasseur.
Simon Jacques Delattre, marchand détaillant.
Louis Edet l’aîné, menuisier.
Jean Baptiste Ludet père, chef armurier.
Antoine Charles Rousseau, fabricant de draps.
Pierre Dalché père, orfèvre.
Hermès-Servais, manufacturier de poëles à frire.
Michel Noël dit Laurent, confiseur.
Claude Fossoy, traiteur.
Henry Rouy, dans ses Souvenirs Sedanais, 4ème série, signale que ces victimes furent « inhumées dans le terrain de l’ancien cimetière de la Madeleine, situé rue d’Anjou, faubourg Saint-Honoré, aujourd’hui (1889) monument expiatoire(10) ».
Ils ont le droit de reposer en paix. Gardons leur souvenir.
Les professions indiquées sont celles données par les accusés à l’interrogatoire du juge au tribunal révolutionnaire, Jean Hardouin, 26 floréal an II (11).
Précis historique de la draperie royale de Sedan, 1775.
Tableau de la draperie royale de Sedan.
Revue historique des Ardennes de Sénemaud.
Souvenirs sedanais d’Henri Rouy.
Histoire de Sedan de l’abbé Pregnon et du pasteur Peyran.
Souvenirs d’un vieux Sedanais de Charles Pilard.
Dictionnaire d’Hannedouche.
La terreur dans les Ardennes d’Henri d’Acremont.
Lettres de Levasseur se défendant d’être l’auteur de leur exécution(12)
A la citadelle de Besançon le 18 prairial an 3 de la République une et indivisible(13).
Levasseur, représentant du peuple, à ses collègues membres du comité de législation :
Dans la séance du 12 de ce mois, Gouly (14) m’a accusé d’être un des auteurs du massacre de Sedan et vous devez prononcer s’il y a lieu à accusation contre moi.
Je vous invite, citoyens collègues, à lire le rapport que j’ai fait imprimer et distribuer à la Convention, sur ma mission. Dans le département des Ardennes, vous verrez que je suis parti pour ce département avec un arrêté du Comité de Sûreté générale que je devais faire exécuter et qui portait l’arrestation des officiers municipaux de Sedan, désignés nominativement et leur envoy direct au tribunal révolutionnaire, sur la demande de plusieurs de ces citoyens ; je les envoyai au Comité pour s’y expliquer ; j’adressai au Comité et à l’accusateur public H. Despaux (ce nom est peu lisible) à la décharge de plusieurs. Je fis plus, j’envoyai un citoyen qui m’accompagnai par ordre du Comité pour défendre ces citoyens. Toutefois, il fit suspendre leur mise en jugement ; je donnerai les preuves de ce fait et produirai l’arrêté du Comité de Sûreté générale que je n’ai pas exécuté en totalité puisque je n’ai pas traduit directement au tribunal révolutionnaire.
J’étais chargé de l’exécution d’un autre arrêté qui mettait en liberté plusieurs citoyens dont quelques-uns peuvent être les auteurs de la pièce trouvée aux Jacobins, pièce dont je n’ai jamais eu connaissance et qui peut être faite antérieurement à ma mission.
J’ai une lettre du Comité qui, en approuvant mes opérations, m’invite à m’entourer des lumières de ces mêmes individus dénoncés aujourd’hui et que je ne connaissais point. Je n’ai fait que quelques voyages à Sedan. Je restais à Mézières. Tous ceux que j’ai fait arrêter dans ce département par les ordres du Comité de Sûreté générale ou sur des preuves matérielles, je les ai envoyés au Comité de Sûreté générale pour qu’il prononçat. Je n’ai envoyé aucun individu au tribunal révolutionnaire ni à aucun autre. Je n’ai point formé de commission militaire, ni levé de taxe révolutionnaire. J’ai mis peu de citoyens en arrestation, ni mis un plus grand nombre en liberté. J’avais même prévenu les deux Comités que je mettrais en liberté un très grand nombre de laboureurs et artisans détenus dans une maison d’arrêt pour fanatisme ou opinions politiques qui n’étaient pas des conspirations. Mes lettres sont aux Comités et mon travail était prêt lorsque la loi de nivose parut. Les autorités constituées étaient chargées de leur exécution.
La Société de Sedan devait 18 mille livres pour réparations dans la salle. Les mémoires étaient bien en règle et dus à des pauvres ouvriers ; après en avoir prévenu le Comité de Salut public, je donnai un mandat de cette somme payable à trois époques, l’employ devant être surveillé par les autorités constituées et mon arrêté envoyé au Comité qui pouvait le casser. Tout au plus, ils ont versé le premier payement, c’est à eux à en justifier l’emploi.
Vous êtes trop justes, citoyens collègues, pour m’accuser sans m’avoir entendu. Je demande à paraître devant vous. Tous mes papiers sont à Paris et j’espère me justifier pleinement devant vous. Vous ne voudrez pas donner la terrible prévention d’un décret d’accusation contre un de vos collègues qui n’aurait pas été entendu ou à qui vous n’auriez pas au moins communiqué les chefs d’accusation.
Ci-joint copie d’une lettre au Comité de Sûreté générale et de Salut public lue en ma présence le 1er floréal par Mathieu.
Levasseur.
Levasseur, représentant du peuple, à ses collègues membres du Comité de Sûreté générale et de Salut public :
Me traitera-t-on de buveur de sang, je n’ai jamais envoyé personne au tribunal révolutionnaire, ni à aucun autre. Je suis parti pour le département des Ardennes avec un arrêté du Comité de Sûreté générale qui me chargeait de l’arrestation et de l’envoy direct au Tribunal révolutionnaire des officiers municipaux de Sedan. Je les envoyai au Comité, où ils demandaient à paraître pour s’expliquer. Je fis plus, j’envoyai un de mes amis les deffendre : trois fois il a fait suspendre la mise en jugement et si les députés de ce département avaient voulu se réunir à lui, peut-être les aurait-on sauvés . Je donnerai la preuve de ce fait et de bien d’autres qui prouveront que je suis sans reproche sur ma mission dans ce département. J’ai trouvé dans le portefeuille de La Fayette des pièces intéressantes et relatives aux affaires du département des Ardennes et sous le scellé deux lettres d’un de mes collègues. Par amour pour la paix et l’union, je n’ai pas voulu les faire imprimer.
1
L’heure avance où je vais mourir
L’heure sonne la mort m’appelle
Je n’ai point l’âge de désir
Je ne fuirai point devant elle
Je meurs plein de foi plein d’honneur
Mais je laisse une douce amie
Dans le veuvage et la douleur
Ah je dois regretter la vie……………..bis
2
Demain mes yeux inanimés
Ne s’ouvriront plus sur ses charmes
Ses beaux yeux à l’amour fermés
Demain seront noyés de larmes
Le froid glacera cette main
Qui m’unit à ma douce amie
Je ne vivrai plus sur son sein
Ah je dois regretter la vie………….bis
3
Si j’ai fait dix ans ton bonheur
Ne va pas briser mon ouvrage
Donne un moment à la douleur
Garde le plaisir au bel âge
Qu’un aimable époux à son tour
Vienne rendre à ma douce amie
Des jours de paix, des nuits d’amour
Je ne regrette plus la vie………………bis
4
Je ne revolerai près de toi
Des lieux où la vertu sommeille
Je ferai marcher devant moi
Un songe heureux qui te réveille
Je reverrai la volupté
Ramener à ma douce amie
L’amour au sein de la beauté
Je ne regrette plus la vie…………..bis
5
Si le coup qu’on frappe demain
N’écrase pas mon triste père
Si malgré l’âge et le chagrin
Tu conserves ma tendre main
Ne les … point dans leur douleur
Reste à leur sort toujours unie
Qu’ils me retrouvent dans ton cœurv
Ils aimeront encore la vie……………...bis
6
Demain le peuple pour me voir
Dans cette charrette critique
Sans me connaître et sans savoir
Criera : vive la république
Ah je le souhaite comme eux
Pour le bien de ma douce amie
Mes enfants deviendront heureux
Je ne regrette plus la vie………….bis
7
Je n’appréhende pas la mort
Étant sûr de mon innocence
Si je subis ce fatal sort
Malgré le bon droit sans défense
Je meurs français vous me voyez
Victime de la tyrannie
Quelque jour vous reconnaîtrez
Le tyran qui m’ôte la vie………………bis
8
Fais ton devoir
Envers moi que rien ne t’arrête
Puisque le poison destructeur
T’ordonne de me trancher la tête
Les Français qui me survivront
Pourront dire à ma douce amie
Qu’innocent j’ai perdu la vie……..bis
9
Je meurs à la fleur de mes années
Le croiras-tu ma bonne amie
Je te plains, je plains mes enfants
J’aurais pour eux aimé la vie
De la nature et de l’amour
Je n’embrasse plus que l’image
Tout fuit, tout m’échappe en un jour
Je meurs pourtant plein de courage………bis
10
Quand je te faisais mes adieux
Mon aimable et tendre maîtresse
J’ai vu couler de tes beaux yeux
Des pleurs de regrets de tristesse
O souvenir cruel et doux
Qui me plaît et qui m’importune
Laissez moi, pourquoi venez-vous
Appesantir mon infortune…………bis
11
Nature, j’aime ta beauté
Toi seule est mon être suprême
Tu donnes la tranquillité
Que ravit l’esprit du système
Demain mon corps inanimé
Ne sera que froide matière
Demain j’aurai tout oublié
Demain je dors dans la poussière………..bis
1
Quoi, je vois donc mon tendre époux Quoique républicain sincère
Etre victime du courroux
D’une ambition sanguinaire
Par la loi, il fut en prison
Victime de la calomnie
Mais un jugement sans raison,
Le condamne à perdre la vie
2
Objet de mes tendres amours
Dix ans que nous sommes ensemble
Je ne puis te porter secours
Sur ton destin mon âme tremble
La loi juste te protégeait
Mais d’un monstre la tyrannie
Qui de tous les côtés frappait
Est cause que tu perds la vie………...bis
3
Mes enfants sont à mes côtés
Qui comme moi baignés de larmes
Ah mes chers enfants vous perdrez
Un père pour moi plein de charmes
Il vous aimait, il m’adorait
Mon sort est tout digne d’envie
Nous ne le verrons plus c’est fait
Ah cher époux tu perds la vie…………bis
4
Ah si je n’avais d’enfants
Je ne voudrais pas te survivre
Je consolerai tes parents
Tes conseils je ne veux pas suivre
Tu me dis de prendre un époux
Ah sans toi tout homme m’ennuie
Peut-on goûter des moments doux
Quand ce qu’on aime perd la vie…….bis
5
Si tu meurs avec fermeté
Loin de toi la douleur m’accable
Ah si tu l’avais mérité
Mais tu meurs sans être coupable
Quoi tu ne me dira donc plus
Ah je t’aime ma douce amie
Sans crime et malgré tes vertus
Ah cher époux tu perds la vie…………bis
6
Cher époux malgré ton trépas
Tu vivras toujours dans mon âme
Je penserai que dans tes bras
De ton cœur je sentais la flamme
Tant que je vivrai mes enfants
Ne pense pense pas que t’oublie
Quand l’âge les rendra grands
Je ne regrette plus la vie…………….bis
Jacques Joseph René Louis est né à Laon, le 23 mars 1912, il a épousé Simonne Dordor à Hanoï, le 27 mars 1940. Simonne était née à Brest en 1923, le 2 mai. Elle avait donc 16 ans le jour de son mariage. Pour nous, ils n'étaient pas Jacques et Simonne, mais Papa et Maman ou père et mère. Ils ont eu sept enfants, trois filles quatre garçons.
1. Monique née à Hanoï le 9-2-1941
2. Michèle née à Hanoï le 25-1-1942
3. Alain DESROUSSEAUX né à Hanoï 4-5-1943
4. Philippe DESROUSSEAUX, né à Saïgon le 1-7-1944
5.Jean-Claude DESROUSSEAUX (voir onglet Martine et Jean-Claude)
6. Nicole DESROUSSEAUX née à Saint-Jean-de-Luz 6-2-1948
7. Jacques DESROUSSEAUX né à Paris 7ème 15-5-195
Nous nous sommes mariés le 10 septembre 1977 à Saint-Floret en Auvergne, ville dont François Peron, le père de Martine était maire. Martine avait 20 ans naissance le 26-11-1956 à Issoire ) et J'avais 30 ans (naissance le 28-10-1946 à Saint-Jean-de-Luz). Elle travaillait dans une entreprise de roulements à billes de Lyon, et, huitième d'une famille de neuf enfants, était fort bien préparée à sa mission de mère au foyer qui, à cette époque lointaine, ne manquait ni de noblesse ni d'intérêt. Elle est une femme d'intérieur hors pair, profession non répertoriée et non rémunérée, qui constitue la richesse première de la famille. Après mes plus belles années d'officier comme lieutenant chef d'équipe de recherche aéroportée au Treizième Régiment de Dragons Parachutistes, je m'apprêtais à réorienter ma carrière vers l'Intendance Militaire, qui allait devenir le Commissariat de l'Armée de Terre. J'ai été placé en deuxième section des officiers généraux en 2004.
La famille a déménagé plus d'une dizaine de fois, avec cependant plusieurs retours sur Paris ou Lyon. Au début les vacances se passaient aux Hors, chez les parents de Martine, ou à Saint-Jean-de-Luz, chez Grand-Père et Mamie. A la naissance de Marie-Caroline, nous avons acheté une ferme en très mauvais état à la Chapelle-sur-Usson (63580). Les enfants ont grandi et ont fait leur vie...
Laurent Carron de la Morinais et Virginie se sont mariées le 14 mai 2005, au Vernet la Varenne, Nicolas et Marie de Lazzer le 27 juin 2009 à Paray-le-Monial, Marie-Caroline et Romain Berchoux, le 22 novembre 2014 à Saint-Clair, Enguerrand et Marion Mounier, le 2 novembre 2019 à Riotors.
Madeleine Carron de la Morinais est née le 11 juillet 2006 à Cherbourg et à été baptisé dans cette cité le 2 décembre de la même année.Elle a fait sa première communion.
Clément Rivoire, fils de Marie-Caroline, est né le 1er août 2007 à Lyon. Il a été baptisé à la paroisse Saint-Bruno-les-Chartreux à Lyon.
Joachim Carron de la Morinais, est né le 19 juillet 2008 à Avignon et a été baptisé par immersion en l'église Saint-Agricole le 2 août 2008. Il a fait sa première communion.
Ambroise Carron de la Morinais, est né le 28 janvier 2010 dans la cité des Papes. Il a été baptisé par immersion le 21 février de la même année en l'église Sant-Symphorien d'Avignon.
Marie-Liesse Carron de la Morinais est née le 2 novembre 2011. Elle a été baptisée à Avignon.
Héloïse Kemurian, fille d'Amélie-Marie, est né le 5 octobre 2013. Elle a été baptisée à Plats.
Léandre Kemurian, fils d'Amélie-Marie, est né le 17 octobre 2014. Il a été baptisé à Plats.
Domitille Carron de la Morinais est née le 15 janvier 2015. Elle a été baptisée le 8 février 2015, à Notre-Dame-du-Voeu à Cherbourg.
Mathilde Berchoux est née le 29 novembre 2019.
Andeol Durpoix, fils d'Amélie Marie et de Morgan Durpoix, est né le 2 décembre 2019 à Valz-les-Bains.
Éléanore Desrousseaux fille de Marion Mounier et d'Enguerrand Desrousseaux est née le 12 juillet 2020 à Saint-Just--Saint-Rambert, près Saint-Étienne.
Abigaëlle Desrousseaux, sa sœur, est née le 13 mars 2024 à Saint-Étienne et a été baptisée à la Fouillouse le 15 juin 2025.














